En 1976, je n’avais que sept ans… Mes souvenirs sont donc un peu flous mais, quand même, je me souviens très bien du sentiment d’exaltation et d’effervescence qui flottait dans l’air, le 15 novembre au soir.
Le Parti Québécois formait son premier gouvernement. Et ce gouvernement, dans la tête de ceux et celles qui l’avait élu – et aussi dans celle de ses farouches opposants, d’ailleurs – allait faire du Québec un pays. L’indépendance était la raison première de la création du parti, il allait de soi que ce serait la priorité.
Bien entendu que les électeurs souhaitaient un bon gouvernement… et ils l’ont eu! Ce premier mandat du PQ fut d’une richesse extraordinaire. Dans le droit fil de ce qui avait été entrepris par le gouvernement de Jean Lesage, le Québec s’est transformé en véritable État moderne, efficace, au service de ses citoyens.
Mais ce qui avait porté le PQ au pouvoir, c’était d’abord et avant tout la volonté d’amener le Québec à sa juste place sur l’échiquier mondial. L’indépendance était – et demeure aujourd’hui – la plus grande force de mobilisation.
Je me souviens très clairement de la victoire de 1994 et du retour du PQ au pouvoir, avec Jacques Parizeau à sa tête. Pour la seconde fois de son histoire, le PQ renversait un gouvernement libéral. Pour la seconde fois, le PQ se faisait élire en promettant de faire un pays!
En 1981, le parti s’est maintenu au pouvoir. Plusieurs avancent que c’était une façon pour la population de se faire « pardonner » le « non » de 1980… Mais en promettant de ne pas faire de référendum, le gouvernement de René Lévesque a abandonné tout rapport de force face au Canada.
Le rapatriement unilatéral de la Constitution en 1982, cette ignominie commise contre le Québec par Trudeau père, nous le rappelle cruellement. On peut aisément présumer que jamais le Canada n’aurait osé poser ce geste d’affront si le Québec n’avait pas cadenassé la possibilité de faire un référendum.
J’ai une lecture de la défaite de 2014 qui est partagée par beaucoup d’autres militants indépendantistes et qui est appuyée par des chiffres. Je prends, comme exemple, mon comté de Vachon : pas moins de 3000 sympathisants indépendantistes ne sont pas sortis voter. Même chose dans Chambly et dans plusieurs comtés.
Pourquoi ce manque d’enthousiasme? Pourtant, on avait senti un vent d’enthousiasme se lever avec l’arrivée de Pierre-Karl Péladeau qui venait en politique avec un seul et unique but : faire du Québec un pays.
Mais quand, quelques jours plus tard, cette porte a été fermée avec le « il n’y aura pas de référendum tant que les Québécois ne seront pas prêts », c’est tout l’enthousiasme, et donc toute la campagne, qui a décliné.
Même quand il promet de ne pas faire un référendum, le Parti québécois demeure un parti souverainiste. Il perd alors sur les deux fronts : on ne convainc pas les fédéralistes, bien entendu, et on décourage les indépendantistes qui vont ailleurs ou restent chez eux.
Les prochaines années seront déterminantes pour le Québec, mais aussi pour la planète. Les défis qui nous attendent en matière de réchauffement climatique et de protection de l’environnement sont colossaux.
Nous avons la possibilité d’avoir une influence déterminante sur la suite des choses. Nos énergies vertes et nos avancées technologiques en électrification des transports font du Québec un joueur important.
Mais qu’arrivera-t-il quand – et ce n’est pas un « si » mais bien un « quand » – le gouvernement de Trudeau fils donnera son accord pour que le pipeline de pétrole bitumineux d’Énergie est traverse notre territoire?
Nous aurons beau crier notre indignation, reprocher au gouvernement de Trudeau d’être une copie de celui de Harper, si l’indépendance n’est pas au menu, nous n’aurons aucun levier, aucun argument de négociation, aucune alternative à offrir pour empêcher ce désastre anticipé. Sans l’indépendance, nous nous retrouverons pieds et poings liés.