Ce qui nous lie et Ce qui nous délie

2022/04/29 | Par Pierre Mouterde

L’auteur est sociologue et essayiste
 

Extrait d’un article paru sur le site Presse-toi à gauche
 

Et sans vouloir faire ici une analyse exhaustive de ces 2 ouvrages, ce qu’on peut cependant dire, c’est que l’un et l’autre, chacun à leur façon mettent en place des éléments du débat, mais plutôt à la manière d’un espace de discussion qu’ils commencent à ouvrir, et dont aucun des deux ouvrages ne détient à lui seul la partition entière. Du côté des auteurs de Ce qui nous lie, on peut ainsi noter l’intérêt des intervention de Natasha Canapé Fontaine (qui rappellera l’importance de se tourner vers ce qui nous lie entre Autochtones et Allochtones), ou encore de celle de Gabriel Nadeau Dubois (qui insistera sur l’ampleur, mais aussi sur la nécessité de la tâche de l’indépendance), tout comme de celle de Ruba Ghaza qui mettra en valeur l’importance de la langue dans la constitution d’un peuple. Mais on n’en sera pas moins déçu par le caractère abstrait et détaché de la plupart des propositions avancées, coupées de tout contexte stratégique précis et de toute réflexion approfondie concernant la question pourtant centrale, à l’heure des dérives identitaires droitières, de l’identité d’un peuple ; le projet de constituante à la QS servant, il est vrai, de référence ultime mais sans jamais avoir pu être approfondi comme tel.

Quant à ce qui Ce qui nous délie, qui se veut une réaction critique aux affirmations contenues dans Ce qui nous lie, au-delà du caractère souvent inutilement polémiste et étroitement anti QS de certaines des contributions, au-delà aussi d’une présentation réductrice de la laïcité et de la loi 21, les présentations d’André Binette (sur la question autochtone) de Gilles Gagné (sur la question environnementale) et de celles de Pierre Dubuc (sur le rôle du Canada), sont autant de contributions utiles, quoique partielles, qui ont commencé à questionner –arguments à l’appui— certains des manques les plus patents du petit opuscule publié sous les auspices de QS.

N’est-ce pas ainsi, en poursuivant ce débat, en développant ces discussions, en les approfondissant, en s’extrayant au passage des ornières des sectarismes militants, que nous pourrons mieux nous préparer à façonner, pour le Québec d’aujourd’hui, quelques parades politiques effectives aux maux contemporains de la fragmentation et ainsi faire réellement échec à la montée de la droite et de son nationalisme conservateur ?