Le Bloc Québécois vient de remporter une importante victoire pour les personnes les plus démunies parmi les 65 ans et plus.
La pauvreté chez les personnes âgées n’est pas une vue de l’esprit. Pas moins de 20 % des aînés vivent sous le seuil de la pauvreté au Canada.
À la suite d’une enquête que nous avons commandée à Statistique Canada et rendue publique au début du mois de juin, le gouvernement fédéral a concédé l’inscription automatique des personnes de 65 ans au Supplément de revenu garanti (SRG). Cette inscription devrait se faire d’ici 2018.
Près de 450 000 aînés, parmi les moins bien nantis, recevront alors une prestation à laquelle ils ont droit, mais qu’ils ne recevaient pas, faute d’en avoir fait la demande en raison d’une multitude de facteurs (difficulté à naviguer à travers la paperasse, ignorance de l’existence du programme, problèmes de vue ou de lecture, etc.).
Les femmes sont les plus touchées, puisqu’elles reçoivent les deux tiers des montants consentis au SRG.
Nous sommes fiers de ce gain, mais l’inscription automatique au SRG n’est qu’un élément parmi tout un éventail de mesures que le Bloc cherche à faire appliquer depuis quinze ans pour l’amélioration des conditions de vie des aînés.
Des programmes inadaptés
Les aînés sont au cœur de nos préoccupations, de nos programmes et de nos combats. Les gouvernements fédéraux, qui se succèdent, ont beau être plus généreux ou plus chiches, ils ont tous un point commun : leurs mesures ne correspondent pas au quotidien des personnes âgées.
Nous menons donc plusieurs combats parallèles pour que ces personnes reçoivent un service relié à leurs besoins. Le premier était la bonification du SRG, que nous avons obtenue en 2011, puis à nouveau en 2016. Le second étant l’inscription automatique au programme, que nous venons tout juste de soutirer au gouvernement.
Mais les personnes lésées attendent des gestes concrets du fédéral depuis trop longtemps. Nous exigeons la pleine rétroactivité des paiements qu’auraient dû recevoir les personnes ayant droit au SRG et ne le recevant pas.
Nous constatons aussi que le fédéral manque de compassion pour les aînés qui vivent un deuil. Il ne démontre pas la jugeote nécessaire pour réaliser qu’un couple, ce n’est pas que deux individus, mais bien un ensemble.
Or, en cas de décès, les prestations du défunt ou de la défunte sont immédiatement coupées et le conjoint survivant doit ajouter les tracas financiers aux difficultés du deuil. Nous maintiendrons la pression et nous nous battrons pour que le SRG et la pension de vieillesse continuent d’être versés aux conjoints endeuillés. C’est une simple question de dignité.
Le fédéral a aussi des problèmes d’efficacité avec le calendrier des versements des prestations aux aînés, qui devrait mieux cadrer dans les habitudes des gens. Après avoir été salariés toute leur vie, il nous semble juste que les aînés puissent demander à recevoir leurs prestations aux deux semaines s’ils le désirent, plutôt que chaque mois.
Ce ne sont là que quelques exemples de l’égarement du fédéral lorsqu’il est question d’améliorer les conditions de vie de nos aînés. Ce sont des mesures peu coûteuses, des solutions plutôt simples et logiques.
L’intervenant de trop
S’il y a bien une chose que j’ai pu constater depuis mon arrivée à Ottawa, c’est la distance entre le gouvernement fédéral et les gens. L’insensibilité des gouvernements successifs dans le dossier des aînés en est un exemple probant.
Pour régler un problème, il faut être assez proche des gens pour constater les ratés du service qu’on leur offre, et il faut faire de leur bien-être une réelle priorité.
Ottawa n’arrive pas à livrer la marchandise. C’est normal, car il ne livre pratiquement pas de services, que de la prise de décisions. C’est vers l’Assemblée nationale que les Québécoises et les Québécois se tournent lorsqu’ils espèrent obtenir un meilleur service de la part du gouvernement. Ils y sont plus habitués puisque l’écrasante majorité des dossiers qui touchent quotidiennement les gens sont de compétence provinciale.
Le gouvernement fédéral, quant à lui, ramasse la majeure partie de l’assiette fiscale pour la redistribuer selon ses orientations dans le cadre de plans mur-à-mur qui ne tiennent pas compte des différences de besoins et d’orientations entre régions et nations.
En résultent la multiplication des doublons administratifs, des programmes gouvernementaux inadaptés, ainsi qu’un sentiment d’incompréhension de la part des personnes lésées par les moins bons coups d’Ottawa.
Bon an, mal an, peu importe le parti au pouvoir, le vrai gouvernement des Québécoises et des Québécois est à Québec. Il est plus que temps que nous nous donnions les moyens de nous occuper convenablement de notre monde.
L’auteure est députée du Bloc Québécois