Je suis vieux de 80 automnes et je regarde l’avenir, surtout celui de mes enfants et petits-enfants avec un regard inquiet. Je suis d’un autre siècle quand la mortalité infantile était inimaginable aujourd’hui (ma mère a perdu 8 bébés par manque d’accès à un médecin). J’ai fréquenté l’école de rang au pays des Filles de Caleb et, avec le recul du temps, j’en ai bien vu les lacunes. De plus, en ce temps-là, on arrachait les dents parce que les soins étaient inaccessibles. Dans « l’bon vieux temps » (dont je ne m’ennuie pas…), je pouvais aller visiter mes grands-parents en train, à St-Stanislas-de-Champlain. Eh oui, des trains circulaient entre plusieurs villages. Il y avait même un tramway à Montréal, entre 1861 et 1959 avec 510 milles de rails. Mais, on a envoyé tout ça à la ferraille pour faire place à l’automobile, déesse des routes.
La traversée du temps m’a aussi permis d’avoir vu se dérouler les campagnes électorales (années 50) de Maurice Duplessis. Je constate que les tactiques d’achats de vote ont changé quant à la forme, mais pas sur le principe; les promesses à coups de milliards de dollars remplacent les petits ponts de Duplessis; aujourd’hui, on promet des projets pharaoniques, toujours pour faciliter la circulation automobile. Les préoccupations des bagnoles méritent plus d’attentions que les services de santé, les services sociaux et l’éducation, ce, sans compter la lutte aux changements climatiques, le parent pauvre. Pour acheter des votes, les milliards ne manquent jamais, surtout que plusieurs politiciens.ennes ne semblent avoir rien appris des erreurs du passé.
Depuis la Révolution tranquille des années 60, le Québec a fait des pas de géants pour sortir collectivement de la pauvreté et adopter des politiques sociales au profit de l’ensemble de la société. Le Québec s’est enrichi de ses politiques sociales. Dans la présente campagne, on évoque le réalisme ou le pragmatisme des euphémismes pour conservatisme et visions à courte vue, les recherches de solutions novatrices pour améliorer les ressources en mesure de satisfaire les criants besoins en matière de santé, de soins dentaires, de médicaments, d’éducation méritent trop souvent le mépris et le refus arrogant du « gros bon sens ». Et que dire de l’urgence de politiques pour faire face aux changements climatiques! Beaucoup de politiciens.ennes semblent à l’âge de pierre, engoncé.e.s dans leur ignorance crasse.
On nous fait souvent miroiter qu’en payant moins d’impôts, nous aurons de meilleurs services publics de santé et d’éducation avec, en prime, plus d’argent dans nos poches. Quelle chimère ! Je ne crois plus aux contes de fées. Ma conjointe et moi, nous avons besoin plus de services que d’un chèque; ce cadeau démagogique empoisonné signifie : démerdez-vous avec ça ! Le chèque n’arrange rien, car il ne m’outille pas nécessairement pour faire face au manque des ressources adéquates pour nos besoins à domicile si les ressources restent inexistantes. J’attends des services structurés et structurants.
Il ne faut pas penser seulement à la poche des individus, mais au devenir de la société. La vraie richesse est plus collective qu’individuelle, car elle repose sur la qualité des services publics gratuits et accessibles qui permettent aux citoyens et citoyennes de vivre et de contribuer sainement à la vie sociale, culturelle et économique.
Alors que la roue du fatalisme imposé par le conservatisme social et économique tourne à l’envers des intérêts des prochaines générations, je lance un cri du cœur, car mes petits-enfants sont inquiets. Avec raison. Quel monde leur fait-on miroiter ? Comment affronter les enjeux de l’heure sur le plan climatique ? Quelle boîte de Pandore va-t-on ouvrir, une fois les élections passées, en santé et en éducation ? Dans quel type de société vivront-ils.elles ? Ils.elles cherchent des réponses qui ne soient pas que des formules comptables ébréchées qui nourrissent le cynisme et le découragement.
Chanter, continuons dans les ornières du passé avec des solutions surannées, ça ne marche plus. Des changements majeurs et rapides s’imposent. Répéter que les changements sont impossibles ou irréalistes, c’est dire : avancer par en arrière. Ça suffit.
Ne continuons pas à avoir peur du changement vers des projets qui méritent d’être débattus dans un esprit de recherche du bien commun et de solidarité sociale ! Gabriel-Nadeau Dubois et Paul Saint-Pierre Plamondon montrent bien que des jeunes dirigeant.e.s peuvent apporter de nouvelles pistes de réflexion dans un débat sur des approches différentes, prometteuses et rafraîchissantes. L’exemple de la nouvelle génération de politicien.e.s sur la scène municipale nous donne aussi des exemples positifs de jeunes femmes et hommes capables de chercher et de proposer des solutions collectives d’avenir. Que de projets intergénérationnels ambitieux et stimulants nous attendent ! Ils font face aux enjeux du temps présent. Les barrières à franchir sont énormes, mais ils font preuve d’initiatives, d’un haut sens des responsabilités et de détermination. Au lieu de jouer les éteignoirs, nous les vieux, partageons nos expériences et donnons-leur la chance de faire rêver à un avenir meilleur.
Place à l’audace! disait le manifeste du Refus global en 1948.
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