LL.D., membre du Regroupement Des Universitaires
Après deux ans de pandémie, je me demande où sont passés nos universitaires éclairés, nos intellectuels de gauche, nos journalistes courageux. Tout ce que je vois, c’est un Québec fracturé entre deux groupes ennemis: d’une part, les sauvés (ou vaccinés) et, d’autre part, les non vaccinés ou « anti-vax » comme on aime les appeler pour faire simple, car la complexité n’est pas recommandée par les firmes privées de « gestion de crises sanitaires » qui conseillent actuellement nos gouvernements.
Une question d’intérêt
Ces firmes, qui ont reçu des millions d’argent public par le biais de contrats de gré à gré, sans appels d’offres et sans aucune balise ni transparence, sont impliquées dans toutes les décisions relatives à la santé ou à l’économie. Au lieu d’investir dans les soins aux personnes âgées ou dans la ventilation des écoles, le gouvernement Legault préfère s’entourer de ces nouveaux gourous qui se substituent à nos experts indépendants et à notre fonction publique. Suis-je la seule à m’inquiéter de l’emprise de la firme McKinsey sur notre gouvernement et notre démocratie? D’autant plus que cette firme américaine très controversée qui a conseillé le président Donald Trump et l’Arabie Saoudite ces dernières années représente aussi des grandes pharmaceutiques. Il y a lieu de se demander si les décisions sont prises au nom du bien commun ou plutôt dictées par les intérêts privés défendus par ces grandes firmes.
Une passivité déconcertante
Et le plus désolant, c’est que ces influenceurs de l’ombre ont la voie libre, car la gauche est complètement neutralisée et servile, la droite dérive et, entre les deux, nos universitaires regardent des vidéos de petits chats. En tant que citoyenne, je me demande si j’ai encore le droit de me questionner sur l’innocuité à long terme des vaccins à ARN messager (ARNm). On nous les vante comme étant des produits sûrs et efficaces, même si ces produits n’empêchent ni l’infection ni la transmission, et que les études cliniques de phase 3 ne sont même pas terminées. Quels seront les effets secondaires cumulatifs à moyen et à long terme de ces injections répétées sur notre système immunitaire et sur notre santé?
Il serait peut-être important de réaliser que ces vaccins ne sont pas développés par des laboratoires publics, mais par des entreprises privées qui misent, avant tout, sur la maximisation de leurs profits. En passant, où sont les études qui concluent que nous devons obtenir une couverture vaccinale de 100% pour garantir notre sécurité dans un contexte où les virus ne connaissent pas de frontières? Et combien de doses faudra-t-il inoculer à chacun d’entre nous? Trois? Cinq? Dix? Autant qu’ils en ont achetés?
Un déni de science
Et peut-on s’inquiéter des dérives possibles d’une gestion sanitaire « à la chinoise », qui utiliserait nos données de santé pour identifier les « ennemis de l’État », en l’occurrence, les personnes non vaccinées, et les punir par des taxes? Et que dire des études douteuses qui ont été utilisées pour justifier le deuxième confinement ou encore le peu de fiabilité et le manque de transparence des données COVID? Devant ce déni de science, ce gâchis de fonds public, ce populisme manichéen, une partie de la population a peur et l’autre se rebiffe, pas toujours gracieusement, mais comment peut-on les blâmer quand il y a un tel vide dans notre espace démocratique?
Appel aux débats publics
Je me demande bien si nous pourrons enfin avoir ces débats essentiels sur la santé, la santé publique et la démocratie. En France, ces débats ont lieu depuis plusieurs mois. Alice Desbiolles, médecin de santé publique, intervient régulièrement dans les médias pour rappeler que la santé est un état complet de bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en l’absence de maladie. Elle dénonce l’approche actuelle qui néglige les aspects sociaux de la crise et la santé mentale des populations. Quant à la philosophe Barbara Stiegler, elle rappelle que les progrès en santé publique ont toujours été atteints par une approche démocratique et sociale des problèmes et non par une approche autoritaire. L’OMS va d’ailleurs dans le même sens et ne préconise pas l’utilisation de dispositif comme les passeports sanitaires. Pour Barbara Stiegler, il ne faut pas opposer droits individuels et santé, car il ne s’agit pas de choisir entre les deux. Notre époque commande, au contraire, une alliance intime entre la santé et la démocratie, et de travailler à tisser un lien de confiance entre le savoir scientifique et les citoyens.
L’importance du dialogue
Il est impératif de développer d’autres alternatives à la stratégie du « tout vaccinal » qui nous condamne à la division et à l’éclatement. Au lieu de rester les bras ballants en attente de nos injections aux trois mois, nous devons reprendre notre santé en main, réserver les vaccins pour les populations les plus à risque, privilégier les gestes barrières, favoriser autant les activités physiques que sociales, lutter contre l’obésité et le diabète, etc.
Il faut aussi restituer ce débat dans le bon contexte, qui est celui de la destruction de la biodiversité qui amplifie les contacts avec ces agents pathogènes. Et surtout, il faut pouvoir en discuter, impliquer tous les acteurs, y compris les populations et inclure l’apport des sciences sociales. Abandonner à tout prix cette logique répressive du « crois ou meurs » qui ne mène nulle part. Il faut enfin retrouver notre système démocratique qui est en pause depuis trop longtemps avec des conséquences néfastes. En 2022, je souhaite que nous prenions tous un pas de recul et que nous sortions de cette logique binaire et simpliste. Reprenons le dialogue, refusons les discours de haine et restons ouverts et bienveillants les uns avec les autres. Je pense que ce sera la seule façon de s’en sortir.
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