L’auteure est chef du Bloc Québécois.
Au moment d’écrire ces lignes, le référendum a eu lieu, plus de 2 260 000 personnes ont voté, le Oui l’a remporté avec 90 % des suffrages et un taux de participation de plus de 42% et nous sommes en attente de la suite des choses.
Le 1er octobre dernier, l’Espagne a brutalisé la population catalane, l’Espagne a brutalisé la démocratie. J’y étais. Un homme m’a expliqué comment un policier avait cassé les doigts d’une de ses amies. J’ai vu les images de personnes sur qui on frappait à coups de pied alors qu’elles étaient au sol. D’autres qu’on tirait par les cheveux pour les sortir des bureaux de vote. Des urnes arrachées des mains de scrutateurs, des listes électorales déchirées. Une honte pour un pays qui se disait démocratique.
Ce que j’ai vu aussi, surtout, c’est un peuple qui refusait de répondre à cette violence par autre chose que son pacifisme déterminé, fier. Des gens de tous les âges qui ont fait des chaînes humaines pour protéger l’accès aux locaux où se déroulait le vote, qui se sont regroupés pour protéger les urnes une fois le vote terminé. Des familles entières qui avaient passé la nuit dans les écoles afin d’éviter leur fermeture le matin venu.
Un contraste saisissant, donc, entre ce désir – partagé par 70 % de la population catalane – de voter, tout simplement, d’exercer un droit reconnu internationalement, pacifiquement, et les actes d’intimidation, de provocation et de violence posés par Madrid. Des actes qui vont à l’encontre des droits fondamentaux reconnus par les Nations Unies, par le Traité de Lisbonne, notamment.
Et ensuite, le silence assourdissant...
Le silence des leaders internationaux au sujet de la violence en Catalogne en fait des complices. Signataires des ententes des Nations Unies, en particulier celle sur le droits civils et politiques, ils trahissent leur signature et bafouent les valeurs mêmes qui sous-tendent l’appartenance à l’ONU.
Aucun pays d’Europe, cette « belle et grande » Europe qui se targue d’être un bastion de la démocratie n’a condamné les répressions de l’Espagne. C’est indigne.
De ce côté de l’Atlantique, un pays nommé Canada, dirigé par un homme qui se disait démocrate et grand défenseur des libertés, Justin Trudeau, qui aime se pavaner sur la scène internationale, tout sourire… Eh bien, ce chantre de l’humanisme a refusé de dénoncer les actes violents et répressifs du gouvernement espagnol. Lui qui nous a habitués à ses beaux discours creux et à son théâtre pour la galerie, il s’est tenu coi.
Un silence inquiétant…
Nous ne pouvons rester indifférents lorsque la démocratie est bafouée. C’est criminel. Et hautement dangereux.
La Catalogne a quand même tenu un référendum et le Si! l’a emporté avec 90% des votes. J’ai été à même de constater la rigueur avec laquelle le tout avait été préparé. Les listes électorales avaient été déposées sur le « Cloud » et les électeurs pouvaient se présenter à un bureau de vote alternatif en cas de fermeture du leur. La déclaration du gouvernement espagnol, le lendemain, selon laquelle qu’il n’y avait pas eu de référendum en Catalogne, n’est qu’un des nombreux dénis de démocratie.
Mais ce qu’ils ont démontré à la face d’un monde qui détournait le regard, c’est que le désir de liberté et de justice, et bien… c’est plus fort que la police !
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