Une polémique a éclaté hier au procès en diffamation intenté par les Écoles musulmanes de Montréal contre l’écrivaine Djemila Benhabib entre l’avocat de la partie demanderesse et les journalistes chargés de couvrir les audiences.
L’avocat des Écoles musulmanes de Montréal, Me Julius Grey, a refusé que la presse ait accès à des documents, pourtant déposés en preuve – donc publics - qui faisaient état de commentaires, présumément rédigés par une ancienne élève de l’école, sur un site de soutien à Mme Benhabib. L’un des commentaires adressé à Djemila Benhabib affirmait : « Le GIA aurait dû te liquider avant que tu mettes les pieds ici, connasse! »
Le Groupe islamique armé (GIA) était une organisation paramilitaire dont le but était de renverser le gouvernement algérien, lors de la décennie noire des années 90, pour faire de l’Algérie un pays islamique.
La présumée auteure de ces lignes, appelée à témoigner hier, a catégoriquement nié, malgré son nom au-dessus de la citation, qu’elle était l’auteur de ces lignes à caractère haineux. Elle a de plus, à plusieurs reprises, affirmé que les pages Facebook qui portaient son nom (et dont l’une avait pour entête le drapeau de l’État islamique) ainsi que sa photo, n’étaient pas d’elle. Elle a affirmé à la cour qu’elle avait été piratée à plusieurs reprises à cette époque et que l’on avait usurpé son identité. Elle n’a pu cependant expliquer à l’avocat de Mme Benhabib, Me Marc-André Nadon, pourquoi elle n’avait pas porté plainte pour ces piratages.
À la fin de ces audiences, Me Grey s’est opposé avec virulence à ce que ces éléments du procès soient rendus public, estimant au grand dam des journalistes, qu’ils n’étaient pas pertinents à la cause, puisque son témoin avait nié en être l’auteur.
Par ailleurs, l’avant-midi avait débuté avec la suite du témoignage de M. Ahmed Khébir, président du conseil d’administration des Écoles musulmanes de Montréal. Ensuite les témoins convoqués par l’institution privée d’enseignement ont défilé à la barre pour affirmer, à tour de rôle, l’excellence de l’école et pour exprimer leur désaccord avec les propos tenus par Djemila Benhabib, lors de son entrevue à l’émission de Benoît Dutrizac au 98,5 FM, en février 2012.
D’autre part, un témoin demandé à la dernière minute par l’avocat des Écoles musulmanes, Me Julius Grey, a fait l’objet d’une objection de Me Marc-André Nadon, l’avocat de Djemila Benhabib. La juge qui entend la cause, l’honorable Carole Hallée, a donné raison à Me Nadon en refusant que témoigne une sociologue, Stéphanie Tremblay, et que soit déposé en preuve un chapitre de son ouvrage consacré aux écoles musulmanes.
La juge Hallée a estimé que la partie demanderesse n’avait pas respecté la procédure et que le témoignage annoncé de Mme Tremblay n’était pas pertinent à la cause.
Le dernier témoin entendu, Kathy Malas, orthophoniste à l’Hôpital Sainte-Justine, vice-présidente du Forum musulman de Montréal et ancienne élève des Écoles musulmanes, connue pour sa défense du port du voile islamique et de la laïcité ouverte, a d’abord nié avoir qualifié Djemila Benhabib d’islamophobe mais elle a dû, par la suite, se rétracter lorsque Me Nadon lui a présenté un article de la revue Châtelaine dans lequel elle affirmait que Djemila Benhabib tenait des propos islamophobes.
Les audiences reprendront mercredi matin au Palais de Justice de Montréal avec le témoignage très attendu de la militante laïque et féministe Djemila Benhabib.
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