Le pied à Papineau

2023/01/20 | Par Robin Philpot

Le 21 décembre 2022 devant le Conseil de sécurité de l'ONU, Kim Ives, rédacteur en chef de l'édition anglaise d'Haïti Liberté, a fait une déclaration remarquable sur la situation en Haïti, qui tranche nettement avec toute les demi-vérités que les diplomates des 15 membres du Conseil et des trois autres pays invités ont l'habitude d'entendre dans cette plus haute instance de l'ONU.

D'emblée, il avait déclaré: « On m’a demandé de présenter les faits. Mais les faits eux-mêmes ne sont pas neutres. Ils témoignent d’une histoire. » Dans cette entrevue, il passe en revue cette histoire qui comprend notamment des coups d'État et des invasions militaires que Haïti a subis au cours de 30 dernières années.

Il dénonce et décortique les « demi-vérités », qui sont aussi dangereuses que des mensonges.

Parmi celles-ci, le prétexte des « gangs criminelles » et les amalgames utilisés pour tenter de justifier une intervention militaire. Bien qu'il y ait de gangs criminelles, il y a aussi, et peut-être surtout, des « brigades de vigilance », sorte d'organisations de défense communautaire révolutionnaire qui viennent protéger la population dans l'absence de l'État. C'est contre ces brigades que les pays du Core Group (États-Unis, Canada, France, etc.) veulent sévir.

Kim Yves, qui fait des reportages sur Haïti depuis 48 ans, répond aussi à Helen La Lime, Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti et Chef du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti, principale pourvoyeur des demi-vérités. Mme La Lime a été diplomate et cadre supérieur du département d'État américain.

Kim Ives revient aussi sur la réaction des diplomates des pays présents, dont Bob Rae, ambassadeur du Canada à l'ONU qui a qualifié la présentation de Kim Ives de « nonsense » (foutaise).

Il termine l'entrevue sur la solution à la crise en Haïti. Bref, pas d'intervention militaire étrangère, pas de participation des États-Unis du Canada et de la France qui traitent Haïti comme une chasse gardée. Il revient aux Haïtiens eux-mêmes de résoudre la crise.

Pour écouter l’entrevue, cliquez ici.

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Les dessous du coup d'État au Pérou: Une entrevue avec Claude Morin

« C'est au Pérou où les institutions sont les plus désavouées par la population parce qu'elles sont trop ouvertement au service des minorités et de leurs privilèges et intérêts, » observe Claude Morin, professeur d'histoire retraité de l'Université de Montréal.

Dans cette entrevue, Claude Morin explique comment s'est déroulé ce coup d'État qui a mené à la destitution et à l'incarcération du président Pedro Castillo (il y est encore) et quelles sont les causes.

Il décrit le vaste projet constitutionnel du président Castillo et les écueils de l'actuelle constitution dont il a été la victime. Il note aussi qu’un grand nombre de pays latino-américains, dont le Mexique, l'Argentine, le Brésil, la Colombie, le Venezuela, refusent de reconnaître celle qui se déclare présidente, Dina Boluarte, alors que les États-Unis, le Canada et quelques autres l'ont reconnu tout de suite.

Claude Morin traite du rôle de Washington dans le coup d'État et de l'ambassadrice américaine Lisa Kenna, une ancienne de la CIA.

Quant à l'hypothèse sur une compétition Chine-États-Unis qui serait à l'origine du coup, il explique que les grands projets chinois de port et de réseaux ferroviaires existent depuis bien avant l'arrivée au pouvoir de Pedro Castillo et que c'est Washington qui a radicalement changé sa politique à l'égard de la Chine. La direction que prenait Castillo représentait une menace à la domination américaine sur le Pérou.

Pour écouter l’entrevue, cliquez ici.