Les auteures sont membres de PDF-Q (Pour les droits des femmes du Québec)
On regroupe sous le nom de mutilations génitales féminines, dites en abrégé MGF, un ensemble de pratiques dont l’origine remonte à la nuit des temps – par conséquent bien antérieures à l’apparition des grandes religions (juive, chrétienne, musulmane principalement). On estime à environ 2 millions le nombre de femmes vivantes aujourd’hui qui en ont été victimes.
Parler de ces mutilations (peut-être plus connues sous le nom d’excisions), c’est exhumer un sujet quasi tabou, c’est bien souvent s’attaquer au sacro-saint « relativisme culturel ». Lequel est de connivence avec l’interculturalisme qui voudrait que chaque Québécoise et Québécois, chaque Canadienne et Canadien soit bien convaincu de vouloir le vivre, au prétexte d’y voir le respect de la culture des immigrants, de ceux qui ont choisi de s’installer ici tout en perpétuant leurs propres valeurs. Ces pratiques dites ancestrales et que certains souhaitent voir se continuer sont en fait barbares et ne sauraient être acceptées dans des sociétés soucieuses de respecter l’intégrité des corps et, dans la mesure du possible, celle des esprits.
Or, aujourd’hui, ce n’est plus seulement en Afrique, au Moyen Orient, en Asie etc. que les MGF se pratiquent, mais dans tous les pays de par le monde (c’est la conséquence des nombreux flux migratoires qui bouleversent la répartition jusqu’alors connue des populations). En France par exemple, on constate même que leur fréquence augmente depuis quelque temps, et le phénomène risque de se retrouver dans d’autres pays.
On ne voit donc évidemment pas pourquoi le Québec ferait exception. D’autant plus que tout près de chez nous, dans la province voisine, des femmes ont ouvertement témoigné de l’existence de ces pratiques non seulement en Ontario, mais dans tout le Canada.
Des femmes immigrantes nous ont, quant à elles, fait cette demande inattendue : publiciser la question des MGF, elles-mêmes étant, de par leurs origines, dans l’impossibilité de le faire, car risquant ou craignant d’être alors mises au ban de leur groupe, ou encore victimes d’insultes ou d’attaques.
Hé oui, nous ne le dirons jamais assez, ces pratiques se font ici, sur notre territoire et malgré l’interdiction formelle de la loi : de fait, selon le Code pénal canadien, elles sont punissables d’emprisonnement.
Nous croyons au respect des droits humains et le refus de telles pratiques en constitue un élément majeur. Nous refusons de laisser mutiler nos petites Québécoises au nom d’une tradition commandée, on le sait, par les hommes.
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Plus spécialement, nous apparaît pressant et indispensable, pour les médecins et autres professionnels de la santé, de briser le dit secret dont ils se prévalent. Il n’y a là rien d’impossible : n’y sont-ils pas obligés en cas de maladie contagieuse, de sida, de pédophilie (dans certaines conditions), etc. ?
Si votre voisin ou votre voisine vous annonce que leur petite fille va rendre visite à sa tante ou à sa grand-mère en Afrique, si la responsable de la garderie où va votre enfant vous révèle que telle petite élève est revenue après quelques jours d’absence et que son comportement semble perturbé, si de quelque façon que ce soit telle ou telle situation vous paraît louche, suspecte, n’hésitez pas : faites part de vos doutes à la Direction de la protection de la jeunesse, laquelle saura agir en douceur et en tout respect des personnes impliquées, vous y compris. Et sachez bien que « signaler » n’est pas « dénoncer ».
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Quant à nous, nous avons travaillé plus spécifiquement avec des femmes africaines (pour la commodité de la langue) et aussi parce que ce sont elles qui ont commencé à mettre en place des groupes de lutte contre ces pratiques; nous voulons les remercier pour leur collaboration. Quelques-uns de leurs témoignages se retrouvent dans le livre.
Elles n’ont toutefois pas encore obtenu les subsides nécessaires pour continuer le travail. Alors qu’en France ou encore en Belgique où des associations, des groupes travaillent sur ce sujet depuis plus de trente années, le financement est assuré par l’État.
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Non, nous ne serons pas trop de toutes et de tous pour nous y mettre, chacun, chacune à sa façon.
Oui, ensemble, nous pouvons briser le silence.
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