Énergie Est menace l’eau potable de plus de 5 millions de Canadiens

2016/04/07 | Par Rania Massoud

Un nouveau rapport montre que le projet de pipeline Énergie Est met en danger d’importantes sources d’eau potable à travers le Canada, dont une majorité au Québec, non-identifiées dans l’application soumise par la pétrolière TransCanada à l’Office national de l’énergie. Plus de 5 millions de personnes à travers le Manitoba, l’Ontario, le Québec et le Nouveau-Brunswick puisent leur eau potable de sources situées à proximité et en aval du tracé proposé d’Énergie Est. La sortie de ce rapport survient quelques jours après l’annonce d’un nouveau déversement sur le pipeline Keystone de TransCanada aux États-Unis.

« La protection de l’une de nos ressources les plus précieuses – l’eau potable – doit primer sur l’exportation du pétrole sale », affirme Dale Marshall d’Environmental Defence . « Une seule rupture dans l’une des localités vulnérables identifiées sur le tracé proposé du pipeline Énergie Est pourrait contaminer les sources d’eau potable pendant plusieurs années. Les Canadiennes et les Canadiens ne devraient pas avoir à sacrifier leur eau potable au profit des compagnies pétrolières ».

Des sources d’eau dans plus de 24 régions municipales de quatre provinces sont directement affectées par les risques posés par Énergie Est qui, s’il est construit, traverserait près de 3 000 plans d’eau. S’il est approuvé, le pipeline transporterait du bitume dilué de sables bitumineux qui, selon l’Académie nationale des sciences (National Academy of Sciences) des États-Unis, causerait des dégâts environnementaux majeurs en cas de déversement.

« Construire Énergie Est équivaudrait à jouer à la loto-pétrole où l’eau, de même que la santé des populations, seraient les grands perdants, dit Patrick Bonin de Greenpeace. S’il se réalise, le mégaprojet de pipeline d’exportation de TransCanada menacera l’eau potable de millions de personnes pendant 40 ans alors que la science nous dit qu’il faut s’affranchir du pétrole d’ici 2050! Énergie Est est une aberration totale! ».

Le rapport - intitulé Énergie Est : une menace à l’eau potable - montre l’ampleur du danger posé par le projet de pipeline sur les sources d’eau potable à travers le pays. D’autres études avaient déjà mis en garde contre les risques qu’engendrerait le pipeline pétrolier à haute pression sur l’eau au Canada, mais sans l’appui de données probantes aussi alarmantes.

« Considérant la taille du projet Énergie Est, une rupture majeure risque d’engendrer le déversement pétrolier le plus dévastateur de l’histoire du Canada, souligne Steven Guilbeault, directeur principal d’Équiterre. Le bitume dilué coule au fond des rivières et des lacs et colle à tout ce qu’il touche, rendant ainsi les opérations de nettoyage quasi-impossibles. Énergie Est ne vaut tout simplement pas le risque ».

Le rapport met également en évidence les données du Bureau de la sécurité des transports du Canada, qui révèlent qu'il y a eu 71 fuites sur la portion canadienne du système d'oléoducs Keystone de TransCanada entre juin 2010 et février 2012.

 

Le projet de pipeline Énergie Est en chiffres :

  • Nombre de personnes vivant dans des zones menacées par un potentiel déversement : 5 061 433

    • Manitoba 676 613

    • Ontario 1 040 788

    • Québec 3 213 353

    • Nouveau-Brunswick 130 679

  • Taille totale du pipeline – 4 600 km

    • 3 000 km – Ancien gazoduc converti

    • 1 600 km – Canalisation neuve

  • 1,1 million de barils par jour

  • Plans d’eau traversés – 2 963

Ce rapport a été coproduit par Environmental Defence, Transition Initiative Kenora et le Conseil des Canadiens, en collaboration avec le Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick, Équiterre, Greenpeace Canada, Northwatch et la coalition Manitoba Energy Justice.

Pour télécharger le rapport, cliquez ici : http://DrinkingWateratRisk.ca