Budgets militaires ou budgets sociaux

2024/11/29 | Par Guy Roy

Avec les pressions que Donald Trump met sur la militarisation de ses alliés, le mouvement populaire et syndical devrait mettre l’accent sur les choix politiques que cela implique et s’en démarquer. En effet la concentration d’argent que le réarmement monopolise se fait au détriment des investissement en santé, en éducation et dans les services publics en général.

Qu’on pense à la faiblesse des transferts en santé par le fédéral. Ils impliquent formellement des choix politiques qui vont dans la sens de l’augmentation des budgets militaires. En effet, les gouvernements devront, s’ils veulent répondre positivement aux injonctions et aux pressions des USA pour une augmentation des budgets militaires, impérativement couper dans la part des budgets consacrés aux services publics.

Bien que l’on présente cela comme une analyse simpliste, économiste, les sommes impliquées sont énormes et il y a des vases communicants entre les différents services de l’État. Des choix s’imposent entre d’une part augmenter les dépenses militaires et consacrer ces sommes aux services publics.

Dans le processus de militarisation, il s’agit de choisir entre les services de santé et d’éducation et l’armement. On ne peut pas investir dans les deux domaines autant qu’on le voudrait. Que la juridiction soit fédérale ou nationale au Québec, la limite des transferts en santé se fait à l’avantage du militaire. Et si on ressert à une place c’est pour être plus libéral ailleurs.

Tranquillement on prépare l’opinion à une augmentation des budgets militaires au nom de la soi-disant insécurité du monde comme s’il n’y avait pas un cercle vicieux entre cette militarisation et l’insécurité elle-même. Plus l’on s’arme, plus les risques de guerre augmentent. C’est dans la logique des choses.

Ma thèse est que les mouvements populaires et syndicaux ne devraient pas laisser faire et que les choix politiques devraient être exposés à la population franchement. En réclamant des investissements dans le secteur public, on devrait être clair qu’il s’agit d’aller chercher l’argent où il est destiné par les injonctions à toujours augmenter les sommes destinées à l’armement.

On devrait ainsi tabler sur la répulsion générale de la guerre pour insister que soient limités les investissements toujours plus élevés dans l’armement. Il faut éduquer la population à affirmer ses choix contre la guerre et l’insécurité pour que des argents soient libérés pour les services publics délabrés. La déliquescence de services comme l’éducation ou la santé doit être mis en contradiction avec les sommes de plus en plus gigantesques consacrées à la guerre. C’est à la population de trancher entre ses intérêts et ceux du complexe militaro-industriel. Mais pour cela il faut que quelqu’un, quelque part, expose ces enjeux de société de manière que soient fait les choix conformes aux intérêts populaires.

Qui d’autres que les organisations populaires et syndicales peuvent exposer cela aux yeux du public ? Qui le fera sinon ces organisations ? On ne peut attendre des politiques traditionnels qu’ils fassent la part des choses. Ils sont trop compromis envers ce qui pousse vers l’armement. On ne peut non plus se fier aux journalistes qui donnent trop souvent la parole à ceux qui font la promotion d’une augmentation des budgets militaires. Ils ne savent pas départager les intérêts populaires du discours officiel qu’ils rapportent sans esprit critique la plupart du temps.

C’est ma conviction que les organisations du peuple ont un rôle imminemment urgent à jouer dans ce débat de société et elles doivent le prendre à cœur pour que la situation évolue dans le sens de la paix au niveau des États eux-mêmes.

Car laissés tout seuls avec le problème, les États pencheront pour l’augmentation des budgets militaires puisque les politiques à leur tête sont gagnés aux intérêts du complexe militaro-industriel contre ceux de la population. Se convaincre de cela n’est pas tombé dans des préjugés communs, mais se rendre compte d’une réalité qui a préparé aux différentes guerres à venir jusqu’à date.

Que n’a-t-on pas entendu menacer de tous les périls ceux qui s’opposaient à la guerre. Il est temps que les organisations populaires prennent à cœur le sort de la paix et qu’elles fassent de ce thème une source d’éducation politique qui amène la mobilisation à son plus haut niveau de sorte que les choix se fassent dans ce sens. Il en va de notre avenir à tous et de la qualité de nos existences.