Le Québec, la guerre et le mouvement pacifiste

2023/12/15 | Par Pierre Dubuc

Longueur de l’article : 3315 mots
 

Les guerres mondiales ont puissamment contribué à faire prendre conscience au peuple québécois de son statut minoritaire et à faire émerger l’idée d’indépendance nationale comme alternative à son état de soumission. C’est contre sa volonté exprimée lors d’élections que le Québec s’est fait imposer la participation à la Première Guerre mondiale. C’est dans ce contexte que des émeutes ont éclaté à Montréal et à Québec en opposition à la conscription. Les bureaux du Chronicle et de L’Événement à Québec, deux journaux proguerre, ont alors été saccagés. Les bureaux de la police fédérale incendiés. L’historien Mason Wade raconte : « Les émeutiers ouvrirent le feu sur la troupe, tirant du toit des maisons, des bancs de neige et de partout où ils pouvaient se cacher. Plusieurs soldats ayant été blessés, la troupe ouvrit le feu à son tour, avec fusils et mitrailleuses. La cavalerie chargea la foule au sabre clair, pendant que l’infanterie ripostait contre les francs-tireurs. Cinq soldats ont été blessés et quatre civils tués. Il y eut de nombreux civils blessés et cinquante-huit arrestations.(1) »
 

La crise de la conscription et la motion Francoeur

Les médias canadiens-anglais se déchainèrent alors contre le Québec. Survint alors un événement majeur – peu souvent cité – de notre histoire nationale, soit le dépôt par le député de Lotbinière, Joseph-Napoléon Francoeur, le 21 décembre 1917, d’une motion inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée législative, et rendue publique par les journaux le jour même. Elle exprime l'avis « que la province de Québec serait disposée à accepter la rupture du pacte confédératif de 1867 si, dans les autres provinces, on croit qu'elle est un obstacle au progrès et au développement du Canada ». Le débat sur la motion a lieu les 17, 22 et 23 janvier 1918. La motion venait en réponse aux appels des journaux du Canada anglais à « replacer le Québec dans le droit chemin, même s’il faut employer la force » (The Evening Telegraph). C’était la première fois que la question de l’indépendance nationale réapparaissait dans le débat législatif depuis la Rébellion des Patriotes de 1837-1838.

À l’Assemblée législative, J. N. Francoeur justifie ainsi sa motion :

« Elle est, à mon avis, la résultante des discours, des écrits, des articles de journaux, de revues et de pamphlets faits et distribués contre la province de Québec depuis trois ans. Une campagne systématique a été entreprise qui a atteint le maximum de violence au cours de la dernière campagne électorale. (…)

Cette campagne de faussetés, de sophismes, d'injures, de calomnies et de haine, menée contre notre province, est dirigée par des journaux comme le Toronto Star, le Daily Mail and Empire, le Toronto Globe, le Winnipeg Telegram, le Toronto Telegram, le Toronto News, l'Ottawa Journal, l'Evening Telegram, l'Evening News, Journal l'Union, le Manitoba Free Press, ce dernier poussant la violence si loin à notre endroit que son confrère le Regina Leader, dégoûté, finit par l'avertir charitablement d'abandonner ses tactiques diaboliques (devilish conduct). Ceux qui lisent le Star, la Gazette de Montréal, et le Chronicle et L'Événement de Québec, ont vu les reproductions de ces articles et même les caricatures où nous sommes représentés complotant avec le Kaiser, etc., etc.

Ces articles ont fait le tour de la presse française et anglaise du pays, des États-Unis et même du vieux continent. Il faut en souligner quelques-uns. À leur lecture l'évidence d'une conspiration pour ruiner la réputation de la province de Québec est manifeste. Dès 1914, le Puttingham, sous la signature de Orange Sentinel, conseille ni plus ni moins que la guerre civile.

Toutes ces injures, toutes ces faussetés et ces calomnies sont condensées dans une affiche électorale publiée dans le journal The Union et reproduite dans l'Evening Telegram. C'est ‘‘The citizens' Union Committee’’, dont les quartiers généraux sont à Toronto, qui distribue cette publication sous le titre suivant: ‘‘Est-ce qu'un Québec uni dirigera tout le Canada?’’ Et comme sous-titre: L'Evening Journal of Ottawa: ‘‘Il faut sauver Québec malgré lui, le conduire dans la bonne voie même si la force est nécessaire.’’ »

Au cours des trois jours de débats, tous les arguments en faveur ou en défaveur de l’Acte d’Union de 1840 et de la Confédération de 1867 refont surface. Des arguments qui ne sont pas sans rappeler ceux des campagnes référendaires de 1980 et 1995. Ainsi, le député M. Létourneau (Québec-Est) réplique à l’argument économique contre la séparation :

« On nous dit que nous ne pouvons pas nous séparer parce que nous n'avons pas les industries qu'il nous faut, que cela nuirait à notre commerce. Rien n'est plus faux.

« Permettez-moi, en ma qualité d'industriel et de négociant, de faire quelques réflexions au sujet de cette menace d'isolement qui semble faire trembler quelques-uns de mes compatriotes. D'aucuns, peu nombreux ceux-là, parce qu'ils croient sincèrement que nous souffririons de la rupture, d'autres, parce qu'il est de leur intérêt pour flatter les autocrates au pouvoir, de jeter de l'eau froide sur les expressions d'opinions patriotiques et spontanées de leurs compatriotes.

« Pour bien nous rendre compte de la position économique que nous occuperions advenant la rupture, et si nous étions appelés à former un petit État autonome, il suffit de se demander ce que notre province, qui est surtout agricole, peut acheter chez elle dès à présent au lieu d'encourager les industries similaires dans l'Ontario et dans l'Ouest.

« Il y en a plus qu'on pense.

« Il fait ensuite une longue énumération de tout ce que nous fabriquons dans la province afin de démontrer que, quand bien même nous sortirions de la Confédération, nous ne serions pas plus embarrassés et que nous serions en état de faire face à nos obligations. »

Le député Gault (Montréal-Saint-George) réplique en agitant le spectre de la partition et l’argument économique:

« Si la motion Francoeur était adoptée, et si elle était portée à la Chambre des communes et que des actions y étaient prises, quel en serait l'effet ultime.

Nous serions séparés du reste du dominion. Je crois que la première chose qui se produirait serait qu'il y aurait une demande pour que l'île de Montréal soit séparée du reste de la province, compte tenu qu'elle paie 77 % ou bien au-delà de 75 % des taxes de la province. Un autre résultat serait que l'on aurait des barrières tarifaires tout autour de la province de Québec, ce qui ruinerait les établissements manufacturiers et affecterait très sérieusement la situation économique de la province.

Ensuite, ce serait l'indépendance du Québec. C'est presque impensable et ce serait désastreux. Cela impliquerait de revenir aux conditions d'il y a 50 ans. Avec les dépenses supplémentaires occasionnées qui devraient être payées par la province seule, elle ne pourrait soutenir ce fardeau. Le coût global de la défense militaire et navale serait beaucoup trop lourd pour la province.(2)»

Au terme des discours, J-N Francœur annonce ne pas vouloir « qu'un vote soit enregistré » sur cette question par la Chambre, ce qui équivaut à retirer sa motion. Le message avait été reçu cinq sur cinq au Canada anglais et les médias modérèrent leurs attaques contre le Québec.
 

La Seconde Guerre mondiale

C’est sans doute pour prévenir la répétition de tels événements que la classe dirigeante canadienne a provoqué la défaite du gouvernement nationaliste de Maurice Duplessis aux élections de 1939 – dont l’enjeu était la participation à la Seconde Guerre mondiale – et que le gouvernement Godbout fit des concessions en adoptant des lois qui accordèrent le droit de vote aux femmes en 1940, rendirent obligatoires les études scolaires jusqu'à l'âge de quatorze ans et instaurèrent la gratuité de l'éducation au primaire. Le gouvernement Godbout adopta aussi un nouveau code du travail qui affirma clairement le droit des travailleurs de se syndiquer et nationalisa les compagnies électriques à Montréal pour créer Hydro-Québec.

Malgré ces mesures keynésiennes, Godbout perdit les élections au profit de Duplessis en 1944. John Maynard Keynes, qui était de passage au Québec, écrit, dans une lettre au chancelier de l'Échiquier, que les élections ont porté sur deux enjeux: les relations fédérales-provinciales et la participation à la guerre. Et Keynes de conclure: « Ils ont toujours ici à leur porte, en vérité, une super-question irlandaise(3) ».

Keynes n’était pas le seul à avoir compris l’importance politique de la question nationale québécoise. La crise de la conscription de 1917 n’était pas sans rappeler l’insurrection de Pâques 1916 en Irlande. De quoi inquiéter les classes dirigeantes. Après tout, Lénine n’avait-il pas écrit à propos de l’insurrection irlandaise que la lutte des petites nations opprimées dans les pays avancés avait une importance politique cent fois plus grande que celles des lointaines colonies. 

Le sentiment pacifiste du Canada français – comme on appelait alors le Québec – et même son potentiel révolutionnaire échappaient à la gauche canadienne-anglaise, mais non à l’Internationale communiste qui rappela les événements de 1917 au Parti communiste canadien dans une lettre ouverte en avril 1929. Le Komintern attira l’attention du jeune Parti communiste canadien sur le caractère anti-impérialiste du pacifisme canadien-français et lui enjoignit d’apprécier dans ce contexte l’importance de soutenir le droit à l’autodétermination du Québec. Une recommandation qui resta lettre morte.
 

La guerre en Irak

Plus près de nous, la décision surprise du gouvernement de Jean Chrétien de ne pas participer à la guerre en Irak aux côtés des États-Unis s’explique, sans doute, par la présence d’un gouvernement souverainiste à Québec, qui aurait pu prendre appui sur la mobilisation monstre contre la guerre pour ressortir des cartons une version actualisée de la motion Francoeur.

Selon Janice Gross Stein et Eugene Lang, les auteurs de The Unexpected War (Penguin, Random House, 2008), c’est la mobilisation contre la guerre en Irak au Québec qui est la cause principale de la décision de Jean Chrétien de dire Non aux États-Unis. Chrétien, soulignent-ils, craignait que l’adhésion du Canada à la guerre entraîne la réélection d’un gouvernement du Parti Québécois dont le chef, Bernard Landry, s’était prononcé contre la guerre. Dans ses Mémoires (Unquiet Diplomacy, Key Porter, 2005), l’ambassadeur des États-Unis à Ottawa Paul Cellucci écrit que « le Québec constituait un problème tout comme les opposants au sein du Parti libéral qui ne voulaient pas voir le Canada trop se rapprocher des États-Unis d’un point de vue militaire ». Comme le craignait Jean Chrétien, un gouvernement du Parti Québécois aurait pu faire campagne contre la guerre en s’appuyant sur l’extraordinaire mobilisation qui a vu, à trois reprises, par des froids sibériens en plein mois de février, plus de 200 000 personnes, de toutes origines ethniques, descendre dans la rue pour s’opposer à la participation du Canada à la guerre en Irak. Les conditions étaient réunies pour transformer le mouvement contre la guerre en mobilisation pour l’indépendance du Québec et un référendum avec une question stipulant que le Québec était « disposé à accepter la rupture du pacte fédératif de 1867 » aurait fort probablement pu rallier une confortable majorité. En fait, Bernard Landry m’a confié qu’il avait en tête la motion Francoeur et qu’il aurait pu déclencher un tel référendum en le justifiant par l’opposition des Québécoises et des Québécois à la participation du Canada à la guerre. La décision de Jean Chrétien de faire faux bond aux États-Unis a permis d’éviter au Canada et aux États-Unis d’être confrontés à cette éventualité en désamorçant le débat au Québec, ce qui allait conduire à la défaite du Parti Québécois et l’élection du gouvernement de Jean Charest.
 

Des précédents historiques

Le déclenchement de la guerre suscite le plus souvent un appui enthousiaste de la population. Ce fut le cas, même au Québec, lorsque le gouvernement de John A. Macdonald envoya des troupes pour mater l’insurrection du Nord-Ouest des Métis en 1885. Un tiers des troupes dirigées par le major général Frederick Middleton venaient du Québec. Le contingent étant le premier purement canadien, sans l’apport de soldats britanniques, ce qui fit en sorte qu’« une vague de patriotisme balaya tout sentiment de parenté avec les Métis, ou de sympathie pour eux dans leur malheur », écrit Mason Wade dans Les Canadiens-français de 1760 à nos jours (4). Après l’écrasement de la Rébellion, les troupes furent fêtées par de somptueuses réceptions à Toronto, Montréal et Québec. Mais le vent tourna lorsque Louis Riel fut traduit en justice pour haute trahison. Il n’y avait que trois Canadiens français sur les trente-six jurés et le Toronto Star avait insisté pour que Riel soit étranglé avec un drapeau français : « C’est tout le service que peut rendre cette guenille pour le pays. » Pendant que l’Ontario faisait campagne pour l’exécution immédiate de Riel, un grand mouvement populaire parcourut le Québec pour qu’il soit gracié. À un John A. Macdonald déclarant : « Riel sera pendu, même si tous les chiens du Québec aboient en sa faveur », Honoré Mercier répondra, devant 50 000 personnes réunies au Champ de mars, par ces mots : « Riel, notre frère, est mort, victime de son dévouement à la cause des Métis dont il était le chef. »

Un engouement proguerre semblable eût lieu lors de la déclaration de guerre de 1914. Mason Wade raconte : « Une foule s’assembla spontanément devant le tableau d’affichage de La Patrie, montra de la sympathie pour la France menacée. Elle chanta La Marseillaise et manifesta ensuite jusqu’au Consulat de France, en arborant le Union Jack et le drapeau tricolore. Des réservistes français et belges se rendirent en masse à leurs consulats et ils furent acclamés par des foules chantant La Marseillaise. À peu près les mêmes scènes de déroulèrent à Québec. Les deux villes firent preuve de plus d’enthousiasme patriotique que l’impérialiste Toronto.(5) » Le vent tourna progressivement pour se transformer en bourrasque d’opposition avec les manifestations d’opposition à la conscription citées précédemment.

Que, spontanément, les Québécois aient manifesté leur appui à l’Ukraine n’est pas étonnant. Il était facile de s’identifier à une nation agressée par un ennemi beaucoup plus puissant, d’autant plus que la Russie et Poutine faisaient l’objet de campagnes de dénigrement depuis plusieurs années. Cependant, l’analyse que nous produisons dans ce livre devrait permettre une meilleure évaluation de la situation et de la responsabilité des forces en présence mais, également, de l’avenir qui nous attend.
 

Vers une économie de guerre

Nous sommes entrés dans une période d’affrontements économiques entre grandes puissances qui peuvent dégénérer rapidement en conflits armés généralisés. À l’échelle mondiale, les alliances militaires sont raffermies et les dépenses militaires explosent. L’OTAN exigent de ses membres de hausser leurs budgets militaires à 2 % du PIB.  Pour le Canada, dont les dépenses militaires représentent 1,4% de son PIB, se soumettre aux diktats de l’OTAN – comme le premier ministre Trudeau s’est engagé à le faire lors du Sommet de l’OTAN de Vilnius au mois de juillet 2023 – représente un tournant qui aura un impact considérable sur les finances publiques. Dans un éditorial paru le 21 juillet 2023, le Globe and Mail évalue que e budget militaire doit être augmenté de 20 milliards $ par année ! Déjà, le gouvernement a prévu acquérir 88 avions F-35 au coût de 19 milliards $, (mais qui, selon les experts, s'élèverait à au moins 76,8 milliards de dollars si l'on considère le coût à vie, sur 30 ans) et 40 milliards $ pour la modernisation de NORAD. Les effectifs des forces armées devront passer de 16 000 à 100 000 membres. Voilà autant d’argent qui n’ira pas à la santé, aux mesures sociales et à la lutte pour faire face aux changements climatiques.

Mais ce n’est pas tout. Parallèlement, le Canada s’est engagé aux côtés des États-Unis à découpler son économie de la Chine – dans les secteurs stratégiques, pour l’instant – dans la perspective d’un affrontement avec ce pays. Dans cette perspective, une économie de guerre, qui ne porte pas son nom, est en train de se mettre en place sous le nom fallacieux de « transition énergétique ». Déjà, dans les quelques mois qui ont suivi la présentation du budget 2023 de la ministre des Finances, Chrystia Freeland, l’Ontario s’est vu octroyer des subventions de 30 milliards $ pour les usines de fabrication de batteries de VW et Stellantis, alors que le Québec a dû se contenter d’un maigre 300 millions $ à l’usine de composants de batteries de GM à Bécancour. Pour satisfaire les nouveaux besoins en énergie de cette économie de guerre – en particulier avec le développement exponentiel prévu du secteur minier – le Québec s’engage à augmenter sa production d’électricité de 50%. Des projets de privatisation et d’arrimage des interconnexions avec les États-Unis menacent le contrôle québécois sur Hydro-Québec.
 

Une alliance des indépendantistes, des écologistes et des pacifistes

Viendra le moment où il sera évident que les dépenses militaires et l’économie de guerre se font au détriment des intérêts du Québec et que l’indépendance nationale s’avèrera comme la seule solution. Ce combat unira les indépendantistes, les écologistes et les pacifistes. L’expérience du référendum de 1995 nous démontre qu’un tel mouvement a le potentiel d’ébranler les colonnes du temple de la domination anglo-saxonne de l’Amérique du Nord, comme l’ont révélé Chantal Hébert et Jean Lapierre dans leur livre Confessions post-référendaires (Éditions de l’Homme, 2014).

Dans l’éventualité d’une victoire du Oui en 1995, écrivent-ils, le chef de l’opposition Preston Manning aurait demandé la démission du premier ministre Jean Chrétien et de tout le cabinet fédéral. Il était prêt, à la tête des 52 députés réformistes, à fermer le Parlement ou à le paralyser pour provoquer des élections générales. Au sein même du Parti libéral, Brian Tobin, à la tête d’un groupe de ministres, aurait mené la charge contre Chrétien. Le premier ministre Roy Romanow de la Saskatchewan avait formé un groupe de travail ayant pour instruction de n’exclure aucune option, y compris de rompre les liens de sa province avec la fédération canadienne amputée du Québec, de façon à ne pas être sous la domination de l’Ontario. Il avait demandé qu’on examine la possibilité que la province adopte le dollar américain pour amortir le choc de l’instabilité du dollar canadien. Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Frank McKenna, craignait qu’un Oui rallume les passions linguistiques dans sa province et envisageait sérieusement l’hypothèse que les provinces atlantiques décident de quitter le Canada et fassent bande à part.

La Maison-Blanche s’inquiétait de l’effet d’entraînement qu’aurait pu avoir l’éclatement de la fédération canadienne. L’exemple québécois aurait pu inspirer les Autochtones du Canada, qui marchaient dans les sentiers battus et balisés par le mouvement national québécois, mais également les Autochtones, les Noirs et les Hispanophones états-uniens.  Cela aurait été un juste retour des choses, étant donné l’incroyable source d’inspiration qu’a été le mouvement des droits civiques des Noirs américains des années 1960 pour les « Nègres blancs d’Amérique ».  Quant aux Hispanophones, Samuel P. Huntington, le célèbre auteur du Choc des civilisations, tirait dès 2004 la sonnette d’alarme en agitant le spectre d’un « Québec hispanophone » dans le sud des États-Unis, dans son livre Who Are We? The Challenges to America’s National Identity (Simon & Schuster, 2004).

Dans une perspective pacifiste, le mouvement indépendantiste pourrait s’inspirer du Mexique qui n’adhère pas à l’OTAN et qui a inscrit dans sa Constitution l’interdiction de la présence de ses forces armées hors de son territoire. De quoi mettre l’Oncle Sam en furie. Mais parions que la promesse d’adhésion à l’OTAN et au NORAD des leaders indépendantistes québécois ne réussira pas à calmer les angoisses de Washington et d’acquiescer à la création d’un Québec indépendant. La lutte pour la paix, la liberté, la justice sociale et l’indépendance nationale ne sera pas un long fleuve tranquille.

(1) Mason Wade, Les Canadiens-français de 1760 à nos jours, (Le Cercle du livre de France, tome 2, 1966)
(2) https://www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/lexique/motion-francoeur.html
(3) Gilles Dostaler
(4) Mason Wade op. cit., tome 1.
(5) Mason Wade op. cit., tome 2.

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