Selon le Globe & Mail du 4 février 2022, Justin Trudeau et Chrystia Freeland seraient intervenus directement auprès du gouvernement ukrainien pour le dissuader d’arrêter et d’emprisonner l’ex-président Petro Poroshenko afin de ne pas attiser une crise interne en Ukraine. Des sources canadiennes en Ukraine auraient appris que le président Zelensky s’apprêtait à ordonner son arrestation et porter des accusations de trahison et de financement du terrorisme.
Nous ne voulons pas commenter la situation politique interne de l’Ukraine, mais il est quand même incroyable que Trudeau et Freeland s’ingèrent dans les affaires intérieures du gouvernement ukrainien pour lui dicter sa ligne de conduite, au même moment où il fait le même reproche à la Russie.
La plus active aurait été, selon le Globe, Mme Freeland. D’origine ukrainienne, Chrystia Freeland parle couramment l’ukrainien. Sa mère a contribué à la rédaction de l’actuelle constitution ukrainienne. Ce qui est moins connu est que son grand-père maternel Michael Chomiak a dirigé un journal fasciste en Pologne lors de l’occupation nazie, sans jamais qu’elle le répudie.
Mme Freeland serait intervenue auprès du chef de cabinet de M. Zelensky en faisant valoir que l’inculpation de M. Poroshenko risquait de fragiliser l’unité nationale ukrainienne face à la Russie. Selon le Globe, l’intervention de Mme Freeland aurait été l’intervention clef qui a incité le gouvernement ukrainien à changer d’idée.
Nous savions que Mme Freeland en menait large au Canada, où plusieurs considèrent qu’elle est au poste de commande du gouvernement Trudeau. Nous savons maintenant qu’elle en mène tout aussi large en Ukraine.
Une longue histoire d’ingérences
Déjà, sous Stephen Harper, le gouvernement canadien s’était impliqué dans le renversement du gouvernement légitimement élu d’Ianoukovitch le 23 février 2014. Le 14 février, John Baird, le ministre des Affaires étrangères annonçait l’octroi de fonds destinés aux activistes ukrainiens par l’entremise d’une contribution à l’International Renaissance Foundation, une organisation non gouvernementale ukrainienne, fondée par le milliardaire américain d’origine hongroise George Soros. Deux semaines plus tard, le ministre Baird se rendait en Ukraine où il apportait un soutien ouvert au renversement du gouvernement démocratiquement élu d’Ianoukovitch en se faisant filmer en portant le foulard des opposants. Le Canada est aussi intervenu massivement par la suite dans les différentes élections ukrainiennes avec l’envoi de centaines de soi-disant « observateurs » provenant de la communauté ukrainienne canadienne.
Selon le Globe & Mail, des diplomates et des politiciens canadiens ont joué un rôle de premier plan dans la « Révolution orange » de 2004. L’ambassade canadienne aurait versé plus d’un demi-million de dollars et aurait organisé des réunions secrètes avec les représentants de 28 ambassades de pays occidentaux pour influencer le résultat de l’élection.
Un Canadien d’origine ukrainienne, M. Wrzesnewskyj, s’est vanté à l’époque d’avoir investi 250 000 $ de sa fortune personnelle dans l’élection en faisant transiter les fonds par l’intermédiaire de l’Université de l’Alberta. Il a parrainé le contingent de 500 observateurs venus du Canada à même des fonds fédéraux et de 500 autres Ukrainiens venus de façon « indépendante ».
Une communauté divisée
La diaspora ukrainienne au Canada, la plus importante à l’extérieur de l’Ukraine, est divisée sur la situation politique en Ukraine. Le Congrès ukrainien canadien soutient ardemment l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et exerce une pression constante sur le gouvernement canadien pour qu’il augmente son assistance militaire. De toute évidence, Mme Freeland se range sur ses positions.
Mais le chapitre de Winnipeg de l’Association unie des Ukrainiens canadiens est d’un tout autre avis. Son président, Glenn Michalchuk, croit plutôt que l’Ukraine devrait se rapprocher de la Russie. « Plusieurs Ukrainiens craignent qu’un trop grand rapprochement avec l’Union européenne entraîne la mise aux enchères d’actifs ukrainiens et des coupures dans les programmes sociaux », a-t-il déclaré au Globe & Mail (1er février). Son organisation, ajoute-t-il, n’appuie pas l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et, selon lui, l’action du gouvernement canadien « ne fait qu’aggraver la situation ».
Le Canada proclame haut et fort qu’il appuie « l’indépendance » de l’Ukraine face aux visées russes. Son action contredit cette affirmation. Il intervient outrageusement dans les affaires ukrainiennes depuis de nombreuses années. Chrystia Freeland devrait être tenu à l’écart de ce dossier.