On dit que le numérique ça facilite notre vie. Ce n’est pas vrai.
Personne participante de la Marée des Mots
Pour inscrire son enfant à la garderie, prendre un rendez-vous médical ou remplir des papiers administratifs, ça se passe de plus en plus en ligne. Quand tout fonctionne bien, c’est un gain de temps et d’énergie pour la plupart d’entre nous. Mais quand ça bogue, on est vite démunis derrière notre écran.
Pour les personnes qui rencontrent des difficultés avec les ordinateurs et Internet, tout devient encore plus complexe. Pour elles, le numérique, c’est un mur. Un mur infranchissable. Un mur qui exclut.
Et on ne parle pas d’une poignée de personnes. Les gens qui ont des difficultés avec le numérique sont plus nombreux qu’on ne le pense! Il y a des personnes peu alphabétisées et en situation de pauvreté, des personnes immigrées, autochtones, des personnes en situation de handicap, des personnes âgées et même des jeunes!
Ça s’en vient compliquer la vie…
Personne participante de CLEF Mitis-Neigette
Depuis quelques années, le Québec accélère le virage numérique des services publics. D’ici 2025, il compte implanter l’Identité numérique, qui deviendra alors le premier point d’accès pour les services gouvernementaux. Pourtant, plusieurs drapeaux rouges devraient alerter le gouvernement sur la faisabilité de ce projet. Par exemple, en 2022, il a dû reculer sur le déplacement en ligne du carnet de réclamation des personnes bénéficiaires de l’aide sociale, à la suite de la forte mobilisation des groupes qui les soutiennent. On se souvient aussi du lancement chaotique de la SAAQclic au printemps 2023, qui a révélé les ratés d’une transition numérique faite à la va-vite, sans prendre en compte la réalité de la population.
Le virage numérique restreint les droits de nombreuses personnes, notamment leur droit d’être informés et d’avoir accès aux services publics.
Avec la fermeture des guichets, le renvoi vers des boites vocales ou des formulaires en ligne, elles ont plus de difficultés à obtenir du soutien en personne ou au téléphone. Elles risquent de ne pas demander les services et aides auxquels elles ont droit par manque d’information, par incompréhension de l’information, mais aussi et surtout, parce qu’elles ont trop de difficultés à faire leurs démarches en ligne. Ceci a de graves conséquences sur leurs revenus, leur état de santé et leur qualité de vie, qui dépendent justement des services et aides du gouvernement!
Je me sens mise à part dans la société.
Personne participante de la Maison populaire d’Argenteuil
On ne peut pas emprunter aveuglément la voie du numérique en laissant de côté les personnes qui en sont exclues!
Le Québec doit conserver des services publics en personne et maintenir des alternatives au numérique. Il doit garantir l’accès à des services de qualité pour tous et toutes en simplifiant ses écrits, son langage et ses procédures et en humanisant ses services. Il faut également trouver des solutions pour remédier aux fractures numériques, notamment en offrant l’accès à Internet et aux outils numériques à faible coût.
Ensemble, traversons l’écran pour que l’humain demeure au cœur des services publics!
Pour appuyer nos demandes et signer notre déclaration, rendez-vous sur : https://rgpaq.qc.ca/traversons#déclaration
Signataires
Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec
Collectif pour un Québec sans pauvreté
Fédération des mouvements personne d’abord du Québec
Front commun des personnes assistées sociales du Québec
Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées
Du même auteur
2024/06/07 | Contamination de l’usine-dépotoir STABLEX |
2024/06/05 | Northvolt : Les citoyens s’organisent |
2024/05/03 | Écoeurés d’être méprisés |
2024/04/26 | Au Canada, 9,5 milliards $ dans les paradis fiscaux |
2024/04/24 | Haïti au bord du gouffre ! |