Au matin du 24 mai dernier, les marteaux se sont tus. Le marathon de négociation nocturne entre le patronat et l'Alliance syndicale n'a pas donné de résultats. La grève de la construction a débuté à l'aube.
Les votes de grève, qui ont commencé cet hiver, ont permis à l’Alliance de se doter de mandats de grève à plus de 95 %. Les conventions collectives sont échues depuis le 30 avril dernier.
Les syndicats revendiquent la négociation de clauses rétroactives dans les conventions collectives, ainsi que l’application de mesures contre les briseurs de grève.
L'industrie de la construction a une particularité. Lorsque les différents camps concluent une convention collective, les augmentations de salaire qui sont obtenues ne sont pas rétroactives à la date d'échéance de la convention collective, contrairement aux autres secteurs d'activités. Il s'ensuit une perte de salaire qui peut être importante pour les ouvriers. Ainsi, les parties patronales n'ont pas intérêt à conclure rapidement une entente de principe, puisqu'elles économisent en salaires.
La revendication syndicale d'être couvert par les dispositions de la loi anti-briseurs de grève du Code du travail éliminerait les tensions sur les chantiers lorsqu'il y a grève. Ainsi, il n'y aurait plus de «vidage» de chantiers pour expulser les «scabs».
La partie patronale exige une flexibilité dans les horaires. Ainsi, ce qui pourrait arriver à un travailleur, c’est qu’il commence à 5 h le lundi, et que dans le courant de la journée, l’employeur lui annonce que mardi il commence à 11 h, puis que mercredi, il débute sa journée à 9 h. De plus, s'il y a une journée de pluie dans la semaine, cette journée sera reprise le samedi suivant, payée en temps simple.
La flexibilité des horaires de travail est inacceptable pour les travailleurs de la construction. Elle rendrait la conciliation travail-famille difficile, car cela poserait un problème dans la planification d'une activité en famille durant les fins de semaine. Les travailleurs demandent d'avoir le même horaire de travail sur une période de cinq jours consécutifs.
L'industrie de la construction est divisée en quatre secteurs d'activités, soit le secteur institutionnel et commercial, le secteur génie civil et voirie, le secteur résidentiel et le secteur industriel. Chaque secteur a sa propre convention collective, mais partage des clauses communes portant sur la sécurité syndicale, la représentation syndicale, la procédure de règlement de griefs, les régimes de retraite et d'assurances.
Les cinq organisations qui forment l'Alliance syndicale sont la FTQ-Construction, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction, le Syndicat québécois de la construction, la CSD-Construction et la CSN-Construction qui, ensemble, représentent les 175 000 ouvriers de l'industrie au Québec dans les quatre secteurs d'activités.
Photo : CSN-Construction
Du même auteur
2022/01/07 | L’empire Bolloré en France |
2021/03/05 | Le goût du vrai |
2021/01/29 | Accueil Bonneau : Accueil ou écueil ? |
2019/01/15 | Les soldats ne sont plus de plomb |
2018/12/03 | La réponse des Franco-Ontariens : Nous sommes! Nous serons! |