Son équipe de com’ lui a dit : « Avant de publier le décret interdisant les lieux de prière dans les écoles, tu devrais rassurer ta base catholique. » Legault ne se l’est pas fait dire deux fois. Il a profité du lundi de Pâques pour publier sur Twitter un extrait de la chronique pascale de son auteur préféré, Mgr Mathieu Bock-Côté : « Le catholicisme a aussi engendré chez nous une culture de la solidarité qui nous distingue à l’échelle continentale. »
La solidarité est innée, c’est le réflexe qui a permis à l’être humain de survivre. Il transcende toutes les religions et les idéologiques. Par contre, le catholicisme est synonyme de soumission à la hiérarchie, à l’Église de Rome. Au Québec, le message fut celui de la soumission au conquérant britannique, à la condamnation de la lutte des Patriotes.
Le plus exemple de cette soumission est celui d’Henri Bourassa, fondateur du Devoir, le leader nationaliste de la fin du XIXe et début du XXe siècle, qui s’est opposé à la guerre des Boers, au Règlement 17 en Ontario, à la Conscription.
En 1926, Bourassa est à Rome. Après avoir rencontré Mussolini, qui lui a présenté son programme social, il est invité à rencontrer le Pape Pie XI en audience privée. Voici comment l’historien ultramontain Robert Rumilly raconte l’événement dans son hagiographie Henri Bourassa (Éditions du Marais, 1953, réédité en 2000) :
« Bourassa se rend à l’invitation, le 18 novembre 1926. Reçu seul, cette fois, il se jette aux pieds du chef suprême de l’Église. Pie XI le relève, le fait asseoir, et commence ex-abrupto, d’un ton calme, inflexiblement calme, ce que Bourassa lui-même appellera la plus forte leçon reçue dans sa vie. C’est le procès du nationalisme :
• ‘‘Vous dirigez un journal. L’influence de la presse est immense, pour le bien ou pour le mal. Le premier devoir d’un journaliste catholique est de défendre les causes de Dieu et de l’Église. Les autres causes, même légitimes, sont secondaires et doivent être subordonnées. Un catholique ne doit jamais les mettre au premier plan…
À l’heure actuelle, le principal obstacle à l’action de la Papauté et de l’Église dans le monde, c’est la prédominance des passions de race dans tous les pays, c’est la substitution du nationalisme au catholicisme.’’
Rumilly enchaîne : « La semonce dure une heure. Quand elle est terminée, le Canadien, de nouveau, se jette aux pieds de Pie XI : ‘‘Saint-Père, le monde a plus que jamais besoin du Pape, des lumières du Pape, de la direction du Pape…’’ »
Après cette rencontre, Bourassa, raconte Rumilly, « regrette, et il désavouera, tout ce qui, dans sa carrière, n’a pas clairement respecté la primauté des droits de Dieu et de l’Église sur les droits de la race ou de la langue ».
C’est ce nationalisme catholique rabougri, vieillot, suranné, archaïque, dont Mathieu Bock-Côté aime se faire le chantre et qui plaît tant à Legault. « Peuple à genoux…. »
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