Le gouvernement Couillard : de l’austérité à l’environnement saccagé

2017/02/06 | Par Paul Bibeau

L’auteur est éducateur en santé mentale à la retraite et membre du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec

Revenons deux ans en arrière pour bien comprendre l’étendue des torts qu’a causés le parti Libéral à la population du Québec. Ce parti, qui n’a jamais eu le mandat de couper dans les services sociaux, a justifié les mesures dites d’austérité qu’il a mises en place dans les réseaux de la santé et de l’éducation et dans tous les services à la population en promettant qu’elles mèneraient le Québec à l’équilibre budgétaire sans mettre en danger les services sociaux.

On connaît la suite : les conséquences de ces coupures ont été dramatiques pour la classe moyenne et pour les plus pauvres de notre société. En réorganisant le système de santé et en adoptant sous le bâillon la loi 10, le gouvernement a fragilisé un réseau déjà mis à mal par les coupures et autres remaniements antérieurs.

Il a en outre placé les organisations syndicales sur la défensive, et le maraudage qui a débuté entre les centrales lui permettra de ne pas être importuné par celles-ci pendant un bon moment. Il pourra ainsi mettre en œuvre son plan bien établi, soit une privatisation beaucoup plus grande de notre réseau public.

L’exemple des garderies est à ce titre très éloquent : depuis les coupures dans le réseau des CPE, le privé a le vent dans les voiles. Tous les réseaux de solidarité mis en place partout au Québec s’en trouvent fragilisés. Pour mieux saisir l’ampleur des coupures et de leurs effets dans les services publics, je vous invite à consulter le rapport annuel 2015-2016 du protecteur du citoyen[i].

Ce gouvernement utilise les mêmes méthodes dans le dossier de l’environnement. Dans le cas d’Énergie Est, il suspend le BAPE qui avait débuté au printemps passé en assurant qu’il va se conformer à ce qu’exige la législation québécoise sur l’environnement (après y avoir été contraint par le CQDE).

Par la suite, il modifie le mandat du BAPE en excluant l’évaluation des gaz à effet de serre ainsi que les retombées économiques du projet, qu’il confie au Conseil du trésor. Par ailleurs, l’Assemblée nationale étudie en ce moment le projet de loi 102, qui diminue les pouvoirs du BAPE et donne ainsi aux instances fédérales plus de pouvoir dans notre juridiction provinciale. Cette stratégie vise évidemment à favoriser le projet de pipeline Énergie Est.

À cet égard, le RVHQ (Regroupement vigilance hydrocarbures Québec) et le CQDE (Centre québécois du droit de l’environnement) ont produit chacun un mémoire sur la loi 102 et les dangers qu’elle représente.

Le fait que le gouvernement se présente devant l’Office national de l’énergie (ONÉ) sans avoir tenu de BAPE sur son territoire en dit long sur la stratégie libérale. Il modifie les lois afin de contourner l’opposition citoyenne qui ne cessse de grandir contre ce projet qui menace la sécurité de nos terres et de nos cours d’eau.

Appuyé par des firmes d’avocat et les lobbyistes des compagnies pétrolières telles que TransCanada, le gouvernement Couillard déjoue la démocratie et affaiblit nos institutions, qui devraient être là pour défendre l’intégrité du territoire québécois.

Cette stratégie va favoriser une multinationale qui n’a aucun souci de notre sécurité. Encore une fois, les Libéraux favorisent l’industrie privée au détriment du bien commun.

Le gouvernement a utilisé la même stratégie dans le dossier de l’exploitation des hydrocarbures en adoptant sous le bâillon la loi 106 au mois de décembre. Le chapitre 4 de cette loi doit encadrer l’industrie des hydrocarbures.

Les partis d’opposition, soutenus par le Front commun pour la transition énergétique, ont proposé de scinder ce projet de loi afin de prendre le temps de discuter en profondeur des risques de se lancer à nouveau dans l’exploitation des hydrocarbures et particulièrement des gaz de schiste. Mais la proposition a été rejetée.

La règlementation afférente, qui sera édictée par le Conseil des ministres, va donc échapper à l’analyse de l’Assemblée nationale. Encore une fois, on va offrir sur un plateau d’argent notre sous-sol aux compagnies pétrolières qui n’auront pas à donner d’informations quant aux produits qu’elles vont utiliser pour extraire le gaz de schiste et polluer à leur guise nos terres et nos eaux.

Dernièrement, plusieurs centrales syndicales ont rejoint le Front commun pour la transition énergétique, qui regroupe plus de 50 organismes opposés aux projets d’exploitation des hydrocarbures en sol québécois et qui veulent une vraie transition énergétique.

Il est plus que temps qu’on oppose à ce gouvernement un mouvement citoyen fort afin de stopper la privatisation de nos institutions et de notre territoire. Levons-nous contre ce gouvernement qui ne respecte pas nos droits démocratiques.

Proposons d’autres solutions beaucoup plus durables qui nous permettront de créer des emplois à long terme et de préserver la qualité de vie des générations qui vont nous suivre. Impliquons-nous activement pour que les choses changent.