Dans la région de Québec, certains médias radiophoniques font fureur auprès de leurs auditeurs. Quelques animateurs radio comme André Arthur et Jeff Fillion ont des discours jugés comme étant populiste de droite et associés à la radio-poubelle. Le conseiller syndical et conférencier Sébastien Bouchard décrit les principales caractéristiques de la radio-poubelle de Québec. « Avoir des propos injurieux et diffamatoires ainsi que des idées populistes de droite ».
Ce phénomène de radio-poubelle n’est pas cloisonné à Québec et ses environs. Il y a aussi Richard Martineau à Montréal, le Doc Mailloux à Trois-Rivières et plusieurs autres dans les diverses régions du Québec.
Cependant, Québec reste un mystère sociopolitique. M. Bouchard indique que, généralement, les ouvriers votent majoritairement à gauche et les riches à droite. Par contre, des recherches ont démontré le contraire à Québec : les pauvres et les ouvriers, comme les riches votent à droite. Plusieurs facteurs se combinent pour expliquer cette situation, dont une présence historique de la droite (unioniste et créditiste) dans les régions entourant la ville de Québec (Beauce, Bellechasse, Lotbinière, Portneuf).
Les médias radiophoniques, notamment Radio X, exercent une forte influence sur leurs auditeurs. « Ils ont la capacité de canaliser les problèmes quotidiens des personnes pour des perspectives politiques de droite populistes. Ça, c’est leur grande force », mentionne le conférencier. De ce fait, leur discours est cohérent avec les valeurs de droite. De plus, parmi leurs ennemis favoris, les mouvements syndicaux occupent une place non négligeable.
Avant de comprendre pourquoi le milieu syndical est vu comme un antagoniste malfaisant, M. Bouchard définit ce qu’est le populisme de droite. Ce type de populisme implique d’avoir « un chef qui parle au nom du peuple pour contester les élites par un discours démagogique ». Il est de droite lorsqu’il vise à faire appliquer « des politiques néo-libérales, attaquer la redistribution de la richesse, la démocratie et les mouvements de travailleurs ». Donc, la radio-poubelle vient s’insurger contre ces mouvements de travailleurs qui, selon ses animateurs, s'opposent à la liberté d'entreprise.
La radio-poubelle se spécialise dans l’art oratoire. Ils transmettent ainsi de lourds préjugés, notamment en soutenant que les mouvements syndicaux ne font qu'augmenter les impôts et défendre les incompétents, sans mettre en relief leur rôle positif pour les travailleuses et les travailleurs.
Sur le terrain, les propos des animateurs font écho. « Lorsque des mouvements syndicaux, étudiants ou communautaires tiennent une assemblée générale, si cela a fait assez de bruit pour que ces radio-poubelles en parlent, il va y avoir des gens dans la salle qui sans s’être parlé entre eux, vont être coordonnés par l’animateur de la radio-poubelle qui va leur dire quoi penser, » évoque M. Bouchard. Lorsque ces personnes interviennent dans les débats, ils prônent des baisses de cotisations ou carrément le sabordage de ces mouvements.
Dans son analyse du problème, le syndicaliste définit le concept du « tiers à haïr ». En plus du mouvement syndical, ce sont les autres mouvements sociaux, les immigrants, les femmes, les homosexuels, les pauvres, les fonctionnaires, les cyclistes et bien d’autres qui sont critiqués par la radio-poubelle.
M. Bouchard croit que le syndicalisme est la meilleure instance pour lutter contre les radio-poubelles.
« Le mouvement syndical est le mieux placé pour couper les bases de la radio-poubelle puisque les travailleuses et les travailleurs ont tout intérêt à s’opposer aux politiques de droite projetées contre les radio-poubelles. »
« Le mouvement syndical doit préconiser un discours qui met en relief les intérêts divergeant entre le 1% des plus riches qui domine la société et les travailleurs ainsi que tous ceux et celles qui sont dans le 99%. C’est sur cette base que les membres des instances syndicales pourront comprendre que la radio-poubelle ne défend pas leurs intérêts », indique le syndicaliste.
Sébastien Bouchard rappelle en fin d’entrevue qu’il est pertinent pour les syndicats d’appuyer des médias alternatifs comme l’aut’journal.