Ensemble, soyons prêts pour la rentrée

2020/06/12 | Par Collectif syndical

Josée Scalabrini, enseignante et présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ)
Éric Pronovost, éducateur en service de garde et président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ)
Jacques Landry, psychoéducateur et président de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ)

À la suite de la publication ce mardi du rapport du Conseil supérieur de l’éducation portant sur le bien-être de l’enfant à l’école, nous avons senti l’urgent besoin de réagir. Ce rapport le confirme : l’école joue un rôle incontournable dans le développement des enfants, particulièrement les plus vulnérables. Nous avons collectivement le devoir de mieux prendre soin de ces élèves, avec des mesures claires, des moyens concrets et, surtout, suffisants.

Ensemble, nous représentons près de 100 000 travailleuses et travailleurs du milieu scolaire. 100 000 personnes engagées dont le quotidien se passe sur le terrain, dans les écoles et les centres. On peut donc dire sans se tromper que nos membres ont une expertise exceptionnelle au sujet des élèves. Une expertise dont ne prend pas suffisamment en compte le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, dans la mise en place de ses divers scénarios pour la rentrée 2020.

Certes, depuis quelques mois, il fait l’effort de consulter la plupart des intervenants, mais ne revient malheureusement pas contrevérifier avec eux ses enlignements pour s’assurer de leur compréhension globale, le moment de l’annonce arrivé. Plusieurs lapins sont sortis d’un chapeau parce que le ministre ne se donne pas la peine de faire subir l’épreuve du terrain à des annonces qui auraient pu être mieux attachées. Les camps pédagogiques et les tablettes, payées à même des budgets scolaires mais jamais arrivées à destination, en sont des exemples patents.

Une véritable concertation des gens du terrain permettrait au ministre de valider ses idées et de tenir compte en amont des réalités et des problématiques soulevées. Cela éviterait de donner des directives floues et d’avoir ensuite à corriger le tir. Il est donc impératif que la prochaine rentrée se déroule sans confusion. Cela nécessite que nous ayons tous des consignes claires, des objectifs concrets et des marges de manœuvre définies. Oui, c’est tout un défi, monsieur le Ministre, mais vous bénéficiez de notre expertise pour le relever. À vous de la mettre à profit.

Ainsi, à la veille des annonces concernant la rentrée scolaire, nous rappelons l’importance de réitérer le caractère obligatoire de l’école, peu importe le scénario retenu.

Durant le confinement, plusieurs élèves vulnérables sont disparus des écrans radars, et c’est extrêmement préoccupant. Dans certains cas, c’était parce que les parents travaillaient ou n’avaient pas les conditions ou les capacités requises pour accompagner leurs enfants dans l’apprentissage à distance. Dans d’autres, c’était parce que les élèves eux-mêmes travaillaient ou s’étaient tout simplement volatilisés, faute de motivation. Les raisons sont diverses, mais les conséquences pour plusieurs élèves seront majeures et réelles.

Pour accompagner l’annonce du scénario de réouverture retenu, nous demandons que le gouvernement procède aux investissements nécessaires permettant de prendre en charge de manière prioritaire des élèves dits vulnérables. En ce moment, des centres de services scolaires justifient des coupes de ressources en raison des coûts engendrés par la pandémie. C’est complètement inadmissible.

Lors de la rentrée scolaire 2020, certains élèves auront quitté les bancs d’école depuis plus de 6 mois, d’autres auront repris les classes dans un contexte très particulier. Les difficultés d’apprentissage et de comportement seront exacerbées, et nous devrons avoir les moyens d’accompagner ces jeunes pour favoriser leur épanouissement et minimiser les risques de décrochage. Des mesures sérieuses doivent être prises en ce sens. Commençons par définir ensemble qui sont les élèves vulnérables pour se donner une même compréhension de ce terme grandement utilisé durant la crise. Leurs besoins doivent être pris en compte, reconnus, évalués et respectés en se basant sur l’expertise des gens du terrain, c’est-à-dire le personnel de l’éducation.

Si la crise sanitaire nous a fait constater une fois de plus la fragilité et les grands manques de ce réseau que nous portons à bout de bras depuis tant d’années, nous sommes persuadés que c’est en travaillant ensemble et en priorisant le bien‑être des élèves que nous pourrons le remettre sur pied. Il en va de l’intérêt de toutes et tous.