Alors que des décennies de luttes ont permis d’obtenir des avancées majeures pour les femmes, Pour les droits des femmes du Québec (PDF Québec) s’inquiète de plusieurs tendances actuelles qui constituent des menaces sérieuses pour ces acquis.

Rappelons d’abord la contestation judiciaire de la Loi 21 sur la laïcité au Québec qui met en péril l’égalité entre les sexes par sa remise en question du principe de neutralité de l’État. Cette loi vise notamment à protéger les femmes des pressions religieuses qui, historiquement, ont souvent servi à légitimer leur oppression. Son abolition constituerait un recul préoccupant pour l’émancipation féminine et pour l’intégration de toutes les femmes dans notre société.

À cela s’ajoute la légalisation de la grossesse pour autrui (GPA), qui ouvre la voie à une marchandisation du corps des femmes. Présentée comme un choix individuel altruiste, cette pratique favorise l’exploitation des femmes les plus vulnérables, ici et dans le monde, par une industrie globalisée qui rapporte des milliards de dollars. Les mères porteuses sont réduites à l’état de « fournisseuses » de bébés pour des tiers, au détriment de leur autonomie et de leur dignité. De plus, cette pratique encourage le trafic humain. Par exemple, des femmes sont traitées comme des esclaves, gardées enfermées comme du bétail et nourries avec des hormones pour vendre leurs ovules aux cliniques de fertilité.

À cela s’ajoute le fait que les enfants issus de GPA deviennent des marchandises qu’on peut « commander à la carte » et dont l’appropriation se fait par contrat, aussi désigné au Québec par l’euphémisme de « convention notariée ». Enfants que les clients qui les ont commandés peuvent aussi abandonner quand ils ne correspondent pas à leurs désirs.

Par ailleurs, un militantisme croissant en faveur de la décriminalisation totale de la prostitution constitue une autre menace. En légitimant cette industrie, on expose davantage de femmes à la violence et à l’exploitation sexuelle, plutôt que de chercher des solutions pour leur offrir de véritables solutions de rechange et voies de sortie.

Enfin, les luttes syndicales sont toujours aussi cruciales pour contrer la pauvreté et la précarité dont les femmes sont les premières victimes. En ces temps où les compressions se multiplient dans les secteurs de l’éducation, de la santé et dans les services de garde, une surveillance accrue de ce phénomène et la mobilisation sont toujours de mise.

Dans ce contexte où même le mot femme peut être effacé et invisibilisé, il devient essentiel de se le réapproprier afin de pouvoir nommer les inégalités et les violences basées sur le sexe que les femmes subissent, Et cela, en toute conformité avec l’article 10 de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne qui inclut la catégorie sexe et permet ainsi au sexe féminin de défendre son « droit à la reconnaissance et à l’exercice, en pleine égalité, des droits et libertés de la personne ».

En ce 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, nous aimerions rappeler que la préservation de nos droits dépend de notre engagement collectif, grâce aux sages paroles de Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »