L’auteure est déléguée syndicale de l’école Marie-Rivier, membre de la délégation du Conseil Fédératif de négociation FAE
En ces temps de négociations de la convention collective des enseignantes et enseignants, certains des élèves nos écoles se questionnent. Pourquoi les profs portent-ils tous une tuque rouge ou un chandail noir qui dit qu’ils méritent d’être respectés? Pourquoi Mme Afida et Mme Sophie n’ont pas la même couleur de tuque ni les mêmes lettres? Que répondre?
Au primaire, on leur fait comprendre à demi-mot que ce sont des histoires de grands. Rendus au secondaire, plusieurs ne posent même plus la question. À l’éducation des adultes, à la formation professionnelle, les étudiants ont d’autres préoccupations. Dans ma classe, aucun sujet n’est tabou. Tout s’explique, suffit de trouver les mots adaptés à l’âge.
L’histoire du syndicalisme tel qu’on le pratique au Québec a fait avancer la cause des travailleurs.es. Dès sa création, en France avec la loi Waldeck-Rousseau en 1884, les travailleurs et paysans, en formant une coalition, ont pu dénoncer leur exploitation par la bourgeoisie et les seigneurs et revendiquer de meilleures conditions de travail. Ceux de Chicago à la même époque ont réclamé la journée de 8 heures de travail, 8 heures de loisir et 8 heures de repos. Le Québec est ce qu’il est aujourd’hui grâce aux syndicats. Au 19e siècle, les travailleurs canadiens-français et les Irlandais ont souffert de l’exploitation des patrons anglophones et étrangers. Avec l’industrialisation du Québec, la syndicalisation des ouvriers a permis des conditions de travail plus sécuritaires et adéquates. Dans les années 80, ce sont les femmes qui ont pu revendiquer et obtenir de meilleures conditions. Encore à ce jour, l’équité salariale entre hommes et femmes est loin d’être acquise, mais les femmes syndiquées ont en général un salaire plus élevé et de meilleures protections que celles qui ne le sont pas et l’écart entre les hommes et les femmes est moins que ce qu’il était il y a 25 ans.
Étant une syndicaliste enseignante très impliquée, j’ai à m’absenter de ma classe surtout en période de négociations. Je ne pouvais dire à mes élèves que j’étais malade une ou deux fois par semaine, pendant plusieurs semaines. J’ai dit la vérité. J’ai expliqué que j’étais une déléguée syndicale et mon rôle lors des réunions d’instance ou de comité est d’être la représentante de mes collègues. Je leur ai aussi expliqué ce qui m’avait amené à militer aussi intensément était ma passion de l’éducation.
Je fus surprise de voir comment mes élèves de 6e année avaient tellement de questions et surtout leur intérêt à comprendre. Est-ce que j’en fais des futurs syndicalistes? C’est comme de dire que si je parle de sexualité en 6e année à mes élèves, ils vont devenir actifs sexuellement.
En ces temps de pandémie et de négociations de convention collective, les syndicats sont critiqués par certains dans la population qui nous culpabilisent de ne pas avoir perdu nos jobs et par certains de leurs propres membres qui trouvent qu’ils n’en font pas assez pour valoriser notre profession. Nous nous sommes battus pour avoir une sécurité d’emploi. Un acquis légitime pour toutes et tous ! Pourquoi faudrait-il y renoncer ? De plus, les mandats confié au syndicat émanent d’instances démocratiques universelles où les membres sont consultés à fréquence régulière contrairement à ce qu’on voit dans un parti politique. Si on veut que des choses changent dans notre syndicat, il faut y participer tout le temps.
Mais une chose est certaine l‘éducation syndicale doit être faite tôt ou tard pour nos jeunes qui seront les futurs travailleurs.euses du Québec.
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