Palestine: L’apartheid israélien

2022/08/26 | Par CISO

Le 18 août vers 3 heures du matin, sept organisations de défense des droits humains et de la société civile palestinienne faussement accusées d’être des « groupes terroristes » par l’État d’Israël ont été victimes de raids perpétrés par les forces armées israéliennes. Il s’agit de Al Haq, Adameer, le Centre Bisan pour la recherche et le développement (Bisan Center for Research & Development), Défence des enfants international – Palestine (Defence for Children International-Palestine), Union des comités de travailleurs agricoles (Union of Agricultural Workers Committees (UAWC)), l’Union des comités de femmes palestiniennes (Union of Palestinian Women’s Committees (UPWC)) et l’Union des comités des travailleurs de santé (Health Worker Committees). Des équipements ont été saisis, les portes ont été scellées et il leur est désormais interdit de poursuivre leur travail sous peine d’emprisonnement, car leurs activités sont jugées illégales par l’Occupant.

Ces récents raids constituent une nouvelle attaque contre des organisations bien établies de la société civile palestinienne qui documentent les violations des droits humains de la population palestinienne par l’État israélien. Ils contribuent à instaurer un double standard et un climat de peur toxique qui favorise l’impunité des acteurs israéliens et l’injustice envers la population palestinienne. Ainsi, selon Human Rights Watch et Amnistie internationale « Depuis des décennies, les autorités israéliennes ont systématiquement cherché à museler la surveillance du respect des droits humains et à punir les personnes qui critiquent son régime répressif à l’encontre des Palestiniens ». Le mois dernier, neuf pays européens, dont l'Allemagne et la France, avaient annoncé vouloir continuer à « coopérer » avec six des organisations qui avaient d’abord été visées en octobre 2021, faute d'élément probant contre elles. La décision d’Israël avait aussi été contestée par 20 organisations de défense des droits humains israéliennes et par la Haut-Commissaire aux droits humains de l’ONU, Michelle Bachelet.

Fermer des organisations de défense des droits humains et de la société civile constitue une attaque frontale contre la liberté d’expression et d’association et une menace pour le respect des droits de toute la population palestinienne, les violations risquant de se faire sans témoins, dans la plus grande obscurité. Cela menace la démocratie et est un pas de plus vers le règne de l’arbitraire. Ces raids ont été exécutés en violation de l’article 43 de la Convention de la Haye (1907) et de l’article 27 de la 4e Convention de Genève (1949) protégeant les populations en territoire occupé.

Le Centre international de solidarité ouvrière (CISO) joint sa voix à celle du Rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires occupés palestiniens et de nombreuses organisations pour condamner ces gestes qui mettent en péril l’ordre international et le respect des droits. Il demeurera vigilant quant à de possible violations des droits des membres du personnel de ces organisations dans les mois à venir.

À l’appel d’Al Haq, le CISO demande :
• À l’État d’Israël, d’annuler immédiatement et de toute urgence les désignations des organisations comme « terroristes », car elles violent les libertés d’opinion et d’expression, ainsi que la liberté d’association, et constituent des actes d’apartheid passibles de poursuites en vertu de l’article 7(2)(h) du Statut de Rome ;
• Au gouvernement canadien, de faire pression sur l’État d’Israël pour qu’il annule immédiatement l’ordre militaire désignant ces organisations comme des associations illégales, et l’ordre militaire ordonnant la fermeture des locaux des organisations, criminalisant leur travail et celui de leur personnel;
• Au gouvernement canadien, d’adopter des sanctions envers l’État d’Israël, tels des limitations au commerce ou des embargos sur les armes, jusqu’à ce qu’il soit rendu internationalement responsable pour ses crimes d’apartheid, incluant la persécution des défenseurs et défenseuses des droits humains;
• Au gouvernement canadien, d’entrer en dialogue avec les banques canadiennes afin de permettre le transfert de fonds vers ces organisations;
• À l’Assemblée des États parties de la Cour pénale internationale et à son Procureur, d’intervenir pour protéger et assurer la viabilité des organisations travaillant pour fournir des preuves à la Cour.