Elghawaby : Quand l’antiracisme fait ricochet

2023/02/15 | Par Pierre Dubuc

En première manchette de son infolettre hebdomadaire, le journal en ligne canadien-anglais Ricochet se porte à la défense d’Amira Elghawaby dans un article intitulé « Amira Elghawaby has nothing to apologize for » signé par Shenaz Kermalli. Le sous-titre en justifie le bien-fondé par ces mots : « If Quebec politicians don't like being called racist, they shouldn't pass racist laws ».

Ricochet a été fondé en 2014 comme journal multiplateforme « progressiste » basé sur trois grands constats : Le journalisme est en crise; L'espace public est occupé par le statu quo; Le Web offre de nouvelles façons de financer, traiter et diffuser l'information.

Ricochet est alors décliné en deux éditions indépendantes, francophone et anglophone, basées respectivement à Montréal et à Vancouver.

À l’été 2021, Ricochet francophone est invité à se joindre au média canadien d’enquête Press Progress ainsi qu’au média Majeur et les trois formeront le média Pivot. Ce dernier nous informe alors que Ricochet anglophone continuera d’exister, et que les deux poursuivront leur collaboration.

L’article de Shenaz Kermalli déverse le même fiel anti-Québec que les médias traditionnels du Canada anglais. Elle prend bien soin d’éviter de mentionner le tweet d’Amira Elghawaby dans lequel elle réagissait à une chronique de Joseph Heath, paru dans le Globe & Mail en 2021, dans lequel le philosophe torontois recommandait que le Canada développe son propre discours antiraciste au lieu de copier celui des Américains, en proposant d’inclure les griefs des Canadiens français, qui ont été les plus nombreux à avoir été intégrés de force à la confédération. Dans son tweet, Amira Elghawaby déclarait que sa réaction à telle suggestion était : « J’ai envie de vomir ».
 

Et, oups !, un nouveau ricochet

Sur son blogue, le militant canadien-anglais bien connu Yves Engler écrit que les progressistes se doivent de critiquer Amira Elghawaby parce qu’elle n’est pas une « principle progressive ».

Engler déclare que la seule personne qui a critiqué Elghawaby dans « une perspective internationaliste et antiraciste » est la Palestinienne Ghada Sasa. Cette dernière a souligné que Elghawaby a été une des fondatrices et a été membre du conseil d’administration du Canadian Anti-Hate Network (CAHN), un groupe anti-palestinien et pro-apartheid qui a des liens avec des groupes sionistes antimusulmans.

Malgré cela, le montréalais Engler, qui connaît bien le Québec, invite les progressistes canadiens-anglais à continuer à soutenir Elghawaby. Il écrit que peu importe ses positions sur la question palestinienne, les « progressistes doivent la défendre – et son poste – face aux critiques des conservateurs à l’esprit dérangé et aux nationalistes québécois de droite ».

En plus de son parti-pris en faveur des Palestiniens, Engler est connu pour sa défense du peuple haïtien. Alors, nous lui posons la question suivante : Comment réagirais-tu si, devant le rappel des souffrances historiques du peuple haïtien, quelqu’un déclarait : « J’ai envie de vomir » ?