Quelque chose de pourri !

2021/03/15 | Par Michel Rioux

Marcellus, garde à la cour du prince Hamlet, avait raison ! Il y a quelque chose de pourri, mais pas seulement au royaume du Danemark !

On dirait que chaque journée fournit immanquablement des raisons de désespérer de la nature humaine. En fait, c’est chaque jour que nous sommes frappés de plein fouet par des informations plus étonnantes, inquiétantes, alarmantes et hallucinantes les unes que les autres.

Amanda Gorman a ému le monde entier en livrant un magnifique poème le jour de l’assermentation du président Biden. Plusieurs ont voulu que ce texte soit accessible dans d’autres langues que l’anglais. C’est ainsi qu’une maison d’édition a demandé à un traducteur catalan de le traduire. On ne sait trop qui, aux États-Unis, a décrété que le traducteur n’était pas habilité à traduire ce poème, n’étant ni noir ni femme.

Victor Obiols, le traducteur, a eu une observation qui souligne la vacuité d’une telle position. « C’est un sujet très complexe qu’on ne peut pas traiter avec légèreté. Mais si je ne peux pas traduire une poétesse, car elle est une femme, jeune, noire, américaine du 21e siècle, alors je ne peux pas non plus traduire Homère parce que je ne suis pas un Grec du 8e siècle av. J. -C. ou je ne pourrais pas avoir traduit Shakespeare parce que je ne suis pas un Anglais du 16e siècle. »

Le Canard enchaîné en a rajouté le 10 mars dans un dessin. Un Noir dit au traducteur : « Pour traduire un auteur noir, il faut être noir. » Celui-ci de répliquer : « Ah oui ? Depuis combien de générations ? »

Dans une recension fort éclairante de Christian Rioux du livre de l’écrivain étasunien Thomas Chattertorn Williams, Autoportrait en noir et blanc, paru le 13 mars dans Le Devoir, ce dernier rapporte avoir fait un constat qui l’a ébranlé : « J’ai 40 ans et j’ai grandi dans les années 1990 dans une culture américaine qui estimait qu’à partir du moment où vous n’êtes pas blanc à 100%, vous êtes noir. C’était un héritage de l’esclavage. » Il ajoute : « Tant que vous êtes aux États-Unis, ces identités raciales semblent normales. Mais dès que j’ai tenté d’expliquer ‘‘ma race’’ à des Européens, j’ai dû me rendre à l’évidence que j’étais en train de justifier des idées absurdes issues de l’esclavage. (…) C’est bien d’être antiraciste, mais si l’antiracisme est fondé sur les mêmes catégories que le racisme, ça ne va plus. Il ne suffit pas d’être antiraciste. Il faut être contre les races. »

C’est le comte de Gobineau qui doit rire dans sa tombe, lui qui a établi la fumeuse théorie de la race supérieure et des races inférieures…

Les Républicains n’ont jamais caché leurs penchants racistes. Le sénateur Ron Johnson s’est récemment illustré. Dans une entrevue sur l’assaut du Capitole le 6 janvier, il a affirmé, sans sourciller : « Je savais que c'étaient des gens qui aimaient ce pays, qui respectaient vraiment les forces de l'ordre, qui ne feraient jamais rien pour enfreindre la loi, donc je n'étais pas inquiet. » Il ajoutait : « Si les rôles avaient été inversés et que le président Trump avait remporté les élections et qu'il s’était agi de dizaines de milliers de manifestants de Black Lives Matter, j'aurais peut-être été un peu inquiet. »

Comme les émeutiers étaient blancs, cela l’a rassuré. Mais s’ils avaient été noirs, il aurait eu peur…

 

Dirty tricks

Ainsi donc, il appert que l’ambassadeur Enders aurait informé le Secrétariat d’État de la volonté de Trudeau 1er de nuire à l’économie du Québec après l’élection du PQ, en 1976.

Les préposés aux basses œuvres fédérales ont toujours été très actifs au Québec, dès lors que celui-ci tente de relever la tête.

Cette information, illustrant le machiavélisme du Prince, m’a rappelé quelques évènements qui se sont produits il y a plus de 30 ans. Le 9 octobre 1990 s’ouvrait la Commission parlementaire sur l’avenir du Québec. Brian Mulroney avait dit, quelques jours auparavant : « Nous allons être présents chaque jour que la Commission va siéger. » Le lendemain, 10 octobre tombaient quatre nouvelles d’origine fédérale annonçant des catastrophes économiques pour le Québec.

Le ministère de la Défense nous apprenait qu’il songeait à relocaliser en Ontario la base de Longue-Pointe, dans l’Est de Montréal. 1200 employés civils et 300 militaires étaient mis en cause.

Un document en provenance d’Ottawa soutenait que « la construction navale est condamnée au Québec à moins d’aide fédérale ».

Air Canada annonçait la vente de son siège social à Montréal. 3000 employés seraient mis à pied.

On nous faisait aussi savoir que le Canadian National projetait couper 750 postes à Montréal.

Tout ça le lendemain de l’ouverture de la Commission sur l’avenir constitutionnel du Québec… Un hasard ? Allons donc ! Le hasard, c’est la mystification faite à celles et ceux qui ne savent pas lire. Cela n’existe pas en politique.