L’autrice habite Trois-Rivières
Le 30 mars dernier se tenait une rencontre d’information sur le développement du parc industriel 40/55. J’y étais en présence, car j’avais espoir que ma Ville me propose des alternatives pour la protection des milieux humides dans ce secteur. Quelle déception!
Nous savons pourtant que les milieux humides et hydriques sont pleins de vie et sont bénéfiques pour la santé de notre collectivité!
Ce sont des écosystèmes qui se doivent d’être conservés vu leur grande valeur environnementale, d’autant plus que nombre d’entre eux ont été sacrifiés par le passé au nom du développement (ex.: District 55, secteur des Récollets, etc.).
Pourquoi ma Ville et son bras économique (IDE) ne s’en préoccupent pas alors que déjà, nous savons que Trois-Rivières est en déficit de milieux humides et que ces pertes pourraient aggraver des problématiques comme celles des inondations?
La gestion durable des eaux de pluie passe par l’infiltration, et non le ruissellement qu’amènent l’asphalte et le béton, d’autant plus quand ce sont des milieux humides qui s’y trouvaient auparavant.
Pourtant, nous savons qu’il y a des alternatives. Lors de la rencontre d’information, des citoyens, des scientifiques, des experts ont proposé d’autres sites, d’autres possibilités que l’on pourrait préférer à cette destruction de nos milieux humides.
Mais la Ville veut densifier son parc industriel 40/55 pour que les industries puissent avoir une belle visibilité, une vitrine sur l’autoroute.
La présidente de la Chambre de commerce et d’industries de Trois-Rivières, Me Cassie Bernier, est venue témoigner son appui au projet en précisant que les industries ont aussi des considérations environnementales.
Bien entendu et nous souhaitons vivement attirer de telles entreprises soucieuses de l’environnement, non polluantes et bienveillantes envers leurs travailleurs et travailleuses. Par contre, si pour les recevoir la Ville doit trouver une place en détruisant l’équivalent de 24 terrains de soccer de milieux humides, c’est inacceptable en 2022.
Les considérations environnementales doivent s’articuler concrètement, au-delà du discours.
Je comprends bien que la fiscalité municipale est majoritairement basée sur la taxation, mais gardons également en tête que ces nouveaux revenus engendreront inévitablement de nouvelles dépenses en infrastructures, entretien, etc.
De plus, la Ville indique qu’avec les changements réglementaires de 2018, il faudrait maintenant verser entre 4 et 7 millions de dollars en dédommagement pour la perte de ces milieux humides (le Québec vise aucune perte nette de milieux humides et hydriques depuis 2017).
On ne peut fermer les yeux et faire comme si cette réglementation n’existait pas, sur la simple prémisse que le certificat d’autorisation est toujours valide.
On sait aujourd’hui ce que cette destruction coûte en termes de services rendus à la collectivité par ces milieux (séquestration du carbone, filtration de l’eau, etc.), alors pourquoi faire comme si ça n’existait pas?
Les évaluations économiques de la Ville concluent-elles à la rentabilité du projet en déboursant cette somme? La Ville serait-elle prête à faire preuve de courage et à verser cette somme au Fonds Éclore, un fonds local qui vise la conservation des milieux naturels sur le territoire? Encore faut-il que le projet soit conforme à sa propre stratégie de conservation des milieux naturels, une démonstration qui n’a pas encore été faite.
La croissance économique oui, mais pas à n’importe quel prix et surtout pas en pelletant le problème à nos générations futures comme ce fut dit lors de la rencontre d’information. Quand apprendrons-nous enfin de nos erreurs du passé?
Faisons bien les choses dès maintenant même si on doit refaire nos devoirs.
Prenons les meilleures décisions pour nous, pour nos enfants et nos petits-enfants.
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