Appuyé par un groupe de sept Québécois : Pierre Jasmin, Jean-Yves Proulx, Jacques Brodeur, Martine Chatelain, Lucie Sauvé, Hélène Tremblay et Philippe Giroul
Nous soussignés, citoyens et citoyennes profondément touchés par l´avancée de la pandémie du Coronavirus COVID-19 et engagés pour le droit à la santé de nos peuples, rassemblons nos voix pour la défense de la vie et de l´accès universel et gratuit aux vaccins et aux traitements qui se trouvent en état avancé d´approbation scientifique.
- CONSCIENTS qu´une grande partie de l´humanité et, particulièrement celle de notre région latino-américaine, reconnue par l’OMS comme un épicentre de la pandémie, ne doit pas se soumettre aux mandats du complexe médical industriel, pharmaceutique – financier et, spécialement à la délivrance de brevets qui puissent gêner l´accès universel et gratuit aux vaccins scientifiquement validés – CLACSO.
- CONVAINCUS que face à la pandémie, doit prévaloir le sens éthique par-dessus les spéculations économiques et que, dans ces circonstances, la solidarité doit mettre l´emphase prioritaire à “la responsabilité envers l´autre qui est dans une situation de besoin, avec la reconnaissance de sa dignité” – Académie Pontificale pour la Vie – 22/07/2020.
- COÏNCIDANT avec l´approche de la Commission Interaméricaine de Droits Humains dans sa déclaration du 10 avril 2020, nous n’hésitons pas à situer le vaccin du COVID-19 dans le cadre du droit international des Droits Humains, tout en signalant le besoin que les États “adoptent de manière immédiate, urgente, et avec la diligence raisonnable, toutes les mesures adéquates pour protéger les droits à la vie, à la santé et à l´intégrité personnelle”. À partir de cette vision, différents experts de l´éthique et de la médecine en Argentine ont exprimé que le vaccin ne doit pas avoir un brevet de marketing, afin de faciliter, dans notre pays et dans les autres pays du monde, son élaboration, sa distribution universelle et gratuite, dans la mesure de ses besoins et de ses possibilités, à partir du transfert de technologie. Toutefois, les experts ont signalé qu’on ne doit pas accepter l’intermédiaire d´intérêts commerciaux, comme celui d´un brevet. Finalement, ils ont indiqué que le vaccin doit être considéré patrimoine de l´humanité dans un monde plus égalitaire et solidaire.
Nous PROPOSONS qu’un autre monde est possible, que le défi face à la grave situation que vit l’humanité est aussi de sauver des vies et assurer le droit à l´égalité de tous et de toutes (Forum Social Mondial – FSM) ; que les coûts de recherche, de fabrication et d´application des vaccins puissent se financer avec le coût économique d´un avion de combat de la dernière génération, d´une bombe nucléaire ou d´un missile intercontinental, qui sont tous des instruments de mort; que ces armes doivent se transformer en charrues – Isaïe 2:4 – ; qu’il faut rappeler à l’esprit et au cœur des gouverneurs et des responsables de la situation mondiale que les peuples souffrent avec la Pandémie du COVID-19 et que nos valeurs humanitaires gardent à l´esprit que prix et valeur ne sont pas identiques. Nous sommes unis par la lutte pour les valeurs qui rendent l´humanité digne d´un monde plus juste et fraternel pour tous.
RAPPELONS-NOUS qu’après la deuxième guerre mondiale, les sociétés vivaient avec deux grandes peurs: la possibilité d´une guerre nucléaire et la Poliomyélite. Cette maladie produisait des paniques à chaque été et en différents coins du monde, menaçant la vie de millions d´enfants, car elle n´avait pas de cure. Ses victimes habituelles avaient entre 4 et 16 ans, en plus, la Poliomyélite avait un haut pouvoir de contagion, elle présentait un taux de mortalité élevé et ceux qui survivaient devaient assumer de graves incapacités. Le manque de réponse scientifique rendait plus grave le cadre pandémique.
Le 12 avril 1955, l´humanité a reçu l’excellente nouvelle du Dr. Jonas Salk, dont les études préliminaires s’étaient conclues, avec un vaccin approuvé, efficace et sûr, la découverte médicale la plus importante de l´histoire. Le Dr. Jonas Salk a refusé de breveter le vaccin qu´il avait découvert et, dans une communication publique, a exprimé : “Je veux dire aux gens qu´il n´y a pas de brevet. Est-il possible de breveter le soleil ?” Et même, quelques années plus tard, le Dr. Albert Sabin a développé un vaccin par voie orale qu’on a commencé à utiliser en 1957. Le chercheur, un microbiologiste d´origine polonaise, a renoncé à ses droits de brevet, avec la finalité de faciliter la diffusion mondiale de sa découverte, le plus tôt possible. La conduite de ces deux scientifiques a marqué une étape éthique dans l´histoire de la médecine moderne, qui a permis l´éradication de cette maladie dans le monde entier.
Nous DEMANDONS qu’aux niveaux régional, national et international, on adopte les mesures garantissant l´accès universel et gratuit, avec un transfert de technologie, tout en protégeant le droit humain et le bien social qui constitue le vaccin contre le COVID-19. C´est le pas que l´humanité attend de ses leaders et de leurs gouvernements.
Texte du 17 août par le prix Nobel de la paix Adolfo Pérez Esquivel et le Comité pour la défense de la santé, de l’éthique et des droits humains CODESEDH.