Abolir la monarchie serait un acte particulièrement puissant pour souligner le 150e anniversaire du pays. Le 10 janvier, La Presse a publié le texte d’Yves Boisvert : « Un projet du 150e anniversaire : abolir la monarchie ». Il proposait cette abolition pour ce 150e anniversaire. « Il faut vraiment qu'un pays ait un imaginaire politique pauvre pour s'accommoder d'un souverain étranger comme chef d'État », affirmait-il à ce sujet en terminant sur une phrase lapidaire. « Vous en cherchiez, un projet du 150e anniversaire? Il est là... »
Il faut bien se rendre compte en ce début mai 2017 et en pleine diffusion de « The Story of Us » qu’il avait raison. Accepter d’être sujet d’une monarchie d’un autre pays divise actuellement les citoyens d’ici.
De façon générale, 70 % des Québécois et 40 % des Canadiens en général voudraient se débarrasser du lieutenant-gouverneur et du gouverneur général. Or si on le rattache aux nationalistes québécois, ce devrait être un projet fédéraliste et démocratique que d'abolir la monarchie.
Justin Trudeau n’arrête pas de dire que le Canada est une démocratie. C’est pourtant une reine qui est chef d'État. Dans un État de droit, il est anachronique de croire que le pouvoir se détermine à la naissance. Il est pourtant écrit noir sur blanc dans la Loi constitutionnelle de 1867 qu’il y a au Canada, un parlement composé de la Reine, d'une chambre haute appelée le Sénat, et de la Chambre des Communes.
Le système politique du Canada est une monarchie constitutionnelle. Le chef d'État est donc un monarque nommé en fonction de l'hérédité qui partage ses pouvoirs avec un chef de gouvernement. Que les citoyens le veuillent ou pas, le monarque et chef d'État du Canada est actuellement la Reine Elizabeth d’Angleterre.
Ceux qui disent que la fonction constitutionnelle de la monarchie est essentiellement symbolique devraient se souvenir que la gouverneure générale Michaëlle Jean a déjà utilisé la prérogative royale de proroger le Parlement. Alors que Stephen Harper était confronté à un vote de confiance, elle a prorogé le parlement le 8 novembre 2008, ce qui n’est pas très démocratique.
Un an plus tard, le 30 décembre 2009, elle donnait aussi raison au premier ministre et a encore prorogé le Parlement parce que le gouvernement protégeait l’armée de possible accusation venant d’audiences parlementaires pour déterminer si les Afghans qu’ils avaient capturés avaient été torturés par ceux à qui ils les avaient remis. Si la Cour suprême récupérait tous les pouvoirs actuels de la Reine et du gouverneur général, le pays ne s’en porterait que mieux.
De plus, le Canada est maintenant peuplé majoritairement de gens qui ne sont pas d'origine britannique et qui n'ont aucun attachement au Royaume-Uni. En septembre 2012, le député néodémocrate dans la circonscription de Chicoutimi-Le Fjord, Dany Morin, qualifiait de « relique coloniale », le poste de lieutenant-gouverneur du Québec.
Selon lui, la monarchie ne servait qu'à « pomper le plus d'argent des contribuables possible ». Il se plaignait que 3,7 millions de dollars de fonds publics aient servi à produire les médailles du jubilé. Patrimoine canadien doit financer les tournées royales. Ce sont donc les citoyens qui paient les tournées des ducs qui coutent plusieurs millions de dollars pièce quand ils visitent le pays. Si les citoyens du Royaume-Uni ont pu voter pour un Brexit pourquoi ceux du Canada ne pourraient-ils pas avoir un Canexit?