Michel Chartrand était un ami de L’aut’journal. Il a tenu une chronique régulière dans les pages du journal et nous a soutenus financièrement à maintes reprises. On se souviendra du Bien-Cuit, au bénéfice de L’aut’journal au Medley, où plus de 1200 personnes sont venues, pour leur plus grand ravissement, écouter Pierre Bourgault, Émile Boudreau, Léo-Paul Lauzon, Jean-Guy Moreau, entre autres, « rôtir » Michel et la réponse tout aussi mordante de ce dernier. Le public avait aussi eu droit à une mémorable interprétation de la chanson De la main gauche par Marie-Claire Séguin.

Dans son livre Michel Chartrand, La colère du juste (Lanctôt éditeur, 2003), son biographe, Fernand Foisy, consacre de nombreuses pages à l’importance qu’accordait Michel à la présence d’une presse libre et indépendante.

Foisy écrit que Chartrand avait rapidement compris que « l’influence et l’importance des médias d’information, le quatrième pouvoir, et il constate que l’on n’est jamais si bien servie que par soi-même, car la presse capitaliste sera toujours la presse capitaliste. Elle ne diffusera que les informations qui ne risquent pas de nuire à son image et jamais elle ne donnera l’heure juste à la population ».

Le rôle du Conseil central

À cette époque, comme aujourd’hui, « la concentration des médias dans les mains de quelques grands propriétaires frise le monopole », rappelle Foisy.

Michel Chartrand, qui préside le Conseil central de Montréal, constate que « plus de 40 000 $ dorment dans les coffres du Conseil central de Montréal ». Une partie de cette somme servira de mise de fonds pour la création de Québec-Presse.

Il réunit chez lui, sur les bords de la rivière Richelieu, des gens du milieu de l’information qu’il a triés sur le volet, les convainc de la nécessité de « créer un journal populaire afin de contrer le type d’information véhiculée par les grands propriétaires des journaux à travers le Québec ».

Au terme de multiples réunions d’information, « la Coopérative des publications populaires est créée, avec l’appui de la CSN, de la CEQ et de la FTQ, sans oublier le Mouvement Desjardins. Le premier projet de la Coopérative consiste à éditer un journal : il portera le nom de Québec-Presse ».

Chartrand respecte l’indépendance de la presse

Malgré son rôle d’initiateur du projet, Chartrand « refuse d’accepter un poste au conseil d’administration. Il ne veut surtout pas que l’on accuse le Conseil central de Montréal et son président de vouloir diriger les destinées du nouvel hebdomadaire du dimanche, et encore moins l’information qui y sera diffusée. Au grand jamais, Michel Chartrand n’a tenté d’imposer ses points de vue et ses politiques au comité de rédaction ».

L’argent, toujours un problème

« Le gouvernement libéral, souligne Foisy, a donné des directives strictes à tous ses ministères, leur interdisant d’annoncer d’aucune façon dans Québec-Presse. »

Aussi, malgré un tirage fort respectable (35 000 exemplaires vendus par semaine pour les derniers numéros, tandis que le tirage atteint 85 000 exemplaires pendant la Crise d’octobre 1970), Québec-Presse n’en disparaîtra pas moins, tout juste après avoir franchi le cap de ses cinq ans, le 10 novembre 1974.

Comme ce fut souvent le cas dans l’histoire de Québec-Presse, L’aut’journal est dans une situation financière précaire. Nous vous invitons donc à vous abonner, adhérer aux AmiEs de L’aut’journal, acheter nos livres ou tout simplement faire un don.