C’est par un froid sibérien que les lock-outés de Longueuil Kia ont manifesté autour du concessionnaire de voitures, le 20 novembre dernier à Longueuil. Des confrères d’Unifor de différentes régions du Québec sont venus appuyer les neuf employés du service d’entretien pour faire pression sur l’employeur. À défaut de réchauffer les mains et les pieds, cet appui a réchauffé le cœur des syndiqués d’Unifor local 4511.
Depuis le mois de mai 2017, le syndicat d’Unifor local 4511 travaillait au renouvellement de la convention collective. La première convention collective avait été imposée par un arbitre après plus de deux ans et demi de négociations, suite à l’accréditation syndicale en mars 2013.
« Après seulement quatre rencontres de négociation avec le Groupe Auto Longueuil, la négociation n’avançait plus. Au début de la négociation, l’employeur offrait une diminution de salaire de 4%. Il est revenu par la suite avec une offre de gel salarial pour quatre ans », de préciser Serge Dupont, représentant national d’Unifor Québec au bureau de Montréal.
« L’employeur veut s’attaquer aux congés de maladie en ne payant pas les jours qui n’ont pas été utilisés. Il veut également couper dans les assurances collectives et les salaires. Nous n’avons même pas de fonds de pension. Bref, il s’attaque aux gains de la dernière négociation », d’expliquer Benoît Caron, employé chez Kia Longueuil.
« L’employeur est frustré, car en 2013, il a demandé l’arbitrage. L’arbitre a accordé aux travailleurs une augmentation salariale de 28%. Maintenant, il tente d’exercer de la pression en utilisant le lock-out, de déplorer Serge Dupont. En revenant sur son offre d’une diminution salariale de 4%, l’employeur essaye de faire croire qu’il est généreux en offrant un gel salarial sur quatre ans ».
« Il y a une pénurie de main d’œuvre dans le secteur automobile. Ce sont des emplois spécialisés. On ne va donc pas accepter un gel des salaires, de poursuivre M. Dupont. L’employeur possède, dans le quadrilatère des boulevards Roland-Therrien et Saint-Charles Est, Pneuxpert Longueuil, Longueuil Kia, Longueuil Mazda et Longueuil Nissan. »
« Depuis une semaine, nous avons remarqué qu’il y a une baisse de l’achalandage comparativement aux autres garages. Malheureusement, le service des ventes de voitures n’est pas syndiqué et ne peut pas nous appuyer, de confier M. Caron. Pour ce qui est de la mécanique, les cadres font le travail. Ils n’ont aucune carte de compétence et ne sont pas certifiés Kia ».
« Les négociations ont été très brèves. L’employeur est arrivé avec la même proposition lors des rencontres et est reparti après cinq minutes. Il n’y avait rien à négocier. C’était ça ou rien, de se rappeler Benoît Caron. C’est simple, il ne voulait pas venir s’asseoir à la table de négociation. »
« Ce n’est pas un gros conflit où on a un litige sur les horaires de travail. C’est au niveau des salaires que ça accroche. Nous savons ce qui se passe dans l’industrie automobile, de révéler Serge Dupont. C’est pas vrai que dans le secteur automobile, il y a des diminutions de salaire. Au contraire, on réussit à avoir des augmentations de salaire dans les autres garages syndiqués. »
Malgré les démarches prises par le syndicat pour faire débloquer les négociations, dont la nomination d’une conciliatrice, l’employeur a refusé d’entendre raison et a décrété un lock-out, le 18 septembre 2017, avant même la première rencontre en conciliation.
Depuis cette date, les employés en lock-out occupent une roulotte de chantier en bordure de la route, face au concessionnaire. Ils font sentir leur présence malgré leur faible nombre. La démonstration de force de ce 20 novembre est une action dont le but est de mettre plus de pression sur l’employeur pour qu’il revienne à la table de négociation. Les employés sont unis et ils sont prêts à passer à travers ce lock-out et faire entendre raison à l’employeur du bien fondé de leurs demandes.
Les automobilistes qui circulaient sur le boulevard Roland-Therrien ont encouragé les syndiqués en klaxonnant. La manifestation s’est déroulée sous l’œil d’une vingtaine de policiers qui encadraient la marche autour des commerces de l’employeur Groupe Auto Longueuil.