L’événement « Pas d’radis fiscaux » de l’Association terroriste socialement acceptable (ATSA) a eu lieu du 16 au 19 novembre au Parc Émilie-Gamelin à Montréal. Cet événement coïncide avec la divulgation du scandale des « Paradis papers ». Nous avons alors appris que plusieurs anciens premiers ministres et des compagnies canadiennes cachaient de l’argent dans les Caraïbes.
C’est sous une pluie diluvienne que la cérémonie d’ouverture de « Pas d’radis fiscaux » s’est tenue. Un immense radis, fait de papier mâché, a été suspendu au-dessus de la scène. Comme une piñata, le gigantesque radis était rempli de « bonbons fiscaux », qui ont été distribués dans la foule après sa destruction.
« Lorsque l’on coupe le chèque d’aide sociale, que l’on ne finance pas suffisamment les logements sociaux et que l’on impose l’austérité à la population, il faut s’indigner des cachotteries des riches qui ne veulent pas payer d’impôt. Car ces paradis fiscaux ont des conséquences sur nos vies. Ce sont des milliards de dollars qui sont cachés à l’abri de l’impôt », de s’indigner Alexandre Boulerice, député du NPD.
« Les paradis fiscaux signifient moins d’argent pour les hôpitaux, les services sociaux, les CPE et le transport public. Le scandale des « Paradis papers » révèle l’ampleur de la situation internationale », de souligner Inès Chellala, coordonnatrice de la Coalition Échec aux paradis fiscaux.
« Le gouvernement coupe dans les services à la population et se justifie en disant qu’il n’a pas suffisamment d’argent. Ce manque d’argent vient des grandes compagnies qui ne veulent pas faire leur part. Le gouvernement refuse de légiférer pour empêcher l’évasion fiscale. C’est pas pour rien que le gouvernement ne veut rien faire, puisque des anciens premiers ministres font partie de ceux qui cachent de l’argent », d’expliquer Amir Khadir, député de Québec solidaire.
Le journal Le Monde, via les « Paradis papers », nous a appris que la compagnie Glencore – propriétaire entre autre de CEZinc à Salaberry-de-Valleyfield, dont les travailleurs sont en grève depuis le 12 février 2017 – réputée pour ses méthodes agressives avec ses 107 sociétés offshore, est l’un des clients les plus importants d'Appleby. Un bureau au deuxième étage d'Appleby, aux Bermudes, est surnommé à l’interne la « Glencore room ». Des millions de dollars y ont transité, transférés vers les Bermudes par Glencore Plc, dont le siège social se trouve à Baar, dans le canton suisse de Zoug, probablement pour échapper aux impôts ou pour acheter des mines dans la plus grande opacité. Glencore prétend avoir délocalisé tous ses véhicules financiers, à l’exception de trois, des Bermudes vers la Suisse ou la Grande-Bretagne, tout en abandonnant la « Glencore room ».
Le philosophe Alain Deneault, Delphine Abadie et Williams Sacher ont publié aux Éditions Écosociété un essai intitulé « Noir Canada : pillage, corruption et criminalité en Afrique » sur les compagnies minières canadiennes. Suite à la publication du livre, la maison d’édition et les auteurs ont été poursuivis par deux compagnies aurifères canadiennes.
Présent à l’ouverture de « Pas d’radis fiscaux », Alain Deneault, spécialiste des paradis fiscaux, a déclaré que « les artistes montrent depuis longtemps, à propos des paradis fiscaux, ce qui existe sous une forme dissimulée, à l’aide du cinéma de répertoire, de la bande dessinée, du roman, etc. Les paradis fiscaux sont faits pour rester dans l’ombre. Mais les artistes, au contraire, aiment mettre les choses en lumière ». Durant la fin de semaine, de nombreuses représentations artistiques se sont déroulé pour divertir et sensibiliser le public.
« Depuis des années, les artistes nous font voir que les comptes offshore, les législations comme le Luxembourg, le Panama, les Bermudes et la Suisse sont des moyens d’évasions fiscaux, de poursuivre M. Deneault. Il y a deux problèmes centraux avec ces législations de complaisances : la justice sociale et le travail. Ce n’est pas uniquement les paradis fiscaux qui sont un problème, mais aussi les ports francs où l’on fait travailler des marins dans des conditions de misères et où on permet à des propriétaires de navires de polluer massivement la planète. Ce sont les zones franches qui permettent à des entreprises d’engager des enfants, des femmes et des hommes dans des conditions de travail misérables ».
Pendant que des compagnies font de l’évitement fiscal, des pauvres ont fait la file pour recevoir des vêtements usagés ou pour avoir une soupe au cours de l’événement.
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