Le pied à Papineau

2021/10/20 | Par Robin Philpot

Les anecdotes sur l'impossibilité de se faire servir en français à Montréal et à Gatineau s'accumulent. Le mépris de la langue française et de ceux et celles qui le parlent devient de plus en plus révoltant.

Le prétexte pour le nouveau mépris – car il n'y a rien de nouveau sous le soleil – est souvent une certaine idée d'une volonté de décoloniser nos esprits, nos institutions et notre vocabulaire. C'est pour cette raison qu'on tente de censurer de nouveau des livres comme celui de Pierre Vallières ou le poème Speak White de Michèle Lalonde. Et pourtant, ce sont deux ouvrages qui sont des cris du coeur contre le colonialisme et en faveur des peuples du monde qui combattent le colonialisme.

Pour d'autres, dont les nouveaux arrivants, c'est une ignorance totale de l'histoire du Canada et du Québec.

On ne peut leur en vouloir parce que personne, et surtout pas l'État canadien, ne leur a raconté l'histoire de la colonisation britannique du Canada, de son combat soutenu pendant des siècles pour éliminer la langue française et les langues autochtones de la place publique. À ce sujet, le Québec a failli aussi.

Le pire colonialisme est celui qu’on ignore, qu’on ne voit pas ou qu’on refuse de voir. C'était le cas avec les Autochtones.

Au Canada, actuellement, le colonialisme qu’on ne voit pas et qu’on refuse de voir est celui qui vise un quart de la population du Canada, celui qui vise les Canadiens français et les Québécois.

De grâce, qu'on ne se serve pas du prétexte de la décolonisation aujourd’hui pour effectuer une nouvelle conquête coloniale de Montréal et du Québec.

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Vérité et justice pour Thomas Sankara 34 ans après: entrevue avec Aziz Fall

Le Capitaine Thomas Sankara a été assassiné il y a 34 ans le 15 octobre 1987. Hier, il incarnait l'espoir de l'unité africaine et de sa libération de l'impérialisme et du néocolonialisme. Aujourd'hui, il est devenu le symbole du nouveau vent de d'espoir et de liberté qui souffle sur l'Afrique.

Aziz Fall, politicologue qui enseigne à l'UQAM et à McGill, travaille depuis des dizaines d'années pour que lui, ses 12 compagnons d'armes et le peuple burkinabe obtiennent justice et que toute la vérité sur son assassinat soit connue.

Aziz Fall décrit le parcours de Sankara, sa vision et son oeuvre qui a marqué les esprits pour toujours. Mais aussi son assassinat crapuleux, les intérêts impériaux enjeux à l'époque, et le vaste mouvement de mobilisation autour de Sankara.

On entend aussi des témoignages d'éminents africains qui exigent de connaître la vérité et que justice soit faite.

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La Chine: Navires de guerre US/CAN dans le détroit de Taïwan

Une guerre avec la Chine est plus proche qu'on le pense, surtout depuis le vendredi 15 octobre. Deux navires de guerre, le destroyer américain USS Dewey suivi de la frégate canadienne HMCS Winnipeg, ont pénétré dans des eaux territoriales chinoises en passant du sud au nord dans le détroit de Taïwan.

Cette action militaire a été vivement dénoncée par la Chine alors que Washington parle d'une « percée » (Breakthrough). Percée parce que c'est la première fois de l'histoire qu'une telle action militaire coordonnée par deux pays alliés a été effectuée dans ces eaux chinoises. Jamais auparavant deux « alliés » l'avaient fait. Bien sûr, le Canada y est entre autres parce qu'il a une dette envers l'administration Biden pour avoir réglé l'histoire de Mme Meng et les 2 Michaels.

C'est comme entrer dans la cour d’un voisin avec une arme d’assaut. Mais aussi en amenant un autre voisin qui porte, comme le Canada, un petit pistolet. Le voisin dont la propriété a été violée aurait raison d’appeler la police. Seul problème dans notre monde actuel, celui qui porte l’arme d’assaut s'arroge aussi le rôle de policier.

Comment réagiraient le Canada et les États-Unis si des navires de guerre chinois pénétraient dans le Golfe du Saint-Laurent en passant par le détroit de Cabot entre Terre-Neuve et le Cap Breton? Poser la question, c'est y répondre.

Les militaires américains ont déclaré que leur objectif était de démontrer leur engagement pour « un Indopacifique libre et ouvert ».

Ce « néologisme » Indopacifique n'est pas aussi nouveau qu'on le pense. Il s'agit d'un concept géographique mis au point au début du 20e siècle par l'Allemand Karl Haushofer mais qui est devenu une stratégie géopolitique très prisée par les Nazis et les leurs alliés japonais avant et durant la Seconde guerre mondiale. Question de sortir les Britanniques, Américains et Français de cette région d'Asie.

Biden le reprend à son compte avec pour objectif déclaré d'empêcher Chine de dépasser les États-Unis comme puissance économique. Comment y arriver: par des moyens militaires. Et le Canada dit: La guerre, YES Sir.

Voir réapparaître ce concept lourd d'histoire et de sens donne froid dans le dos.

Samir Saul a dit récemment à l'émission Le pied à Papineau que la guerre avec la Chine est plus proche qu'on pense.

L'action militaire effectuée par les États-Unis et le Canada le 15 octobre dernier nous en rapproche davantage.

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