Le 3 mars dernier, lors d’une conférence de presse à Fredericton, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) s’est ouvertement prononcé en faveur de la tenue d’une commission d’enquête sur les liens entre l’industrie de la construction et le gouvernement de la province.
Le quotidien Acadie Nouvelle rapportait ainsi les propos de M. Andy Hardy, président de la section locale 1190 du SCFP : « Pour nous débarrasser une fois pour toutes des politiques douteuses et de l’aide sociale aux entreprises, nous devons avoir notre propre commission Charbonneau au Nouveau-Brunswick ».
D’après M. Hardy, les politiques budgétaires du ministre des Finances Robert Melanson n’ont rien avoir avec de quelconques économies.
Lors de l’annonce du dernier budget provincial, M. Melanson a présenté une réorganisation importante du ministère des Transport afin que les fonctions non-essentielles du ministère puissent être assurées par le secteur privé.
Le SCFP a demandé au gouvernement de stopper ses projets de réorganisation en attendant les éventuels travaux de la vérificatrice générale, Mme Kim MacPherson.
Selon les estimations du SCFP, 277,5 postes, incluant 187 postes à temps partiels, seraient abolis. Les secteurs de l’entretien des véhicules, des panneaux routiers et du marquage de la chaussée seront les plus touchés.
M. Joey Kelly, secrétaire-trésorier du syndicat, a mentionné que les entreprises de construction font souvent des dons considérables aux partis politiques. La loi provinciale du Nouveau-Brunswick, contrairement à la loi fédérale, permet aux entreprises et aux syndicats de faire des dons aux partis politiques.
Cela a également été relevé par M. Tom McGinn, directeur général de l’Association des constructeurs de routes et de construction lourde. Selon lui, les dons aux partis politiques ne sont qu’une façon pour les membres de l’Association, comme pour tous les Néobrunswickois, de « soutenir leur gouvernement. Ils ne cherchent pas à obtenir des faveurs politiques. »
M. McGinn mentionne que le système d’appel d’offres public empêche le favoritisme dans la distribution des contrats. De plus, M. McGinn affirme que l’entreprise privée est plus efficace et productive, ce qui lui permet de faire un meilleur travail. Il ne s’oppose toutefois pas à une enquête de la vérificatrice générale.
M. Kelly pour sa part soutient, tel que rapporté par Radio-Canada, que « pour travailler sur les véhicules, comme les camions et les voitures, ça coûte à peu près 42 $ l'heure pour qu'on le fasse. La maintenance, toutes les réparations. Puis, dans le privé, ça coûte près de 95 $ l'heure »,
Jeff Car, porte-parole de l’opposition en matière de transport, appuierait une enquête de la part de Mme MacPherson, affirmant cependant que M. Melanson n’a donné aucune raison de croire que le secteur privé permettrait de réaliser des économies.
David Coon, chef du Parti Vert, soulève des craintes que la privatisation puisse servir de récompense aux amis politiques du gouvernement. Il souligne également les préjugés que semble démontrer le Parti libéral à l’égard des emplois du secteur public.
Dans une réponse envoyée par courriel à l’Acadie Nouvelle, Mme MacPherson écrit que les demandes reçues à son bureau sont confidentielles, mais qu’elles sont étudiées et conservées dans l’éventualité de travaux futurs.
Source : Acadie Nouvelle, 3 mars 2016
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