Star Académie 2022 : I want to pogne

2022/02/09 | Par Jean-François Vallée

Qu’ils ou elles soient de Coaticook, Sherbrooke, Montréal, Gatineau ou Québec, nos ambitieux des cordes vocales du premier variété de Star Académie 2022 ne se distinguaient absolument en rien des autres interprètes de l’anglosphère. Même langue, même accent, même dégaine, même gestes… empruntés. Dix des quatorze candidats ont choisi de se présenter au jury avec des chansons dans leur langue seconde. La règle d’or : chanter tout, sauf ce qui vient d’ici. Il faut le faire ! La nouvelle devise de ces jeunes Québécois : être autre que soi. À tout prix.

Imaginez l’inverse pendant son équivalent à Toronto : 10 chansons sur 14 en… français. Tout simplement im-pen-sa-ble…

Les deux Acadiens, eux, ont cru bon chanter en français. Comme quoi le Canadien français se raccroche à sa langue seulement quand, acculé au bord du précipice, il se sent tellement menacé de disparaitre qu’il se prend d’une affection aussi soudaine que désespérée pour sa propre culture.

L’humoriste de service à la résidence de luxe des Académiciens, Pierre-Yves Roy-Desmarais, a même consacré une partie de son sketch pour rire du désir des juges d’entendre plus de chansons en français.

De son côté, la courageuse équipe de Star Académie déploie des trésors d’imagination pour sauver la face au français, en orchestrant de remarquables hommages à l’œuvre de Daniel Bélanger ou en confiant la rédaction de la chanson thème à Laurence Nerbonne, qui pour demeurer de son temps, les fait chanter à l’unisson : « Never look back. » En effet : ne nous tournons surtout pas sur notre passé français, vivons franglais en attendant de passer définitivement à la langue de l’autre.

Le comble : l’artiste invité pour plaire à ces jeunes : Fouki. Goûtons ensemble un extrait de ses chansons dignes d’un grand poète : « Tout jeune dans le game but i’m the man (No Offense) », ou encore « Back then on chillait fort yeah (Back Home) ». Un as du franglais. Le champion du chiac de Moncton en plein cœur de Montréal. La nullité de ses textes est proprement abyssale, autant en anglais qu’en français d’ailleurs. Et c’est le modèle qu’on présente à la nouvelle génération…

En attendant, keepons hanged on à leur lips, restons hooked à leurs lyrics, on pourrait all être surprised.