L’autrice est députée du Bloc Québécois.
La démission de Justin Trudeau à titre de premier ministre confirme ce que beaucoup redoutaient : l’inaction climatique de son gouvernement a compromis l’avenir de notre planète.
Après presque dix ans de pouvoir, le bilan environnemental des libéraux est non seulement décevant, mais aussi incohérent et néfaste pour la lutte contre les changements climatiques. Et ce, malgré des promesses qui semblaient ambitieuses en 2015.
Mauvais coups
En 2015, Justin Trudeau laissait entendre que le Canada allait devenir un leader mondial dans la lutte contre les changements climatiques. Lors de son discours à l'ONU cette même année, alors qu'il avait les coudées franches pour agir, il a pris une direction diamétralement opposée. Au lieu de faire avancer la transition énergétique, il a choisi de privilégier les intérêts des pétrolières et de leur accorder un soutien sans précédent.
Parmi les mauvais coups notables, citons l'achat du pipeline Trans Mountain, la relance du projet Keystone XL (finalement rejeté par Joe Biden), ainsi que l'approbation de nouveaux projets, comme Baie du Nord, et l’assouplissement des permis d'exploration.
En fin de compte, Justin Trudeau a investi plus d'argent public dans les pétrolières que ses prédécesseurs conservateurs sous Stephen Harper. Et pourtant, malgré tous ces soutiens à l’industrie fossile, le Canada est le seul pays du G7 à voir ses émissions de gaz à effet de serre (GES) augmenter. Cela résume bien l’inaction et l'incohérence de ce gouvernement.
Les promesses non tenues
Les promesses de Justin Trudeau ont été systématiquement brisées. En 2015, il s’engageait à planter deux milliards d'arbres et à réduire les émissions de GES de 30 % d'ici 2030, par rapport aux niveaux de 2005.
Aujourd'hui, ces objectifs sont loin d’être atteints. La cible de plantation d'arbres est toujours hors de portée, et les émissions de GES stagnent, voire augmentent dans certains secteurs clés. De plus, les engagements à éliminer progressivement les subventions inefficaces aux énergies fossiles d'ici 2025 ont été ignorés.
Un gaspillage de fonds publics
Le gouvernement libéral a également misé sur des solutions coûteuses et inefficaces, comme le captage et le stockage du carbone (CSC). Malgré des milliards de dollars investis, ces technologies ont eu un impact minime. Elles n’ont capturé qu’une fraction des émissions de GES nécessaires, laissant les secteurs pétrolier et gazier polluer davantage. Ces fonds auraient été mieux investis dans le développement des énergies renouvelables, une vraie solution pour un avenir sans carbone.
La taxe carbone, souvent présentée comme un « bon coup », a eu un impact limité. Son taux initial était trop faible, et des exemptions ont été accordées aux industries les plus polluantes. Résultat : cette taxe n'a pas permis de réduire de manière significative les émissions de GES, et elle n’a pas suffi à stimuler une véritable transition énergétique.
Cette inaction climatique a des répercussions directes sur les citoyens canadiens. Les incendies de forêt, les vagues de chaleur extrêmes, les inondations et autres catastrophes naturelles se multiplient. Ces événements ont un coût humain et économique immense.
À l’échelle internationale, le Canada a échoué à respecter ses engagements en matière de réchauffement climatique, notamment pour limiter l'augmentation de la température à 1,5 °C, ce qui ternit notre image sur la scène mondiale.
Une victoire du Bloc
Bien que le bilan fédéral soit désastreux, il faut souligner les victoires du Bloc Québécois, qui a réussi à faire adopter des règlements sur les véhicules zéro émission aux Communes. Cette victoire est importante pour la transition énergétique et la lutte contre les changements climatiques, et pour moi qui l’ai rendue possible.
En 2024, les ventes de véhicules électriques ont explosé de 55 % au Québec et nous avons assisté à une augmentation significative du nombre de bornes de recharge installées au sein de différentes municipalités. Ces initiatives locales concrètes prouvent qu’une véritable transition énergétique est possible, et qu’avec des actions ambitieuses, nous pourrons réduire les émissions de CO2.
De plus, il y a eu quelques investissements positifs pour le climat et pour la protection des habitats et espèces. Il y a aussi eu une série de législations qui, par exemple, forcent le gouvernement à rendre des comptes sur ses actions climatiques de façon périodique.
On peut citer ici la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité qui prévoit la publication de rapports d’étape sur les actions entreprises pour réduire les émissions. Bref, tout n’est pas noir, il y a quelques zones de grises.
Un appel à l’action
Le gouvernement Trudeau a échoué à prendre les mesures nécessaires pour contrer le réchauffement climatique, et il est maintenant impératif de passer à l’action. Le Québec a montré la voie avec des initiatives locales ambitieuses, mais il est grand temps que le gouvernement fédéral adopte des politiques climatiques cohérentes, ambitieuses et courageuses.
Le départ de Justin Trudeau ne changera rien si le pays continue sur cette trajectoire. Il est crucial que le Canada abandonne la logique des subventions aux énergies fossiles et investisse massivement dans les énergies renouvelables. Nous avons les solutions, il ne manque que la volonté politique pour les mettre en œuvre.
Le Bloc Québécois, en collaboration avec les citoyens et les municipalités, continuera de porter la lutte pour un avenir plus vert, plus juste et plus durable. Il est urgent d’agir avant qu’il ne soit trop tard.