Les travailleurs d'abattoirs de poulets ou de porcs sont les prolétaires des travailleurs agricoles, qui sont eux-mêmes des prolétaires, souvent étrangers, mal payés pour mettre leur santé et souvent leur famille en danger. Ce n'est pas pour rien qu'on manque de main d'oeuvre dans le domaine.
Au lieu de faire brailler tout le monde avec le massacre des pauvres petits poulets sacrifiés – poulets qu'on élève de toutes façons à l'année longue dans des conditions « inhumaines » sans que personne ne proteste – la coopérative beauceronne Exceldor n'a qu'à négocier sérieusement. Olymel, elle, semble réussir à éviter le pire jusqu'ici.
Rien ne nous permet de croire que leurs offres au syndicat sont parmi les « meilleures en Amérique », comme l'affirme le vice-président d'Exceldor, surtout quand on sait que les 400 propriétaires de la Coopérative en question sont eux-mêmes souvent des producteurs de poulet qui sont pleinement compensés pour l'euthanasie de leurs surplus de poulets par leur agence de vente. Les conflits d'intérêts sont d'autant plus évidents que le boss porte les deux chapeaux.
Le gouvernement Legault, qui n'est pas particulièrement pro-syndical, s'empresse de parler de loi spéciale et d'instituer un statut de service essentiel pour les abattoirs de poulet, de porc et dans les cas de surplus de lait. Le droit de négocier et de faire la grève n'aura bientôt plus de sens si on se permet de déclarer « service essentiel » à peu près tout!
Dans le cas présent – le poulet et le lait – l'obligation de négocier des salaires et des conditions de travail décentes est d'autant plus évidente qu'il s'agit de productions sous gestion de l'offre, où la production est contingentée et les prix sont à toutes fins pratique garantis. On n'a pas l'excuse de la concurrence des étrangers pour refuser d'accorder des salaires décents, quitte à en répercuter les augmentations dans le prix au consommateur.
Le poulet se vend à un prix dérisoire, toutes proportions gardées: un petit poulet à $5. c'est le prix d'un café latté au Starbuck!. Il n'y a aucune raison de sacrifier la santé et le bien-être de milliers de travailleurs à la chaîne.
La solution est simple : Exceldor, négociez, tabarnak! Et ouvrez la sacoche.
Et vous, les petits bobos au cœur sensible, placez votre compassion à la bonne place : les travailleurs d'abattoirs valent plus que les petits poulets BBQ: human lives matter!
Et vous les petits entrepreneurs caquistes, oubliez pas que c'est le vrai monde qui vous élit, le vrai monde mal payé et traité comme des robots.
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