Le 27 janvier dernier, les intervenants et intervenantes de l’Accueil Bonneau ont manifesté devant le Grand quai du Vieux-Port de Montréal, qui a été transformé en halte chaleur pour les itinérants en novembre dernier. Chaudement vêtue, les employés ont dénoncé l’abolition des 11 postes d’intervention de première ligne à l’Accueil Bonneau.
Le 20 janvier, ce fut la consternation dans le milieu d’aide à l’itinérance à Montréal. La direction de l’Accueil Bonneau a annoncé une restructuration de l’intervention de première ligne en abolissant 11 postes d’intervention, pour les remplacer par des gardes de sécurité.
En entrevue avec l’aut’journal, l’intervenante Chloé Bourbiaux explique qu’un sondage sur les besoins de la clientèle qui utilisait les services de première ligne a été réalisé au début de la pandémie et que, selon l’administration, le service de première ligne ne répondait plus aux besoins des personnes en situation d’itinérance, et qu’il fallait s’appuyer sur des pratiques innovantes pour restructurer le travail. Sauf que, dans le sondage, les questions portaient, entre autres, sur le logement et les services utilisés. Il n’y avait pas de questions sur le besoin de rencontrer, de parler ou de faire une démarche avec un intervenant.
En pleine pandémie et au cœur de l’hiver, le timming de ces mises à pied est discutable. Selon madame Bourbiaux, quelques jours avant les mises à pied, « il y avait encore des offres d’emploi pour combler des postes de première ligne au Grand quai ».
Pour remplacer les intervenants, la direction de l’Accueil Bonneau compte sur le développement et le travail gratuit des bénévoles pour maintenir l’offre des services essentiels (repas, vestiaire, etc.). De plus, connaissant l’attitude réfractaire des itinérants face à l’autorité, c’est un non-sens de remplacer des intervenants par des gardes de sécurité. « On a peur que les personnes arrêtent de venir au Grand quai parce qu’ils ne se sentent plus en sécurité et qu’ils ne viennent plus chercher les services qu’ils ont besoin », de s’inquiété Chloé Bourbiaux.
La convention collective entre l’Accueil Bonneau et ses employés est échue depuis le 31 janvier 2020. Les négociations pour son renouvellement ont été repoussées à cause de la pandémie. Les mises à pied sont-elles des représailles envers les syndiqués? Les négociations devaient reprendre en janvier 2021, puis il y a eu ces mises à pied. « On peut se poser cette question et on se la pose », de préciser l’intervenante.
L’Accueil Bonneau est un organisme communautaire fondé par les Sœurs grises il y a 143 ans et qui œuvre auprès des personnes en situation d’itinérance. Les services de première ligne regroupent tous les services essentiels tels que les repas chauds, les douches, le vestiaire et l’accès à des services de santé.
Dans la même catégorie
2015/12/08 | Raccourcis commodes et désinformation |
2015/12/07 | Secteur public : Des conditions salariales sous pression depuis 35 ans |
2015/12/07 | La stratégie référendaire, un cul-de-sac |
2015/12/07 | Repenser le libre-échange |
2015/12/07 | Combattre l’austérité ensemble |