À New York, selon un reportage entendu à l’émission Désautels le dimanche, ce 29 mars, 20 % des hospitalisés du coronavirus proviennent des rangs du personnel soignant. En Espagne, en date du 30 mars, 12 300 soignants ont été infectés par le virus et six sont décédés, faute de matériel adéquat.
Oui, faute de matériel adéquat. Et tous les responsables politiques, pour se disculper, en Espagne, en France, en Italie, à New York et… au Québec, diluent leur responsabilité dans la même formule : « Nous ne sommes pas les seuls, c’est partout pareil à travers le monde ».
La pénurie de masques et autres équipements était-elle inévitable? Non ! En France, la ministre de la Santé Roselyne Bachelot avait constitué en 2009 d’énormes stocks de masques et de vaccins pour faire face à l’épidémie de grippe H1N1, qui avait finalement fait peu de victimes.
Des masques, il y en aurait eu pour tout le personnel soignant, mais aussi pour les travailleurs sociaux et les autres intervenants des soins à domicile, pour les policiers, les pompiers, les caissières dans les supermarchés, etc., etc., etc.
En Chine et ailleurs en Asie, c’est toute la population qui porte un masque. On dira qu’on n’a pas cette culture du port de masque ici, en Occident. Excuse facile. Une culture sanitaire, ça s’acquiert vite quand une telle menace nous pèse au bout du nez.
Revenons à Mme Bachelot et à ses stocks de masques. 1,7 milliard de masques. On l’a sévèrement critiquée à l’époque pour avoir jeté des millions d’euros par la fenêtre. L’État français comptait ses sous, il compte maintenant ses morts !
Elle s’était défendue en répliquant à ses accusateurs par ces mots : « Les masques sont un stock de précaution – excusez-moi si ce mot devient un gros mot ici. Et ce n’est pas évidemment au moment où une pandémie surviendra qu’il s’agira de constituer les stocks. Un stock, par définition, il est déjà constitué pour pouvoir protéger ».
Elle a perdu son poste de ministre, l’organisme qui était chargé de constituer des stocks a été supprimé et les stocks périmés n’ont pas été remplacés.
Au Québec, le « bon » docteur Arruda est à la tête de la Direction de la santé publique depuis 2012. Auparavant, il a été impliqué dans la gestion du SRAS en 2002 et dans la crise du H1N1 en 2009. Est-ce au nom de l’austérité libérale qu’il n’a pas constitué de stocks?
Quelle est sa responsabilité aujourd’hui face à la pénurie de masques? Et des autres équipements sanitaires?
Il serait temps que les journalistes et les chroniqueurs cessent d’être ses « cheerleaders » et de chanter avec lui « O clair de la lune », et lui posent les bonnes questions.
Par exemple, comment peut-il expliqué qu’il n’ait pas prévu le déficit d’approvisionnement en masques, alors qu’à tous les jours, il se vante que la courbe des personnes infectées suit ses prévisions et est même inférieure à ses prévisions dans le cas des personnes hospitalisées?
En France, en Espagne, aux États-Unis, la colère gronde chez le personnel soignant. C’est le cas ici aussi, comme en témoigne le site Internet je dénonce de la FIQ.
L’inquiétude qui a cours chez les travailleuses sociales, les caissières, les policiers, les pompiers risque aussi de se transformer bientôt en colère, si le gouvernement ne réussit pas à court terme à se procurer les équipements nécessaires.
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