C’est au cours des années 1920 que les femmes ont pu intégrer le système sportif olympien par une voie distincte de celles des hommes pour respecter les différences biologiques liées au sexe, notamment la taille, la longueur des membres et le taux de testostérone, qui influent sur le développement de la masse musculaire et la force, et qui, de manière générale, tendent à avantager les hommesI.
Ces différences anatomiques ont commandé l’établissement de règles différentes entre les sports masculins et féminins. Ainsi, dans les sports féminins, les barres au 100 mètres haies sont 15 centimètres en dessous de celles des hommes, le ballon est de plus petite taille en basketball et handball tandis que le projectile utilisé au lancer du poids, du javelot, du disque ou du marteau, est plus léger. Il en va de même pour certaines disciplines telle la gymnastique artistique où les figures demandées et les agrès utilisés sont, en général, différentsII.
Cette initiative, basée sur les caractéristiques biologiques des femmes, a permis à plusieurs d’entre elles de vivre leur plein potentiel, en tout respect de leur droit à l’égalité en société.
Sexe versus genre
La participation des athlètes aux compétitions sportives féminines soulève cependant de nombreuses questions. Dans les années 60, on soupçonna les sportives de l’Est, qui raflaient une bonne partie des médailles, d’inclure des hommes dans leurs rangs. On créa alors le « test de féminité » qui consistait en un contrôle gynécologique humiliant, lequel fût éventuellement remplacé par un test de souffle et un prélèvement de salive (le test du corpuscule de Barr), afin de repérer le second chromosome X de la femme pour s’assurer que la sportive était bien XX et non XYIII.
Puis, le Comité international olympique (CIO), faisant fi de la réalité biologique des femmes, remplaça ce test en 2016 par l’établissement d’un taux de testostérone maximal pour les athlètes voulant participer aux compétitions sportives féminines afin d’y inclure les femmes-trans (soit des hommes s’identifiant au sexe féminin).
Cette façon de faire a soulevé un tollé à la suite de la participation d’athlètes dits « intersexués » atteints du syndrome de cryptorchidie (testicules non descendus) s’identifiant comme femmeIV.
S’ensuivirent des pressions de plus en plus insistantes pour plus d’inclusion. Le CIO renonça alors, en 2021, à établir des directives uniformes pour la participation aux compétitions sportives fémininesV, préférant confier aux fédérations sportives internationales la responsabilité d’élaborer et de mettre en œuvre des critères d’admission qui respectent l’identité de genre des athlètes. Le principal souci étant d’éviter de nuire à la santé et au bien-être des athlètes.
Le CIO demande donc aux fédérations : (1) de mettre fin aux examens considérés invasifs pour déterminer le sexe d’un athlète; (2) de présumer que les athlètes trans n’ont pas d’avantage compétitif injuste ou disproportionné lorsqu’ils participent, par exemple, à une catégorie féminine et; (3) d’établir des restrictions seulement si elles sont appuyées par des données probantes qui comparent ce groupe, avec, dans ce cas-ci, les femmes (basées sur leur sexe)VI.
Impact sur les femmes
Soulignons que seuls les hommes s’identifiant au genre féminin demandent de participer à des catégories sportives correspondant à leur genre. À ce jour, selon le recensement international SHE WONVII, ces hommes ont ravi le podium à des femmes à au moins 72 reprises au Canada dans des domaines aussi variés que l’haltérophilie, le vélo de montagne, l’athlétisme, la natation, le crosscountry, le tir à l’arc, le cyclisme et la boxe.
Et il y en a probablement beaucoup plus puisque plusieurs juridictions se fient à l’auto-identification pour déterminer le sexe d’une personne.
Les fédérations sportives
Quelques fédérations sportives internationales, telles celles d’athlétisme et de natation, ont alors décidé d’exclure les athlètes transgenres des compétitions féminines. Leur défi consiste donc à identifier ces athlètes dans un contexte où l’auto-identification est de mise et que les tests biométriques sont souvent jugés intrusifs.
D’autres tentent encore d’identifier les meilleurs critères de participation aux compétitions féminines, basés sur des données probantes liées au sexe et au genre, comme le recommande le CIO. Or, il s’agit d’un défi car, d’une part, il y a très peu de données probantes liées aux personnes transgenres, compte tenu de leur faible nombre, et d’autre part, plusieurs juridictions amalgament la réalité biologique et l’identité de genre des individus dans leurs données statistiques liées au sexe.
Quoi qu’il en soit, il est important de distinguer la problématique liée à la participation d’athlètes dits « intersexués » de celle liée à la participation des personnes transgenres.
Dans les deux cas, il est impératif que les fédérations sportives établissent des règles qui respectent le droit des femmes à l’égalité, notamment dans un domaine basé sur les performances physiques d’une personne et non sur son ressenti.
Espérons que malgré les défis que doivent relever ces fédérations, les Jeux olympiques de 2024 continuent d’être une source de motivation inspirante pour toutes les jeunes filles et femmes du monde.
I Conseil du statut de la femme; Étude - Femmes et sport : constats et enjeux; Novembre 2022. https://csf.gouv.qc.ca/article/2022/11/14/etude-femmes-et-sport-constats-et-enjeux/
II Sport féminin; Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/wiki/Sport_f%C3%A9minin
III https://fr.wikipedia.org/wiki/Test_de_f%C3%A9minit%C3%A9
IV https://fr.wikipedia.org/wiki/Caster_Semenya
V https://www.lemonde.fr/sport/article/2023/04/12/jo-de-paris-2024-la-presence-de-sportifs-transgenres-du-ressort-des-federations-internationales_6169204_3242.html
VI Cadre du CIO sur l’équité, l’inclusion et la non-discrimination sur la base de l’identité sexuelle et de l’intersexuation. https://olympics.com/cio/documents/athletes/cadre-pour-l-equite-l-inclusion-et-la-non-discrimination-sur-la-base-de-l-identite-sexuelle-et-de-l-intersexuation
VII https://www.shewon.org/
Du même auteur
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