Le Mali, une guerre perdue d’avance? Ce n’est pas nous qui le disons, mais l’État-major de l’armée française, selon le Canard Enchaîné, journal satirique français, dans son édition du 14 mars 2018.
Toujours bien informé par ses sources au sein de la hiérarchie militaire et de la diplomatie française, le journaliste Claude Angeli rapporte les propos d’un diplomate qui affirme que « l’état-major n’a pas le moral » à propos du Mali.
Selon Angeli, « depuis environ un an, les grands chefs militaires se disent de plus en plus pessimistes, désabusées, voire irritables, dès qu’il est question du Sahel et de la chasse aux terroristes ».
Le bilan est, en effet, bien mince. Selon les chiffres rendus publics par la ministre des Armées, Florence Parly, l’armée française n’a réussi qu’à éliminer 450 djihadistes et à en capturer 150, d’août 2014 à février 2018.
Le journaliste rapporte ainsi les propos du chef d’état-major François Lecointre en réponse aux députés de l’Assemblée nationale française.
« En réponse aux questions des députés, Lecointre s’était montré peu rassurant : ‘‘Une opération comme Barkhane (mobilisant 4 500 Français) ne peut être que très longue.’’ Puis, évoquant les armées africaines à ‘‘reconstruire’’, il avait précisé que pour celle du Mali, ‘‘dix ans au moins seront nécessaires, et peut-être quinze’’. À l’entendre, les militaires français devront donc camper fort longtemps au Sahel, et pas seulement au Mali. »
Claude Angeli poursuit : « L’existence de la force africaine de 5 000 hommes, baptisée personnellement par Macron le ‘‘G5 Sahel’’, pourrait-elle faire changer d’avis le général Lecointre? Rien n’est moins sûr, et, à l’état-major, chacun souligne le manque de formation, de moyens et de combativité de cette ‘‘fausse armée’’, comme disent certains ».
Le Canard Enchaîné pose une question fort pertinente : « Comment expliquer que 3 000 djihadistes, selon l’estimation très modérée du Renseignement militaire, puissent tenir tête aux 4 500 hommes de la mission Barkhane, équipés de blindés et protégés par des avions, des hélicoptères, des drones-espions? Et bientôt, peut-être, par des drones-tueurs armés de missile USS Hellfire. D’autant plus que les Français ne sont pas seuls… »
Dans ce cas-ci, il ne fait pas référence aux soldats canadiens, qui ne sont évidemment pas encore sur place, mais, « au Mali, par exemple, les Casques bleus de la Minusma sont au nombre de 11 700 soldats et de 1 740 policiers. Et les effectifs de l’armée malienne s’élèvent à 13 000 hommes, dont certains, affirment les militaires, revendent les matériels dont ils sont équipés. Au Niger voisin, un contingent de 800 Américains fournit aux Français, grâce à leurs drones-espions, une série de renseignements sur les déplacements des djihadistes. »
Les rapports militaires soulignent, rapporte Angeli, les « difficultés opérationnelles » face à une guérilla composite. Mais la véritable réponse réside sans doute dans ce rapport de l’ONU, daté du 2 mars, qui mentionne « ce qui favorise la montée en puissance des groupes djihadistes, à savoir la situation sécuritaire et humanitaire déplorable des cinq États du G5 Sahel : Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad et Mauritanie ».
C’est dans ce guêpier que l’armée canadienne va s’enliser pour protéger les installations des compagnies minières canadiennes.
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