PL-69 : Bloquons la privatisation de l’électricité 

2024/12/13 | Par Mélanie Busby

Le 8 décembre 2024, devant les bureaux d’Hydro-Québec, des organisations communautaires, environnementales et syndicales et des groupes citoyens ont dénoncé les dérives du projet de loi no 69 (PL-69) assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques au Québec et demandent un vrai débat public sur l’énergie.

Les inquiétudes sont nombreuses. Avec le PL-69, la CAQ attaque un service indispensable. « Si on permet au privé de produire de l’électricité, on transforme un service public essentiel en industrie soumise aux fluctuations du marché. L’électricité coûtera plus cher à produire, l’impact sur les factures sera majeur », signale Pierre-Guy Sylvestre, économiste au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).

Au Québec, un ménage sur sept n’arrive pas à payer sa facture d’électricité ou y parvient au détriment d’autres besoins de base. Le coût élevé de l’énergie est d’ailleurs une des causes principales de la précarité énergétique. « Si le PL-69 est adopté tel quel, cette situation inacceptable va s’aggraver », dénonce Émilie Laurin-Dansereau de l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) du nord de Montréal.

De plus, le projet de loi ne contient aucune mesure claire pour assurer la décarbonation. « Le PL-69 favorise plutôt le développement industriel et fait reposer le coût des nouvelles infrastructures énergétiques nécessaires à ce développement sur les tarifs d'électricité, ce qui constitue une injustice à la fois sociale et environnementale », appuie Mélanie Busby du Front commun pour la transition énergétique.

« Dans le contexte où les crises climatiques s’accumulent et nous mettent en danger, notre électricité publique, on ne doit surtout pas s’en priver ! » ajoute Jacques Benoit de GroupMobilisation.

« De plus, ce projet de loi trahit l'héritage des années 60 où la nationalisation de l'électricité a permis de faire de cette ressource un bien commun et non la propriété et l'usage de quelques-uns ! » ajoute Bruno Detuncq du groupe Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville.

« Il est très attrayant pour les entreprises privées de reprendre cette belle poule aux œufs d’or qu’est la production de l’électricité », déclare Claude Vaillancourt, président d’Attac Québec (Action citoyenne pour la justice fiscale, sociale et écologique). « Le cas documenté de la compagnie Brookfield  démontre la possibilité d’acquérir des infrastructures publiques de production d’électricité tout en étant la championne canadienne de l’évitement fiscal. Le gouvernement du Québec voudrait-il être le complice d’une pareille entourloupette : prendre le bien public et cacher les profits qui en résulteront dans les paradis fiscaux? »

Cette mobilisation de l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) du Nord de Montréal, GroupMobilisation (Gmob), Attac Québec, le Regroupement vigilance énergie.

* Le Front commun pour la transition énergétique soutient ses membres et allié·es qui ont organisé le rassemblement. Les affirmations de ce communiqué n'engagent cependant pas l'ensemble des membres du Front commun pour la transition énergétique.