L’origine du 8 mars

2023/03/08 | Par Simonne Monet-Chartrand

Présente au Congrès international des Femmes à Moscou en 1963, j’ai appris des déléguées de divers pays que c’est pour commémorer la lutte héroïque des femmes travailleuses états-uniennes dans l’industrie du textile et du vêtement à New York, dans le Lower East Side qu’on célébrait le 8 mars.

En ce jour du 8 mars 1857, elles manifestèrent publiquement par une marche dans le quartier de l’usine contre la journée de travail de douze heures, les bas salaires, les mauvaises conditions de travail, d’hygiène, etc. Quand elles arrivèrent dans les quartiers riches, la police à cheval fonça sur les manifestantes; plusieurs furent arrêtées, certaines furent blessées, piétinées dans la confusion qui s’ensuivit.

La même journée, le 8 mars, mais cinquante-et-un ans plus tard, en 1908, les travailleuses de l’aiguille des États-Unis manifestaient pour les mêmes raisons : heures de travail, salaires, etc. Mais, en plus, elles réclament le droit de vote. Cela se passait à New York, encore.

En 1910, à Copenhague au Danemark, lors du Congrès du Mouvement international des femmes socialistes, Clara Zetkin, qui a été à la tête du mouvement dès le début des années 1890, puis dirigeante du Parti socialiste allemand, fait approuver une résolution présentée par des militantes américaines, proclamant le 8 mars Journée internationale des femmes, en souvenir de la violente grève du textile à New York.

Il semble qu’il y ait eu consensus pour affirmer que c’est en 1911 que la journée du 8 mars fut proclamée Journée internationale des femmes. Cette journée, m’a-t-on dit, fut célébrée avec courage en Allemagne, en Autriche, au Danemark, en Suisse et aux États-Unis.

Puis, en 1914, un groupe de femmes politisées, dont Clara Zetkin (1857-1933), organise une manifestation à laquelle participent un millier de femmes pour protester contre la course à la guerre en Allemagne et l’arrestation de Rosa Luxembourg, militante socialiste.
 

Au Québec

Depuis la Seconde Guerre mondiale, l’après-guerre, la crise économique et la Révolution tranquille au Québec, certains groupes de femmes, dont les femmes syndiquées, ont appris à combattre et à lutter contre toute forme d’exploitation.

Ici même, les groupes les plus diversifiés de femmes fêtent maintenant et de diverses façons, surtout depuis 1974, cette Journée internationale des femmes.

À mon retour de Moscou, fin d’été 1963, j’ai observé d’un autre œil la scène politique québécoise, ainsi que les associations et revues féministes existantes.

Sur les entrefaites, à l’occasion du 8 mars, j’ai reçu, de la Ligue des femmes du Québec, une invitation à donner une conférence sur mes réflexions, suite à mes contacts avec des groupes de femmes des pays de l’Est.

J’ai accepté volontiers, heureuse de rencontrer des femmes immigrantes de ces pays, certaines devenues canadiennes ainsi que de nombreuses Québécoises militantes de gauche, Blanche Gélinas, mesdames Lebrun et Dubé, ainsi que Laurette Chrétien-Sloan, Dora Rochlin et Donia Miltsein, celle-ci étant venue avec moi au Congrès de Moscou.

Au Québec, plus particulièrement depuis le 8 mars 1974, les femmes des comités féminins des trois centrales syndicales (CEQ-FTQ-CSN), des organismes sociaux ou communautaires convient toutes les femmes, ménagères et travailleuses, à fêter cette journée qui leur est dédiée, et ceci dans les différentes villes de la province de Québec, Thetford Mines, Saint-Georges-de-Beauce, Hull, Joliette, Schefferville, Sept-Îles, Paspébiac, Val-d’Or, Montréal et Haute-Rive.

Nous continuons de revendiquer les droits des femmes de tout âge et de tous les milieux au moyen de thèmes spécifiques chaque année. Les moyens d’action prévus sont les échanges, la discussion, les exposés sociopolitiques, les pétitions, les spectacles, les fêtes populaires, etc.

Ces journées sont l’occasion de rencontres pour briser l’isolement des femmes, qui a trop longtemps duré. Elles ont senti le besoin de se connaître et, du même coup, faire l’analyse de leur condition, de ses causes, pour pouvoir diriger leurs actions futures et amener un vrai changement des mentalités, des lois et des structures sociales.

Je souhaite que ce 8 mars 1990 aide à mettre en commun nos connaissances, nos techniques de travail, nos ressources, nos idées et nos projets de façon positive.