Les employés du secteur public sont présentement en négociation et se font niaiser royalement par le gouvernement Legault. C'est devenu une tradition pour les gouvernements en place, d'autant plus que les syndicats n'ont guère la cote populaire. La CAQ, qui est née au sein du patronat, ne fait pas exception.
Secteur public: ça veut dire surtout le personnel des HÔPITAUX et des ÉCOLES. Deux secteurs qui sont à la base d'une société progressiste et heureuse. Deux secteurs où depuis les grandes réformes sociales de la Révolution tranquille, on ne cesse d'accumuler du mépris, du déni, de la mesquinerie, de la négligence, de l'aveuglement, de l'improvisation, de l'étroitesse d'esprit, de la centralisation administrative et du manque de vision.
Si j'étais premier ministre, ou simplement militant d'un parti politique, je proposerais un investissement MASSIF – pas des millions, des milliards! – dans le système de santé et le système d'éducation: le personnel, les salaires, les équipements, les bâtiments, les méthodes, la prévention, etc. Les maladies de notre civilisation sont de plus en plus lourdes et les troubles d'apprentissage et de persévérance scolaire sont de plus en plus envahissants: il faut s'y attaquer. Une société développée l'exige.
Le lien de ces enjeux avec la crise sanitaire et la crise environnementale n'est pas très loin d'ailleurs car, comme beaucoup l'ont souligné, cette dégradation de notre système de santé et d'éducation est aussi le résultat de notre société toxique et mercantile.
Il faut avoir le courage, pour financer ces opérations, de s'attaquer aux scandaleuses inégalités de revenu qui ne cessent de se creuser depuis l'avènement du néolibéralisme « tout au marché » à partir des années 80. Une réforme monétaire et fiscale est incontournable. L'idée d'un revenu garanti, sous forme d'une allocation de base universelle et inconditionnelle devrait aussi faire partie de ce redressement des revenus individuels et publics qu'il faut faire si on veut avoir une chance de sauver la civilisation et la démocratie. Les mesures proposées par Piketty et Stigliz vont dans ce sens.
On s'en va nulle part avec des petits programmes, des petits budgets et des réformettes à gauche et à droite; il faut un vrai programme de réforme, comme en 1960. Il faut une deuxième Révolution tranquille.