L’auteur habite Racine
Je suis un auditeur assidu des nouvelles de RDI à neuf heures chaque soir. Depuis des années. Eh bien, croyez-le ou non, je n’ai pas ouvert la télé et j’ai continué à lire pendant les nouvelles. Pourquoi? Parce que le soir de la journée des autochtones, on s’embourberait encore pendant un long moment dans le mot « systémique ».
C’est vrai, malheureusement vrai, que nous avons vraiment maltraité les premiers occupants de la terre que nous occupons maintenant ensemble. C’est vrai que nous devons, collectivement et individuellement, revoir nos attitudes et nos comportements, séculaires maintenant. Le « rêve de Champlain » de traiter les premiers habitants en égaux est bien demeuré un rêve.
Quand je pense aux traitements que nous leur avons fait subir, à l’occupation « sauvage » de leurs territoires, aux maladies européennes qui les ont décimés, aux métis de Louis Riel qu’on a chassés du Manitoba et de la Saskatchewan qu’ils occupaient, quand je pense aux Béotuks de Terre-Neuve dont on a tué au fusil les derniers survivants qui fuyaient dans la mer, quand je pense au cantonnement dans des réserves par la loi sur les indiens, quand je pense au mépris inconscient mais bien réel qu’ils ressentent de notre part, quand je pense aux enfants des pensionnats, aux enfants sans nom dont on a voulu noyer la culture et dont on a perdu la trace, souvent dans la mort, quand je pense à toutes les Joyce Echaquan du Québec et d’ailleurs, mon cœur se serre.
Pour me guérir du mépris inconscient et peut-être plus profond que je le crois parce qu’il m’a été injecté par l’histoire, pour que mes frères innus ne le ressentent plus, je voudrais dégager un surplus de respect. Il faudra être moins « réservés » de part et d’autre, faire connaître l’histoire et la culture des nations autochtones, en commençant à l’école, bâtir des lieux et des moments de rencontres et d’échange, concevoir et travailler sur des projets conjoints, apprendre à fêter ensemble une histoire qui deviendra de plus commune.
Nous dépensons présentement une grande partie de notre énergie sur une querelle de mots, une querelle sémantique. Stérile et…. partisane. Si on ne se respecte pas entre nous, comment pourra-t-on respecter les autres?