L’auteur est politicologue retraité, membre du Parti québécois et du Bloc québécois.
Le PQ a clarifier son option vers l'indépendance. Il doit maintenant la clarifier sur la manière, la démarche.... et écarter les stratégies qui ont échoué: convergence, référendum, conditions gagnantes, bon gouvernement, etc. Pour le PQ, ce n'est pas un retour aux sources car le PQ est né et a grandi dans l'ambiguïté : souveraineté-association, partenariat, bon gouvernement, conditions gagnantes, etc.
À QS, on se veut plus clair. Est-ce le cas ? QS propose une rupture dès son élection...et s'il n'obtient pas 50% des votes ? C'est à préciser. Aucun parti n'a obtenu 50% des votes depuis 1973 au Québec ! Ni Bourassa, ni Lévesque, ni Charest... Mais QS promet deux consultations supplémentaires, une constituante et un référendum ! Malgré un radicalisme apparent, on pourrait penser que ce sont des étapes qui rendront l'indépendance très hasardeuse sinon improbable.
Au PQ, le débat revient : référendum dans un 1er ou dans un 2e mandat ? Le PQ doit écarter cette impasse. Comment ? Il s'agit de s'engager vers l'indépendance en affirmant qu'il n'y aura pas de référendum tout en misant sur une majorité absolue de l'électorat. Comment ?
Voici l'hypothèse audacieuse que les leaders indépendantistes pourraient évaluer.
Le PQ pourrait promettre d'engager le processus menant à l'indépendance dès qu'une majorité absolue (50% + 1) des électeurs se sera exprimée en votant pour un parti prônant l'indépendance... laissant QS défendre sa démarche plus complexe.
Un gouvernement du PQ, même minoritaire ou n'ayant pas à lui seul 50% des votes, pourrait présenter au parlement une résolution demandant au gouvernement canadien d'engager des discussions menant à l'indépendance si une majorité absolue de l'électorat a voté pour un part prônant l'indépendance. C'est d'une logique implacable.
On dira que la moitié des électeurs de QS sont fédéralistes; c'est le problème de QS, pas celui du PQ.
En 2018, 33% des électeurs se sont prononcés officiellement pour l'indépendance (17% PQ + 16% QS) avec une très faible le participation (66%). Il aurait manqué 17% pour atteindre 50%. L'enjeu est là ! La participation a déjà été de 85% et même de 93%. Les défaites du PQ sont toujours survenues lorsque la participation était faible; l'abstentionnisme n'affecte pas seulement les jeunes car la participation des baby-boomers a baissé de près de 25% depuis 1985 (Gélineau et Tessier, Le déclin de la participation au Québec, UL, p. 49).
Cette hypothèse aurait quatre avantages pour le PQ.
- Pas de débat sur le moment d'un référendum car la population n'en souhaite pas.
- Pas de discussion entre des partis idéologiquement différents.
- Le PQ reconnaitrait alors concrètement qu'il n'est plus le seul véhicule vers l'indépendance.
- Le PQ aura une même position face à ses membres, en congrès, et face à la population aux élections.
Si une majorité pour l'indépendance (PQ + QS) advenait dans 3 ans ou dans 7 ans, une nouvelle dynamique surgirait alors et tout deviendrait possible... On sait que la conjoncture politique et l'état de l'opinion publique sont absolument imprévisibles.
Face à une telle stratégie du PQ, comment les électeurs de QS, fédéralistes et souverainistes, réagiraient-ils ? Impossible de le savoir. Et les parlementaires QS ? Un refus de ceux-ci d'appuyer la résolution d'un gouvernement enclenchant le processus vers l'indépendance serait-il logique ?
Le PQ est sorti de l'ambiguïté sur l'objectif, il doit le faire aussi sur la démarche.