In Memoriam : Micheline Labelle 1940 – 2024

2024/05/15 | Par L'aut'journal

Le mouvement indépendantiste et progressiste a perdu une de ses plus grandes intellectuelles et militantes dans le décès le 16 avril dernier de Micheline Labelle à l’âge de 84 ans après une longue lutte contre le cancer.

Micheline a été professeure dans le département de Sociologie de l’UQAM de 1976 à 2014 et était ensuite devenue professeure émérite.

L’Université a publié un article hommage à Micheline qui fait ressortir ses grands accomplissements académiques, mais aussi ses actions concrètes pour avancer la pensée québécoise dans son domaine.

Le professeur du Département de sociologie Paul Eid souligne que « Micheline a été une pionnière au Québec dans l’étude de l’immigration, des relations ethniques et du racisme, jouant un rôle capital dans l’émergence et le développement d’un pôle de recherche sur ces questions. »

Elle a fait de la formation auprès d’instances syndicales, communautaires et politiques sur différentes questions liées à l’immigration, à la diversité ethnoculturelle, à l’aménagement de la lutte contre le racisme et à la laïcité de l’État.

Le sociologue Rachad Antonius raconte que « Le colloque Le devoir de mémoire et les politiques du pardon qu’elle a organisé à l’UQAM en 2005 a réuni des leaders des Premières nations au Québec et des chercheurs de l’international qui ont travaillé sur les politiques de la reconnaissance et de la réconciliation à mettre en place dans les sociétés déchirées par des événements traumatiques majeurs, rappelle le professeur. L’écho international de ce colloque a incité des chercheurs de l’UQAM à lui donner une suite en 2018. Ses nombreux ouvrages et rapports de recherche constituent un héritage scientifique important qui va laisser sa marque dans le paysage des sciences sociales au Québec et dans la francophonie. »

Intellectuelle engagée, Micheline intervenait régulièrement dans le débat public sur des enjeux sociaux et politiques. Indépendantiste convaincue, elle a milité résolument ces derniers seize ans aux Intellectuels pour la souveraineté (IPSO), organisant des tables rondes et des colloques sur les sujets critiques à l’avancement de l’indépendance du Québec. « Elle a développé une perspective sur le vivre-ensemble fondée sur l’interculturalisme propre au Québec, par opposition aux courants multiculturalistes dominants au Canada », indique Rachad Antonius.