La police allemande s’est soumise à la demande de Madrid concernant un mandat d’arrêt international reconduit récemment par l’Espagne à l’encontre de quatre personnes, dont Carles Puigdemont, l’ancien président de la Catalogne, et pressenti pour le redevenir. Il a été incarcéré à partir du 24 mars dernier, même s’il était reconnu, à la face du monde, pour sa lutte politique non violente et exemplaire. L’Allemagne vient de le remettre en liberté sous contrôle judiciaire.
L’Espagne de Rajoy a monté de toutes pièces des accusations extrêmement graves de rébellion, corruption et détournement de fonds. La justice allemande a depuis jugé « irrecevable » l’imputation de crime de rébellion, mais celles de corruption et de détournement de fonds tiennent toujours, de sorte que le processus d’extradition poursuit son cours.
Pour plusieurs Québécois, les décisions du chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy entraînent l’Europe dans des travers inacceptables.
Le gouvernement d’Espagne ne cesse de rendre perceptibles, même de loin, d’évidents dénis de justice et de démocratie. Il s’acharne, bafouant les principes universels dans les domaines évoqués, à dénigrer, à arrêter, à emprisonner et à poursuivre les élus catalans qui veulent faire de la Catalogne un pays. Il faut utiliser, dit-il, l’empire de la loi.
Pour nous, Intellectuels soutenant la souveraineté du Québec, il apparaît gênant que les pays de l’Union européenne se soumettent aux mandats d’arrestations internationaux reposant sur des accusations aussi douteuses.
Les manifestations catalanes, parmi les plus pacifiques et les plus significatives de l’histoire récente de l’Europe, ne doivent pas être instrumentalisées par la logique tordue de manipulateurs. Les actes dits séditieux supposent un « soulèvement violent » qui, selon de nombreux juristes, ne s’est jamais produit. Quant aux détournements de fonds, ils aboutiront vraisemblablement sur un non-lieu de fait aisément vérifiable.
Les provocations de l’Espagne, pourtant un État de droit, servent d’appât afin de pousser la Catalogne à la violence. Aux demandes politiques que lui a adressées le dirigeant de Madrid, la Cour Constitutionnelle du pays a répondu par une interprétation tendancieuse de ses propres règles.
Nous ne reconnaissons plus cette Europe moderne, éprise de paix et de justice, qui avait, pensait-on, tiré des leçons de son passé. Recommence-t-elle à perdre ses repères démocratiques ? La liberté que réclament les peuples, dont celui de Catalogne, protestant contre sa démocratie bafouée, est pourtant une des valeurs fondatrices de l’Europe contemporaine.
Avec son recours aux « fakes news », Rajoy fait remonter à la surface les pires traits de l’humanité.
En 1940, la police allemande de l’époque avait extradé vers l’Espagne le président catalan exilé en France, Lluis Compagnys. Il a été torturé et fusillé par la dictature de Franco. Le gouvernement Merkel doit, dans les circonstances actuelles, troubles au plus haut point, faire bien davantage que laisser entendre qu’il faut respecter la démocratie. Il doit refuser aussi, et l’Europe entière avec lui, les maquillages qui accompagnent les accusations de Madrid restées pendantes.
Michel Blondin, conseiller. Appuyé par Pierre Serré président, Micheline Labelle, vice-présidente, Ercilia Palacio-Quintin, registraire, Philipe Bernard, trésorier, Jocelyne couture, conseillère, André Jacob, conseiller, Andrée Lajoie, conseillère, Éric Martin, conseiller, Jocelyne Couture, conseillère Joël Coté, conseiller, Jean-René Plante, tous membres du Conseil d’administration des Intellectuels pour la souveraineté (IPSO).