L’élection de Biden, une victoire syndicale

2021/05/21 | Par Luc Allaire

Au Québec, il serait difficile d’imaginer des organisations syndicales s’impliquer à fond dans une élection non seulement pour battre un gouvernement sortant, mais pour appuyer un parti politique. Aux États-Unis, c’est tout à fait le contraire. On a vu toutes les grandes organisations syndicales s’investir à fond pour défaire le président Trump et faire élire le candidat démocrate Joe Biden.

Aujourd’hui, ils s’en félicitent. La présidente de l’American Federation of Teachers affiliée à AFL-CIO, Randi Weingarten, déclarait lors du Jour de la Terre, le 22 avril dernier : « Parce que nous nous sommes souciés, nous nous sommes battus, nous nous sommes présentés et avons voté en novembre dernier, nous avons maintenant un président et une administration qui se consacrent à aider notre pays à se remettre de la pandémie de la COVID-19. L’American Rescue Plan a aidé à mettre de l’argent dans les poches des gens et des vaccins dans les bras des gens. Désormais, le président Biden se concentre sur la création de nouveaux emplois verts et un avenir durable, pour véritablement ‘‘reconstruire en mieux’’. Nous avons une réelle opportunité de faire en sorte que notre économie, notre environnement et nos communautés prospèrent. »

Cette opportunité dont parle la présidente de AFT, c’est le Thrive Act (que l’on pourrait traduire par « Loi pour la prospérité »). Cette loi, si elle est adoptée par le Congrès, permettra d’investir un minimum de 1 000 milliards de dollars par année pendant plus de dix ans afin de créer 15 millions d’emplois et atteindre le plein emploi. Cela créera :

  • Plus de 2 millions d'emplois dans le secteur de l'éducation et des soins de santé : enseignants et travailleurs de la santé pour les soins aux enfants, aux personnes âgées et la santé publique.
  • Plus de 5 millions d'emplois pour mettre à niveau les infrastructures pour une eau propre, des transports publics abordables et un réseau électrique fiable.
  • Plus de 4 millions d'emplois pour fabriquer les installations et élargir l'accès à l'énergie éolienne et solaire, aux véhicules électriques et aux bâtiments propres et sains.
  • Près de 4 millions d'emplois pour protéger les zones humides et les forêts et investir dans les fermes familiales qui adoptent une agriculture régénératrice.

La loi Thrive vise également à renforcer le pouvoir des travailleurs et à lutter contre les inégalités en :

  • Élargissant le droit de tous les travailleurs de former et d’adhérer à des syndicats et de négocier avec leurs employeurs avec l’adoption de la loi sur la protection du droit d’organisation et la loi sur la liberté de négociation dans la fonction publique.
  • Garantissant des normes de travail rigoureuses pour tous les emplois créés par les investissements THRIVE : des salaires et des avantages pour la famille, des programmes d'apprentissage et de préapprentissage syndicaux, des conventions collectives de projet, le renforcement des normes du Buy American et plus encore.
  • Protégeant les salaires et les avantages de tous les travailleurs ou communautés affectés par la transition économique vers les énergies renouvelables.
  • Empêchant la privatisation de tous les emplois du secteur public et des ressources publiques.

En outre, ajoute Randi Weingarten, « la loi Thrive garantira la justice environnementale, protégera les droits des tribus amérindiennes et autochtones de l'Alaska et inclura des objectifs climatiques contraignants pour garantir une énergie propre à 100 % d'ici 2035. Si elle est adoptée, elle permettra aux communautés laissées pour compte depuis des décennies de s’en sortir en créant un avenir où nous pouvons prospérer au lieu de simplement survivre ».

Le projet de loi Thrive est un élément majeur du Green New Deal proposé par l’administration démocrate en référence au New Deal adopté par Franklin Delano Roosevelt dans les années 1930 pour sortir de la grande dépression. Il est appuyé par une large coalition composée d’organisations environnementales comme le Sierra Club et le Sunrise Movement, des organisations de jeunes et plusieurs organisations syndicales comme le SEIU (Service Employees International Union), et par le Green New Deal Network.

Il bénéficie aussi du soutien d’artistes comme Jane Fonda, qui a participé à une assemblée de type Town Hall organisé par AFT le 13 avril. Jane Fonda a alors déclaré qu’elle faisait de la lutte aux changements climatiques la cause de sa vie. Militante au sein de Greenpeace, elle réclame l’adoption de ce projet de loi. Une représentante du Sunrise Movement, Varshini Prakash, et l’administrateur de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis Michael S. Regan, ont aussi pris la parole lors de ce Town Hall.

Ils ont souligné le fait que le projet de loi créera un conseil Thrive composé de représentants des communautés touchées, des syndicats et des nations autochtones pour guider les mille milliards de dollars de nouveaux investissements.

Si cet article était publié dans un journal syndical aux États-Unis, il se terminerait par un appel à contacter vos représentants à la Chambre des représentants et au Sénat pour qu’ils votent en faveur de ce projet de loi.

 

Édition numérique de l'aut'journal  https://campaigns.milibris.com/campaign/608ad26fa81b6a5a00b6d9fb/