Depuis janvier dernier, nous vivons une période de turbulence politique et économique, due au délire tarifaire de Donald Trump. Le monde entier fait face à une administration américaine en plein délire, qui crée sa propre réalité de la politique et de l’économie mondiale et qui, il faut le dire, met en déroute la plupart des gouvernements.
Pas facile de gérer au quotidien des relations avec le président du pays le plus puissant de monde, qui a décidé, sans le moindre respect pour ses interlocuteurs, de revoir toutes les façons de faire établies depuis des dizaines d’années afin de tout mettre à son avantage et à celui de ses amis milliardaires.
Et, surtout, de justifier tous ces changements par des mensonges et des demi-vérités. Pour certains analystes, ce serait la « recette Trump » : dire et faire une chose et son contraire, inonder les médias de déclarations de tout acabit, répéter tellement de faussetés qu’elles deviennent des vérités pour son auditoire, les tenants du « MAGA » (Make America great again), le tout sans le moindre respect des autres et de façon hargneuse, en prenant bien soin de démolir toute personne qui ose le contredire.
Une marche à tâtons
De notre côté de la frontière, tout le monde y va de sa recette pour faire face aux attaques et aux changements de cap répétés de l’administration Trump. On a entendu des politiciens et des analystes affirmer qu’il faut répondre dollar pour dollar aux tarifs douaniers de Trump, qu’il faut négocier au plus vite un nouvel accord de libre-échange Canada/États-Unis. Certains disent avec le Mexique, d’autres sans.
Notre « bon » premier ministre, M. Legault, s’était même avancé en disant publiquement où il était prêt à faire des concessions dans une éventuelle renégociation de l’accord commercial. Des élus de tous les niveaux de gouvernement sont allés rencontrer les élus américains pour leur livrer le message que les tarifs douaniers seraient tout aussi dommageables au peuple américain qu’au peuple canadien, espérant pouvoir influencer Trump.
Certains analystes plus pessimistes ont évoqué le fait que le Canada ne peut pas gagner dans un bras de fer économique contre les États-Unis. En fait, personne ne sait quelle est la solution au phénomène Trump. Tout le monde marche à tâtons.
Notre « bon papa » Legault
Malgré tout ce brouhaha, certains tentent de tirer profit de la situation. Comme le dit le proverbe, « à quelque chose malheur est bon ». Des politiciens au Canada ont su ou du moins ont essayé de tirer profit de tout ce tumulte. On n’a qu’à penser à Doug Ford, qui a déclenché une élection hâtive, prétextant avoir besoin d’un mandat fort pour faire face à Trump, alors qu’il n’a pas à y faire face, il n’est pas le premier ministre du Canada.
Le premier ministre Legault aimerait bien, quant à lui, que ce tumulte politique et économique fasse oublier à tout le Québec les échecs de son gouvernement en santé, en éducation, l’échec probable du projet Northvolt et sa mauvaise gestion des finances publiques, comme dans le cas de SAAQclic, pour n’en citer que quelques-uns. En fait, il aimerait bien redevenir notre « bon papa » Legault du temps de la pandémie.
Au niveau fédéral, les libéraux ont su tirer leur épingle du jeu et profiter des attaques de l’équipe Trump et de l’arrivée de Mark Carney pour se présenter comme le meilleur parti politique, qui saura défendre les intérêts du Canada et jusqu’à maintenant, ça fonctionne.
Il faut rendre à César ce qui appartient à César : le gouvernement du Parti libéral fédéral joue bien ses cartes. Tout ce beau monde de politiciens et politiciennes a été un peu opportuniste et c’est de bonne guerre. Comme je le dis souvent : reprocher à un politicien d’être opportuniste, c’est comme reprocher à un poisson de nager dans l’eau. Ça n’a pas de sens, c’est dans leur ADN de faire ça!
Pour ma part, ce n’est pas tellement l’opportunisme de nos élus que je crains, mais plutôt celui dont nos amis de la droite ne manqueront pas de faire preuve dans cette tourmente politique et économique. Et c’est déjà commencé!
Nos « amis » de la droite
On n’a qu’à se souvenir, lors des premières menaces tarifaires de Trump, que nos bons analystes de droite ont tôt fait de ramener dans le discours public qu’on n’aurait jamais dû enterrer les projets de pipeline et de port méthanier, que c’est une erreur que les gauchistes avaient faite et qu’il fallait vite ressusciter tous ces beaux projets.
J’ai également entendu, en entrevue, le représentant d’une association patronale réclamer au gouvernement, comme mesure d’aide pour ses membres, leur bonne vieille solution miracle : des baisses d’impôts et de taxes.
Nos bons médias ne sont pas en reste. J’ai lu un papier où on faisait mention que le gouvernement fédéral, pour faire face aux défis qui se présentent devant le Canada, devait assainir les finances publiques. L’article avait pour titre « Où le gouvernement du Canada pourrait couper pour faire des économies? » et on y proposait quelques pistes, comme l’abolition du régime de soins dentaires, l’abolition de la prestation canadienne pour les personnes handicapées, le remplacement du CELI pour l’achat d’une première maison par autre chose.
On y fait également mention que l’élimination graduelle du crédit d’impôt pour contribution à un fonds de travailleurs et le report de l’âge de la retraite de 65 à 67 ans sont deux mesures que le gouvernement Harper avait tenté de mettre en place, mais qu’elles avaient été annulées par le gouvernement Trudeau.
On reconnait là le bon vieux discours de droite simpliste qui se résume à « il faut couper! c’est la seule façon d’avoir de bonnes finances publiques ». Il ne faut surtout pas parler, par exemple, de l’idée que tout le monde paie sa juste part d’impôts, notamment en tentant d’éliminer l’évasion fiscale. En passant, à la lecture de cet article, je me suis demandé si ce n’était pas un publireportage pour le Parti conservateur de Poilièvre. Il semble que non.
Une seule certitude
Malheureusement, je crains fort que nous ne soyons qu’au tout début de tous ces vieux discours de droite. Je n’ose pas imaginer le Canada géré par un gouvernement Poilièvre. Ce serait comme confier une banque de sang à un vampire.
J’aimerais dire à tous ceux qui seront tentés par les politiques simplistes de droite que personne ne sait vraiment ce qui va se passer dans les prochains mois ou les prochaines années. Si Trump va au bout de son idéal économique, ça n’augure rien de bon pour l’économie québécoise et canadienne. Personne ne sait combien de temps peut durer une crise économique, que risque d’engendrer la politique économique trumpiste.
Les entreprises sont sans patrie et si, pour leur survie, elles doivent réduire leurs activités ou se relocaliser aux États-Unis comme le veut Trump, elles le feront. En fait, la seule certitude que nous avons, c’est que ce sont les travailleuses et les travailleurs qui en feront les frais.
Quand le malheur économique frappe la classe ouvrière, notre seule bouée, c’est l’espoir que l’État interviendra pour stimuler l’économie et que nous aurons un filet social fort pour nous soutenir le temps de la tempête. L’an 2025 marque le cinquième anniversaire de la pandémie, on se souvient tous des moments difficiles que nous avons collectivement passés.
Mes bons amis de la droite, n’oubliez pas que c’est grâce à l’intervention de l’État et à notre filet social que la pandémie a été moins pénible économiquement pour l’ensemble de la société, y compris pour vous.