Michel Rioux, témoin privilégié de l’évolution du Québec

2022/05/06 | Par L’aut’journal

(NDLR) Notre chroniqueur Michel Rioux a été secrétaire bénévole au conseil d’administration du Devoir Inc. depuis 2001. Il vient de prendre sa retraite. À cette occasion, il a prononcé une allocution devant le Conseil d’administration dont Le Devoir a publié de larges extraits dans son édition du 30 avril. Mais la version intégrale contenant plusieurs passages fort intéressants omis dans le texte publié, sans aucun doute pour des raisons d’espace, Michel nous a donné l’autorisation de publier des extraits de son texte.
 

L’ensemble de ma vie professionnelle et militante s’est déroulé surtout dans l’ombre de personnages, souvent plus grands que nature et dont l’histoire a déjà commencé à retenir les noms. Que ce soit dans les années soixante, au Ministère des Affaires intergouvernementales, où j’ai côtoyé les Parizeau, Morin, Bernard et autres hauts fonctionnaires, qui sont à peu près tous devenus sous-ministres pendant que moi, le mouton noir syndicaliste, j’ai passé une bonne partie de ma vie en opposition à plusieurs de leurs politiques.

Ou encore dans le premier Conseil de la langue française où se sont élaborées, à compter de 1978, les grandes politique découlant de la loi 101 et où j’ai travaillé avec les Camille Laurin, Marcel Dubé, Pierre Vadeboncoeur, Jean-Charles Falardeau, Jean Marcel, Guy Rocher et autres figures de proue du milieu intellectuel québécois.

À la CSN surtout, où j’ai milité près de 30 ans au Service de l’information en prêtant ma plume – en l’occurrence une Remington portative… – aux Marcel Pepin, Gérald Larose et Norbert Rodrigue. Robert Blondin et moi avons rédigé une biographie de Norbert qui doit sortir des presses aujourd’hui. Norbert avait ceci de particulier que contrairement à tous les présidents depuis Gérard Picard, il n’était pas un universitaire, n’ayant même pas terminé sa sixième année alors qu’à 14 ans, il travaillait comme showboy dans un camp de bûcherons dans les forêts des environs de La Tuque. Mais quelle intelligence intuitive…
 

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Sans que nous n’en n’ayons pleinement conscience au moment où nous les vivons, les évènements qui tissent le canevas d’une vie prennent tout leur sens quand on les considère non pas dans leur immédiateté, mais sur la longueur du temps. Ce sont plusieurs de ces moments que, mis en perspective, j’ai l’intention de vous présenter aujourd’hui.

De certains de ces moments pourra se dégager un sens, même si, à première vue, ils pourront n’être perçus que drôles. D’autres apparaîtront davantage signifiants. Mais curieusement, et je m’en suis rendu compte en réfléchissant aux propos que je vous tiens, Le Devoir est souvent apparu en toile de fond de ce qu’a été mon cheminement personnel.

* En 1956, je venais d’avoir 12 ans. Parti de ma lointaine Gaspésie, je me suis retrouvé dans un séminaire séraphique – c’est ainsi qu’on appelait les fils de François d’Assise. À la bibliothèque, il y avait bien sûr le journal l’Action catholique. Mais aussi Le Devoir. J’en devins un lecteur assidu. J’ai su plus tard que notre journal était là grâce au Père Jean-de-la-Croix, de son vrai nom Jean-Roch Rioux, de Trois-Pistoles. Tous les Rioux sont parents, n’ayant qu’un seul aïeul…

* Ce capucin, je l’ai appris plus tard, était un membre actif de La Patente, cette association secrète vouée à la promotion des Canadiens-français et qui fut fort active jusqu’à l’élection des libéraux de Jean Lesage. Or la cheville ouvrière de La Patente s’appelait Rosaire Morin, un économiste nationaliste originaire du Bas-du-Fleuve. C’est ce même Morin qui en 1994, m’a approché pour être membre du comité de rédaction de la revue l’Action nationale. Je me souviens lui avoir demandé s’il n’avait pas peur de faire entrer dans sa bergerie un loup socialiste… « J’en ai vu d’autres », m’a-t-il répondu. Fin d’un cycle : il y a quelques jours, on m’a remis la médaille Rosaire-Morin accordée à un militant qui, par ses écrits et son action, a contribué à l’avancement de la conscience nationale et de l’indépendance.

Je poursuis avec ce que je considère être des évènements signifiants, toujours en lien avec Le Devoir.

* En 1965, je suis chroniqueur syndical au Soleil. (Une affectation qui malheureusement n’existe plus dans nos quotidiens.) Un conflit sévit dans un poste de radio, CKCV, une entreprise de la famille Baribeau de Lévis dont le propriétaire est un ami personnel du propriétaire du Soleil, le colonel Gilbert. Je rapporte la décision du Conseil du travail de la FTQ d’organiser un boycott de cette radio. La direction de CKCV refuse de me donner son point de vue. Le directeur de l’information me le reproche. Du haut de mes vingt ans, je lui dis : Je suis chroniqueur syndical, pas chroniqueur patronal ! Le lendemain, j’étais muté correspondant à Charlesbourg et deux jours plus tard, congédié. Le syndicat prend ma défense. Son président : Clément Trudel ! Les journalistes déclenchent une grève qui va durer 7 heures au terme de laquelle ils obtiennent toutes leurs revendications, sauf mon réengagement… Quelques années plus tard, Clément sera au Devoir où, durant 30 ans, homme discret et respecté, il fera sa marque. En 2010, parlant du Devoir, Clément avait dit  que «  trois décennies comme journaliste au Devoir m’ont permis de constater que les relations de travail s’y déroulent sous le signe d’une vigilance tendue. Il est rarissime que ce soit pour un enjeu de gros sous ».

* Le 8 mars 1967, le directeur adjoint de l’information du Devoir, Guy Ferland, annonce son départ du journal. Ferland était un journaliste très respecté qui avait travaillé au Soleil et à La Presse antérieurement. Dans une lettre au directeur Claude Ryan, il écrit : « J’ai décidé de quitter Le Devoir pour passer à la CSN. » Il croyait, explique-t-il, que Le Devoir, « avec son équipe d’une exceptionnelle qualité, pourrait devenir le point d’appui de ceux qui croient au mouvement comme en une loi de la nature ». J’ai publié cette lettre, avec d’autres textes de lui, après son décès dans un livre paru chez VLB, en 2003. Or, c’est ce Guy Ferland qui, deux ans plus tard, en 1969, m’a recruté pour me joindre à lui au Service de l’information de la CSN. Nous étions deux journalistes à l’époque. Quand j’ai quitté la direction de l’information, nous étions quinze journalistes. Je fus en quelque sorte le Brian Myles de la CSN, lui qui a fait passer en quelques années le nombre de journalistes au Devoir de 46 à 110…

* Arrive la Crise d’octobre. Celles et ceux qui veulent se rappeler l’importance que peut jouer un journal dans une période trouble, où les droits et les libertés sont mis à mal par un pouvoir politique arrogant, doivent relire le livre publié quelques mois plus tard sous le titre Le Devoir et la Crise d’octobre. Cinquante ans après ces évènements, le politologue Guy Lachapelle rappelait «  ce contexte que nous avons peut-être oublié trop rapidement, soit celui d'une époque sombre où la suspension des droits et libertés fut acceptée et, plus troublant encore, acceptable au Canada. De plus, il nous force à nous rappeler que Le Devoir, sous la gouverne de Claude Ryan, fut le seul quotidien à s'opposer aux mesures d'exception édictées par les gouvernements et à voir dans les actions du Front de libération du Québec (FLQ) une menace moindre que les autorités avaient présentée aux Québécois. »

Or j’étais aux premières loges durant ces journées durant lesquelles un pouvoir aveugle a voulu imposer sa loi.

Le dimanche matin 16 octobre, quelques heures après le décès de Pierre Laporte, la ville de Montréal tout entière était écrasées sous une chape de plomb. D’instinct, nous nous sommes retrouvés quelques-uns à l’édifice de la CSN, rue Saint-Denis : Pierre Vadeboncoeur, André L’Heureux, Guy Ferland, Marcel Pepin. On me chargea de rédiger une déclaration qu’on proposerait à d’autres personnalités de signer. Il s’agissait d’un appel aux gouvernements pour sauver la vie de James Cross. René Lévesque, Louis Laberge, Yvon Charbonneau arrivèrent à la CSN. Lévesque écrit alors, dans mon bureau, un texte fort émouvant à la mémoire de Laporte, un ancien collègue du cabinet Lesage. Pepin contacta Claude Ryan et lui lu le texte de la déclaration. Le directeur du Devoir, qui travaillait à son éditorial du lendemain, ne pouvait se déplacer pour la conférence de presse. Mais prudent comme se doit de l’être tout journaliste soucieux de vérifier ses sources, il voulut avoir en main cette déclaration. Les FAX, et encore moins Internet, n’étaient pas dans le paysage à l’époque. Un militant de l’hôpital Notre-Dame, un dénommé Guillemette, fut chargé de la lui apporter en main propre. Guillemette mit près de deux heures à franchir les barrages policiers érigés sur les quelque 500 mètres séparant l’édifice de la rue Saint-Denis des bureaux de la rue Saint-Paul. Ryan approuva la déclaration, qui fut rendue publique en après-midi en présence des autres signataires.

Ce sont des épisodes comme celui-là qui en ont conduit certains, comme le maire Drapeau, à évoquer des tractations pour la constitution d’un gouvernement parallèle…

* C’est quelques années plus tard que la CSN et Le Devoir se sont croisées. On se souvient de toutes les péripéties qui ont marqué le Front commun syndical de 1972 – grève générale dans les secteurs publics et parapublics, manifestations d’appui aux grévistes dans plusieurs entreprises, dont les grands quotidiens qui ne seront pas publiés en solidarité, emprisonnement des présidents des trois centrales condamnés pour outrage à un tribunal présidé par un juge qui avait été, dans une vie antérieure, organisateur du parti libéral. D’Orsainville, où il purge en 1973 sa peine d’un an de prison après que la Cour suprême a refusé d’entendre l’appel des présidents, Marcel Pepin me demande d’organiser des sessions de formation pour éveiller les travailleuses et les travailleurs à l’importance de prendre conscience de ce qui se passe en ces temps agités.

Louis O’Neill, qui deviendra ministre des Communications quelques années plus tard, accepte d’être de l’équipe et d’exposer ses points de vue quant à l’éthique en politique. C’est le frère de Pierre O’Neill, correspondant du Devoir à l’Assemblée nationale. Gérald Godin, qui m’avait recruté à Québec-Presse, lui aussi ministre dans le gouvernement Lévesque, se charge d’expliquer comment la corruption peut gangréner l’activité politique. C’était 30 ans avant la Commission Charbonneau…

Pour ma part, je tente de décrire comment fonctionne la fabrication de l’opinion dite « publique ». En quelques semaines, j’écris un brûlot de près de 300 pages intitulé La grande tricherie, où on peut lire sur la page couverture : Dans la grande assemblée québécoise, ce sont les notables qui ont le micro en mains. Rien de plus facile alors de faire croire que leur point de vue est celui de tout le monde…

Vous me direz sans doute que ça frappait fort !

Plus qu’aujourd’hui en effet, les médias étaient infestés de hâbleurs professionnels dont ont pris le relais les Jeff Fillion, André Arthur et Éric Duhaime. Ces démagogues que j’avais descendus en flammes avaient pour nom France Fortin, Yvon Dupuis, Alban Flamand, Claude Lavergne, Paul Cooke, Marc Trahan et autres ; ils n’ont pas laissé de traces et sont passés à la trappe de l’histoire.

Ce n’est pas le cas du Devoir et de son directeur, Claude Ryan, à qui est consacré un long chapitre. Écrites il y a 50 ans, ces lignes décrivent encore ce que représente ce journal dans la grande assemblée québécoise. « Le Devoir a une grande influence sur l’opinion publique. Il est lu d’abord par des hommes politiques, de la finance, par les professionnels, les universitaires et le clergé. C’est le journal des gens influents, ceux qui prennent les décisions et qui expliquent aux autres ce qui se passe dans notre société. Ceux qui ont le micro en mains. En exagérant un peu, pas tellement, on pourrait dire que Le Devoir est la conscience du Québec bien pensant. Il s’est fait une réputation d’indépendance vis-à-vis les partis politiques et il demeure une sorte de force morale dans les débats qui animent le Québec. Bien des éditorialistes des autres moyens d’information pigent leurs idées dans Le Devoir ; Le Devoir pénètre de cette façon chez la masse des gens. »

Loin des descriptions vitrioliques des agitateurs du micro de l’époque, le portrait qui y est fait de son directeur est plutôt nuancé. C’est un conservateur civilisé, ai-je écrit, ajoutant que rien ne l’effrayait davantage que ce qu’il considérait excessif. Un exemple : «  Un personnage comme Pierre Elliott Trudeau, qui manipule froidement les manettes de l’abstraction et, sans s’en rendre compte, passe à deux cheveux de déclencher une révolution sanglante, rend Claude Ryan malade. Comme d’ailleurs un personnage comme le juge Georges Pelletier qui, lui aussi, les yeux fermés, active les boutons de la justice sans se rendre compte qu’il ouvre les écluses qui retiennent le courant de la fureur populaire. »

Quand je relis ces lignes, il me revient à l’esprit ce qu’avait dit en ma présence Lise Bissonnette à Gérald Larose, en marge d’une exposition soulignant le 85e anniversaire du Devoir. « Vous savez, monsieur Rioux est mon pamphlétaire préféré. Mais, bien sûr, il n’est pas tenu à l’équilibre… »

Il est vrai que c’est parfois un avantage…
 

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Pour répondre au souhait de Brian, je vais maintenant vous raconter quelques anecdotes quelque peu saugrenues.

* Vers 1974, je convoque une conférence de presse un dimanche après-midi. J’avais remarqué que les journalistes qui sont sur le « beat » du dimanche cherchaient désespérément de la nouvelle. On avait toujours une bonne couverture. J’ai oublié le sujet. Mais qui se pointe rue Saint-Denis, avec son calepin noir ? Claude Ryan. Le lendemain matin, dans Le Devoir, un éditorial fort élogieux sur notre position exposée la veille. Je cours au bureau de Pepin «  Tu as vu, Marcel. Ryan est d’accord avec nous! » Et Pepin de me répondre, avec sa tête de bouledogue : «  On a dû faire une erreur quelque part… »

* Vers 1977, les journalistes du Devoir sont en grève. Descôteaux est directeur de grève et Louis-Gilles Francoeur responsable des médias. Je reçois pour diffusion un projet de communiqué du syndicat, dénonçant l’engagement d’une « pléthore de cadres » pour remplacer les journalistes en grève. C’était avant la loi anti-scabs. Une pléthore, c’est pas mal de monde, me dis-je. J’appelle Louis-Gilles. « Dis-moi, c’est combien de personnes qui ont été engagées ? » « Il y en a une et il est question d’une deuxième… » D’un commun accord, le mot pléthore a été rayé du communiqué…

* Les ressources financières du Devoir n’ont pas toujours été au niveau où elles le sont aujourd’hui. Nous avions une entente, Francoeur et moi, pour que je lui fasse part des débats et des décisions qui se tenaient dans les instances de la CSN quand elles siégeaient à Québec. Le Conseil confédéral était appelé à prendre position sur les élections fédérales de décembre 1979. Je lui fais part des débats et, à la fin de l’entretien, comme j’ai toujours eu l’habitude de le faire encore aujourd’hui, j’y vais de quelques blagues. La CSN a décidé d’appuyer le Parti Rhinocéros pour son programme qui prévoit de raser le cap Diamant pour que les habitants de la basse ville puissent voir le fleuve… Entre autres facéties. Le lendemain matin, je m’étouffe au restaurant en buvant mon café. Francoeur avait fait un article sur l’appui de la CSN au parti Rhinocéros, me citant comme le porte-parole du président Rodrigue. Arrivé à la salle du conseil, ce dernier me fusille du regard et un débat s’ensuit. Michel Chartrand prend le micro et déchire sa chemise pour dénoncer la désinvolture du directeur de l’information. Il faut rappeler que la CSN ne peut, statutairement, appuyer de parti politique. C’est Michel Bourdon qui vint finalement détendre l’atmosphère. «  Il faut réitérer notre position, clame-t-il, que la CSN ne sera jamais la strappe de fan d’aucun parti politique… »

* Un conflit dure depuis plusieurs mois à la Société de transport de la Rive-Sud de Montréal. Les négociations sont ardues. Le président Larose part pour Paris assister à une réunion de la Confédération mondiale du travail, dont il est vice-président pour les Amériques. Il loge dans un petit hôtel anonyme du 19e arrondissement. Or en raison du décalage horaire, les appels aboutissent à la réception de cet hôtel en fin de soirée, où ne se trouve qu’un préposé. Un appel du ministre du Travail Pierre Paradis, qui fait du ski en Suisse. Un appel du ministre des Affaires municipales, André Bourbeau. Un appel de Robert Bourassa… Plutôt inhabituel pour ce pauvre réceptionniste qui, prenant son courage à deux mains, demande finalement à Larose : «  Pardon monsieur, mais vous faites dans quoi ? » Un peu plus tard, le ministre de la Justice Herbert Marx annonce qu’une loi spéciale pour mettre fin à la grève sera présentée le mardi suivant à l’Assemblée nationale. Larose sollicite une rencontre avec le vice-premier ministre Claude Ryan, qui le reçoit en pantoufles le dimanche après-midi à sa maison de la rue Saint-Joseph. Il trempe un biscuit Village dans sa tasse de thé. Larose lui explique la situation en long et en large. J’ignore ce qu’a pu dire Ryan à Herbert Marx, mais il n’y eu pas de loi spéciale déposée le mardi…

* Je fais un saut d’une quinzaine d’années pour vous raconter comment une institution comme Le Devoir pouvait alors se retrouver au bord du précipice. Je suis alors secrétaire du CA depuis quelques années. Dans les négociations avec la salle de rédaction, il ne restait plus qu’un seul point en litige : une somme de 15 000 $ qu’il faudrait ajouter pour une expérience permettant aux femmes enceintes de travailler quatre jours plutôt que cinq, tout en conservant leur rémunération. Mon voisin de droite au Conseil était Raymond Bachand, appelé à devenir ministre des Finances peu après. Rencontré aux toilettes, il me dit, en appelant à la barre plusieurs articles qu’on retrouve dans une sacristie : «  Ça pas de bon sang de courir le risque d’un conflit pour une question de 15 000 $ sur un budget de 6 ou 7 millions ! » À la reprise des délibérations, l’aile droite et l’aile gauche du Conseil, faisant front commun, insistèrent fortement pour que cette question soit réglée dans les plus brefs délais. Ce qui fut fait.
 

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Madame Bissonnette avait dit que je n’étais pas tenu à l’équilibre. Ce qui est vrai et qui est une faveur inouïe que peut nous faire la vie.

Depuis plus de 40 ans, j’ai livré des chroniques, d’abord dans Nouvelles CSN, un journal que j’ai fondé en 1978 ; ensuite dans Le Couac, un journal satirique lancé par Pierre de Bellefeuille et Jean-François Nadeau et où ma signature a côtoyé celles de Pierre Vadeboncoeur et Pierre Falardeau ; et maintenant dans L’aut’journal, où Jean-Claude Germain m’a dit il y a quatorze ans : Rioux, tant que tu auras de bons papiers, tu vas avoir la première page ! Et j’ai eu l’insigne honneur de voir mes chroniques illustrées par des dessins du grand Garnotte, qui a trouvé à la CSN son premier emploi et que Le Devoir est venu marauder en 1996. Chroniques illustrées depuis ce temps par Jacques Goldstyn, dit Boris, qu’on retrouve aussi depuis cinq ans dans The Gazette.