L’auteur est l’ancien député de Roberval
Une des raisons invoquées par Gabriel Nadeau-Dubois pour délaisser ses fonctions de co-porte-parole de Québec Solidaire était qu’il était usé, notamment pas les dissensions internes et les remises en question répétées de son leadership. J’ai suivi de près son parcours ayant été député au Parti Québécois.
S’il y a une chose qui m’horripilait, c’était la hargne régulière de Québec solidaire envers le Parti Québécois qui avait tous les défauts.
Ça me choquait d’autant plus, que je faisais partie de ceux et celles qui croyaient nécessaire et porteur de réunir les deux partis. J’ai dû me rendre compte que c’était peine perdue, alors que QS ne manquait jamais une occasion de dénigrer le PQ qui pourtant, était le plus près idéologiquement de lui, tant en ce qui regarde l’indépendance que le progressisme.
La stratégie de QS était simple : Plus on dénigre le PQ, plus on recueillera son vote, comme si c’était automatique, par vase communiquant. C’était bien sûr plus compliqué que ça.
Pendant plusieurs années, certains membres de QS expliquaient que la lente progression du parti dans les intentions de vote, était liée principalement à leurs faibles moyens financiers, qui ne leur permettaient pas de faire connaître leur programme. Aussitôt le programme connu, il y aurait une grande vague de nouveaux adhérents. Tel ne fut pas le cas.
Quand le programme fut davantage exposé, on a constaté un plateau dans les intentions de vote. Lorsque plusieurs de vos propositions sonnent l’amateurisme et l’improvisation ça inquiète, plus que ça mobilise.
En politique, tout n’est d’ailleurs pas qu’une question d’argent. La preuve en étant la récente remontée du Parti Québécois. Avec seulement trois députés, sans vraiment d’argent, il a réussi à reprendre la tête dans les sondages. La politique, c’est beaucoup plus une question d’attitude et de crédibilité.
Le fait de répéter, régulièrement, comme je l’ai entendu maintes fois, que Québec solidaire était le seul parti vraiment démocratique, le seul parti du peuple, le seul qui soit vraiment préoccupé par l’environnement. Le seul qui défend les minorités, la justice sociale, la santé, l’éducation pour tous etc., somme toute : le seul parti parfait, alors que le peuple ne s’en aperçoit pas, cela doit surement user un peu.
Lorsque vous minez vous-même la marque de commerce de votre parti, par une absence de solidarité, comme on en a vu dans les deux dernières années et tout particulièrement le soir du résultat de l’élection partielle de Terrebonne, c’est votre crédibilité qui est entachée.
Si en plus, vous démontrez régulièrement votre antinationalisme, il ne vous reste plus beaucoup d’affinité avec le peuple.
D’autre part, lorsqu’on est le co-porte-parole et que l’on en vient à croire que nous sommes le seul qui connait le chemin vers la victoire, il faut rester modeste. Si vous mettez votre tête sur le billot en disant : « Vous m’appuyez ou je m’en vais », c’est risqué. Si en plus, la proposition qui devait vous relancer, n’a pas fait bouger l’aiguille des sondages et à même contribuer à un recul, ça doit user un peu aussi.
Comme plusieurs, je souhaiterais que tous les Québécois et Québécoises soient progressistes, mais tel n’est pas le cas et il faut en prendre acte. En politique, il vaut mieux proposer que critiquer, si l’on veut rassembler.
L’échec de Québec solidaire, n’est pas tant dans les valeurs, qu’il voulait mettre de l’avant, mais dans la manière de les présenter. Les Québécois et Québécoises n’aiment pas les donneurs de leçons. Le seul parti qui ne semble pas le savoir, c’est Québec solidaire.